|  | Dissertation 
              sur cette capitale.  
               (…) 
              François Ier, régénérateur des Lettres et des beaux Arts, s’attacha 
              à tout ce qui pouvait contribuer à l’agrément de cette Capitale. 
              Il fit percer plusieurs rues, abattre plusieurs édifices gothiques 
              et, le premier en France, fit revivre l’architecture grecque, dont 
              les restes, enfouis par la main du Temps, ou mutilés par celle des 
              Barbares, recueillis, comparés, commençaient, à Rome, à féconder 
              le génie de ces artistes célèbres dont cette ville se glorifie. 
                Les 
              Rois, ses successeurs, ont exécuté une partie des projets de ce 
              Prince ; et cette immense ville quitte insensiblement sa physionomie 
              irrégulière et gothique ; c’est à Louis XIV, à Louis XV, et 
              au prince bienfaisant qui nous gouverne, que nous devons les monuments 
              les plus beaux et les plus utiles don t la Nation française puisse 
              se prévaloir.   Les 
              ponts enfin débarrassés des maisons qui obstruaient la route et 
              le courant d’air, des projets adoptés pour construire de nouveaux 
              ponts, pour dégager le rivage de la Seine, des masures incommodes 
              qui le déshonorent, répandront la lumière et la salubrité dans ces 
              quartiers obscurs et humides, embelliront le centre de Paris, faciliteront 
              le commerce, en contribuant à la santé des habitants, et assureront 
              à cette ville la supériorité sur toutes les capitales de l’Europe. 
                L’immensité 
              de son étendue et de sa population, son commerce, ses édifices, 
              ses théâtres, la magnificence de ses jardins, ses académies célèbres, 
              ses riches bibliothèques, ses écoles, ses cabinets curieux, où les 
              leçons du savoir et du génie s’offrent, pour ainsi dire, d’elles-mêmes 
              aux amateurs, lui ont mérité depuis longtemps l’admiration des peuples 
              civilisés.   Elle 
              est percée d’environ 1000 rues, qui sont éclairées par un nombre 
              suffisant de réverbères ; on y compte 46 églises paroissiales, 
              et 20 autres églises qui en remplissent les fonctions, 3 abbayes 
              d’hommes, 8 de filles, 133 monastères ou communautés séculières 
              ou régulières d’hommes ou de filles, 15 séminaires, 10 collèges 
              de plein exercice, 26 hôpitaux, 45 égouts et 65 fontaines, 12 marchés, 
              3 arcs de triomphe, cinq statues colossales dont quatre équestres 
              et une pédestre, etc.   D’après 
              un tableau exact dressé depuis peu par un homme digne de foi, et 
              qui a travaillé longtemps dans les bureaux de la Capitation, il 
              résulte que le nombre des habitants de cette ville se monte, y compris 
              les étrangers, à 1.130.452, dont 780.452 paient la capitation, 200.000 
              sont exempts pour cause de pauvreté ; les étrangers sont au 
              nombre de 150.000.  (Note : 
              Il s’y consomme tous les ans deux cents vingt huit mille rames de 
              papier. On y compte 200 mille domestiques. Que d’esclaves ! 
              Je voudrais connaître le nombre des domestiques qui ne servent que 
              pour l’opinion, le nombre des chevaux qui portent ceux qui peuvent 
              aller à pied, le nombre des Abbés sans bénéfices, qui ne remplissent 
              aucune fonction sacerdotale ; enfin, de tous ceux qui vivent 
              sans travail et sans revenu. Quelle étonnante clarté, quel bien 
              ne produirait pas un exact dénombrement !)   Charles-Quint 
              disait de son temps : Lutetia non urbs, sed orbis. Paris 
              n’est pas une ville, mais un univers. Que dirait-il donc aujourd’hui ! 
              Mais la multitude étonnante de tant de choses et d’individus réunis, 
              surprennent bien moins le philosophe, que l’harmonie et le bon ordre 
              qui y règnent : on peut dire que la police de cette ville est 
              le chef-d’œuvre de la prudence humaine.   Vingt-six 
              corps de garde, placés en différents endroits de cette ville, cent 
              soixante hommes du Guet à cheval, six cent quarante du Guet à pied, 
              veillent jour et nuit à la sûreté des habitants ; de plus, 
              deux cents vingt-six hommes sont destinés à la garde des ports, 
              et sont munis de tous les remèdes qu’il est nécessaire d’administrer 
              aux noyés, établissement qui fait honneur à notre siècle.  
               La 
              ville de Paris se divise ordinairement en trois parties, la Cité, 
              l’Université et la Ville. La Cité comprend toute l’île 
              du Palais ; elle est la souche de la ville, d’où se sont étendus, 
              comme des racines, les nombreux quartiers qui l’entourent. 
                L’Université 
              est bornée par la Seine, les fauxbourgs St-Bernard, St-Victor, St-Marcel, 
              St-Jacques et le fauxbourg St-Germain ; c’est le centre de 
              l’érudition. Les nombreux collèges que renferme cette partie de 
              la ville, la multitude des étudiants qui l’habitent, l’ont fait 
              appeler le pays latin. (1)   (1) 
              On assure que, pour la commodité des habitants des autres quartiers, 
              on se propose d’y établir un certain nombre de collèges.  
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