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Il
résulte du rapport fait à M. le Duc de Feltre par
un officier supérieur venu de Lille, et sur l'exactitude
duquel on peut compter, qu'en effet le 1er corps d'armée,
commandé par le comte d'Erlon, était de quatre divisions
d'infanterie, et de deux divisions de cavalerie. Il occupe les places
et tout l'espace depuis Lille jusqu'à Dunkerque.
La 1ere division, la 2e et la 3e sont composées de quatre
régiments d'infanterie chacune ; la 4e division n'a que trois
régiments ; chaque régiment n'a que 1000 hommes d'infanterie
: cela fait donc 15.000 hommes.
La 1re division est, à ce que l'on croit, sous le commandement
du lieut.-général Alix, homme très hardi et
habile à manier son artillerie car il a servi dans cette
arme ; du reste, c'est un homme dont la tête est volcanisée,
et d'un caractère violent.
La 2e division est commandée par le lieut.-général
Donzelot, qui n'était point encore arrivé à
Lille le 25. Cette division, comme la précédente,
est partagée en deux brigades ; la 1re, composée du
17e de ligne et du 13e d'infanterie légère, est sous
le commandement du Mal.-de-camp Schmitz, qui est un Illyrien, et
dont la bravoure passe pour être un peu équivoque.
Le 17e de ligne occupait le 25 du courant Armentières et
Bailleul ; le 13e léger occupait Cassel et Steinworde. Le
lieut.-général Donzelot, qui a été successivement
en Egypte et à Corfou, n'est pas entreprenant à la
guerre : c'est un homme de bureau. La 2e brigade est composée
des 19e et 47e régiments de ligne, qui étaient le
25 du courant à Lille.
La 3e division est, à ce qu'on croit, commandée par
le lieut.-général Marcognet, ancien gentilhomme, grand
joueur, et adonné à la boisson ; ses talents sont
médiocres ; on le croit disposé favorablement pour
le Roi.
La 4e division est commandée par le lieut.-général
Durutte, qui était à Arras le 25 ; on vient d'ôter
ce général de Metz. Buonaparte et le Prince d'Eckmühl
se défient de lui : il est en effet porté pour le
Roi.
Les régiments qui composent la 1re, 3e, et 4e divisions sont
tous de ligne ; on ignore leur classement dans chacune de ces divisions,
mais voici leurs numéros : les 8e, 21e, 25e, 28e, 29e, 42e,
43e, 45e, et 51e, qui est à Dunkerque : quant au dernier
des 15 régiments, c'est ou le 79e ou 86e.
Les deux divisions de cavalerie sont de trois régiments chacun.
On croit cependant que l'une de ces divisions est de quatre régiments
: chacun d'eux est tout au plus de 300 hommes. Les lieut.-généraux
qui devaient commander ces divisions n'étaient pas arrivés
le 25 : le 3e régiment de chasseurs, qui était à
Lille et à Bailleul le 25, est l'un des plus forts de cette
division. Il s'y trouve le 3e et le 4e régiments de lanciers
: le 3e était le 25 à Wormhout : on n'est cependant
pas certain que le 4e régiment soit resté dans cette
division, et qu'il n'ait pas été dirigé vers
Valenciennes ou Maubeuge.
Le 6e régiment d'artillerie à pied a deux compagnies
à Lille : elles sont de 50 hommes chacune. Les 18 autres
compagnies du régiment doivent être à Dunkerque,
Gravelines, Douai, Arras, et dans les autres places de Flandre.
Il y a à Lille un escadron du 1er régiment d'artillerie
à cheval.
Le 1er régiment de dragons a passé à Lille
il y a 7 ou 8 jours : il n'avait que 300 chevaux.
Le 12e régiment de cuirassiers est, dit-on, du côté
de Douai ; il n'avait que 200 chevaux flamands très mauvais.
On croit les 66e et 77e régiments de ligne à Valenciennes.
Maubeuge était occupé il y a deux ou trois jours par
le 89e régiment d'infanterie, très disposé
pour Buonaparte, et par le 62e, qui est assez porté pour
le Roi. Il n'y avait que 31 canons sur les remparts, dont quelques
uns sans affûts.
Le régiment qui est à Avesnes est dans d'assez bonnes
dispositions pour le Roi. On dit que le 4e régiment de cuirassiers
vient en Flandre : ce corps et son colonel, M. Dujon, sont bien
disposés pour le Roi. Le 5e de chasseurs, qui est, soit dans
les environs de Lille, soit dans les environs de Valenciennes, est,
dit-on, dans un fort mauvais esprit.
Ces renseignements, quoique imparfaits, méritent confiance,
parce qu'ils viennent de bonne source. M. le Duc de Feltre s'empresse
en conséquence de les communiquer à S.E. M. le Duc
de Wellington, et désire que son Excellence les trouve de
quelque utilité.
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d'Erlon, |
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