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Notes
Historiques (1)
Les Celtes habitaient les contrées Belgiques, avant qu'elles
fussent connues sous ce nom, avant que les Belges, issus des peuples
Scythiques qui occupaient la Germanie, eussent passé le Rhin
qui défendait l'entrée des Gaules : on ignore et on
ignorera longtemps encore l'époque et les circonstances de
cette première immigration.
On ignore également en quel siècle les descendants
des Scythes, les Belges, sortirent de la Germanie, chassèrent
les Celtes et s'établirent dans cette partie des Gaules ;
mais on est fondé à croire que l'établissement
des Belges remonte au delà des temps où les Gaulois
allèrent former dans l'Asie mineure, l'établissement
de la Galatie : les victoires remportées par les Belges sur
les Cimbres et les Teutons, lors de leur invasion dans les Gaules
vers l'année 112 avant l'ère chrétienne, viennent
à l'appui de cette opinion que nul événement
constaté d'ailleurs ne combat et ne prouve être erronée.
Les contrées Belgiques, qui avaient alors une étendue
qu'elles sont loin d'avoir aujourd'hui, étaient habitées
par des peuples de noms différents. La partie formant aujourd'hui
le département de la Lys, l'était : 1° par les
Morins qui occupaient les châtellenies d'Ypres et de Furnes,
ainsi que le doyenné de Dixmude, 2° par les Ménapiens
qui occupaient le reste de la côte de Flandre et les bords
de l'Escaut.
Les Ménapiens et les Morins n'avaient point de villes lorsque
César les soumit ; ils habitaient la campagne. Ils en eurent
par la suite : les Ménapiens, celles de Tournay et de Courtray,
les Morins, celles de Terouenne et de Cassel.
Le pays qu'habitaient ces deux peuples était couvert de forêts
et de marais dans lesquels ils se réfugièrent à
l'approche des Romains et se défendirent longtemps. Le reste
des Gaules s'était déjà soumis à César,
que les Ménapiens et les Morins conservaient encore au milieu
de leurs bois, de leurs marais, leur liberté et la forme
de leur Gouvernement.
Les Ménapiens étaient, par leur situation, un peuple
maritime ; ils s'adonnèrent de bonne heure et avec succès
à la navigation. L'agriculture n'était point négligée
chez eux ; ils connaissaient l'usage de la marne ; ils nourrissaient
une quantité immense de bétail de toute espèce,
dont la laine fabriquée, dont la chair salée et fumée,
formaient une branche de commerce qui s'étendait jusque dans
l'Italie.
Les Morins n'étaient point navigateurs comme leurs voisins.
Ils se plaisaient à l'ombre des forêts et s'appliquaient
à la culture des arbres : dès les premiers temps de
la domination romaine, ils parvinrent à naturaliser chez
eux le beau platane d'Asie. Ils ne nourrissaient point de bétail,
mais une incroyable quantité d'oies dont ils formaient des
troupeaux qu'ils allaient vendre en Italie.
Les Belges descendants des Scythes, peuples qui, après avoir
quitté l'Asie, leur patrie, vinrent s'établir dans
la Germanie, les Belges, dis-je, conservèrent les institutions
et la forme de gouvernement des Germains.
Le chef, ou Magistrat suprême décoré du titre
de Prince ou de Roi, exerçait un pouvoir limité :
la nation choisissait ce chef dans les familles nobles.
La valeur au contraire déterminait l'Election du général.
La dignité Royale, le commandement militaire n'étaient,
dans le principe, que des charges annuelles ; lors de la conquête
des romains, elles étaient, déjà perpétuelles.
Les assemblées nationales, dans lesquelles la souveraine
puissance paraissait résider, étaient composées
des nobles et des représentants du peuple. Dans ces assemblées,
la nation procédait à l'élection des juges
et des magistrats charges d'administrer la justice et de veiller
à la sûreté publique, dans chaque district ou
Pagus. Ces juges étaient choisis dans la classe des nobles
exclusivement ; mais on adjoignait à chacun d'eux, cent personnes
prises dans la classe du peuple, pour l'aider de leurs conseils
et faire respecter ses décisions.
Ces magistrats subalternes tirés de la classe du peuple étaient,
à ce qu'il parait, ses représentants dans les assemblées
nationales : en temps de guerre, chacun d'eux commandait une compagnie
de cent hommes.
Les Belges avaient leurs prêtres, comme les Gaulois, leurs
druides ; mais rien n'annonce que les premiers aient été
aussi absolument que les derniers, asservis sous le despotisme sacerdotal.
Ce fut dans le courant de l'année 57 avant la naissance de
Jésus-Christ, que les armes romaines parurent pour la première
fois dans la Gaule Belgique. César, dans les deux premières
campagnes, soumit toutes les nations qui l'habitaient, les Morins
et les Ménapiens exceptés : les premiers ne reçurent
le joug que dans la campagne suivant et les derniers lui résistèrent
jusqu'en l'année 53 avant l'ère chrétienne.
La Gaule Belgique paraît avoir conservé la forme de
son Gouvernement jusqu'en l'an 26 avant la naissance de J. C., époque
à laquelle Auguste la divisa en provinces. Par cette division,
les Morins et les Ménapiens furent compris dans la Province
de la seconde Belgique.
Après la décadence de l'Empire Romain, les Belges
reconnurent plusieurs souverains, dont les plus puissants ne tardèrent
point à déclarer la guerre pour s'emparer des Etats
des plus faibles. En 1383, les Ducs de Bourgogne avaient la souveraineté
de la presque totalité des Provinces Belgiques.
Elles passèrent à la Maison d'Autriche, parle mariage
de Marie, fille de Charles le Hardi, duc de Bourgogne, avec Maximilien
archiduc d'Autriche , depuis empereur ; puis à la branche
espagnole, par la division de l'Empire que fit Charles Quint en
1556. En 1580, les sept provinces septentrionales cessèrent
de reconnaître le roi d'Espagne pour souverain et formèrent
une république sous le nom de Provinces-Unies , maintenant
la République Batave.
Par le traité d'Utrecht , en 1713, les Pays-Bas passèrent
sous la domination de la branche allemande, qui les gouverna jusqu'en
l'an 2, époque de la conquête par les armées
françaises.
Ils furent réunis à la République par la Loi
du 9 vendémiaire an 4.
Les Pays-Bas et la Flandre surtout, ont été constamment
le théâtre de la guerre, du pillage et de la dévastation.
Les Vandales, en 407, y mirent tout à feu et à sang
; en 451 Attila ruina et brûla presque toutes les villes ;
enfin les Normands, dans les irruptions qu'ils firent en 836 et
880, laissèrent de leur séjour des traces non moins
cruelles. Le remède à ces maux que chaque guerre renouvelait,
ne pouvait se trouver que dans la réunion des Pays-Bas à
un Etat puissant déjà et assez voisin pour pouvoir
les défendre efficacement : cette réunion a été
prononcée ainsi que je l'ai dit plus haut, par la loi du
9 Vendémiaire an 4 ; elle a été confirmée
par le traité de paix signé à Lunéville
le 20 Pluviôse an 9, par les ministres plénipotentiaires
de la République française, et de Sa Majesté
l'Empereur d'Allemagne.
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