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Proclamation
du prince Blücher, du 19 juin 1815.
Braves officiers et soldats de l'armée du Bas-Rhin, vous
avez fait de grandes choses, mes valeureux compagnons d'armes !
Vous avez livré deux batailles en trois jours. La première
fut malheureuse, et cependant votre courage n'a point été
abattu. Vous avez eu à lutter contre le besoin ; mais vous
l'avez supporté avec résignation. Inébranlables
dans vos revers, vingt-quatre heures après avoir perdu une
bataille sanglante, vous avez marché avec autant de fermeté
que de résolution pour en livrer une nouvelle ; pleins de
confiance dans le Dieu des armées, d'assurance dans la conduite
de vos chefs, bravant vos ennemis arrogants, parjures et ivres de
leur victoire, vous vous êtes portés au secours des
braves Anglais, qui ont soutenu avec une valeur invincible la lutte
la plus pénible. Mais l'heure décisive était
sur le point de sonner, et d'apprendre au monde qui devait avoir
le dessus, ou de l'ambitieux aventurier, ou des gouvernements pacifiques.
Le sort de cette journée était indécis, et
donnait de terribles inquiétudes, lorsque, sortant de la
forêt qui vous cachait, vous vous portâtes sur les derrières
de l'ennemi, avec la résolution et la noble confiance en
vos forces, qui conviennent à des soldats éprouvés,
pour tirer vengeance de l'échec que vous aviez éprouvé
quarante-huit heures auparavant.
Alors vous avez enfoncé les rangs de l'ennemi, frappé
de terreur, et vous avez poursuivi avec célérité
votre victorieuse carrière. Dans son désespoir, l'ennemi
vous a opposé son artillerie et ses armes ; mais la vôtre
a porté la mort dans ses rangs ; vos progrès l'ont
mis en désordre, et enfin complètement en déroute.
Il vous a abandonné plusieurs centaines de canons, et son
armée est dissoute.
Encore quelques jours d'efforts, et elle sera anéantie, cette
armée parjure, qui n'était en mouvement que pour subjuguer
le monde et le piller. Tous les grands généraux avoient
pensé jusqu'à présent qu'on ne pouvait livrer
de suite une nouvelle bataille avec une armée battue ; vous
avez prouvé que cette opinion n'était pas infaillible,
et que des guerriers braves et expérimentés pouvaient
être vaincus, mais que leur courage ne se laissait point abattre.
Recevez tous mes remerciements, invincibles soldats, mes estimables
compagnons d'armes. Vous vous êtes fait un grand nom. Aussi
longtemps que l'histoire existera, elle conservera le souvenir de
vos exploits. C'est sur vous, colonnes inébranlables de la
monarchie prussienne, que repose avec sûreté le bonheur
de votre Roi et de sa maison. Jamais la Prusse ne périra,
si vos fils et vos neveux vous ressemblent.
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