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THOLOSÉ (le général).
M. le général Tholosé, grand officier de la
Légion-d'Honneur et commandant de l’École polytechnique,
est un des hommes qui ont suivi sans déviation une carrière
toute militaire, et sont restés constamment étrangers
aux agitations politiques. Soldat par instinct et par éducation
(1), il a constamment rempli avec zèle et conscience les
divers emplois qui lui ont été confiés. Né
en 1782, il fit d'abord des études fortes, et devint l'un
des élèves distingués de l’École polytechnique,
d'où il passa à l’École de Metz, et fut en
1802 nommé officier du génie. Il fit en cette qualité
la campagne d'Allemagne en 1807, et se fit remarquer au siège
de Dantzig, où son frère trouva une mort glorieuse.
Il fut ensuite aide de camp du maréchal Soult, et se distingua
en 1811 par sa brillante conduite à la bataille de la Gébora
(Espagne - 19 février 1811). Devenu plus tard colonel d'état-major
et officier général, il gagna tous ses grades et toutes
ses décorations à la pointe de son épée,
sans jamais avoir été l'objet d'aucune espèce
de faveur.
Renfermé dans la spécialité de ses commandements
pendant les quinze années de la Restauration, le général
Tholosé ne rechercha point les faveurs de la cour ;
il ne les sollicita pas davantage après la révolution
de 1830 ; mais le maréchal Soult, étant arrivé
au pouvoir, se souvint de son ancien aide de camp, et l'appela en
1831 au commandement de l’École polytechnique.
Dans ce poste difficile, au milieu des circonstances graves où
bien des intérêts ont été froissés,
le général Tholosé s'est acquis l'affection
de ses jeunes subordonnés et l'estime générale,
quoique l'on soit en droit de lui reprocher d'avoir parfois exécuté
trop passivement les ordres ministériels.
(1)
M. le général Tholosé reste maintenant seul
de six militaires de son nom, qui tous servaient en même temps
dans le corps du génie, et dont cinq ont succombé
par le fait de la guerre; son père, trois frères et
un cousin germain.
Son père, général du génie, et son frère
aîné sont morts le même jour de la fièvre
jaune à Saint-Domingue en 1802, lors de l'expédition
du général Leclerc. Le général Tholosé
père était parti pour cette expédition lointaine,
quoique âgé de soixante-sept ans et ayant quarante
ans de service.
M. Tholosé a eu en outre un frère tué au siège
de Dantzig en 1807; un second, dont le corps fut perclusà
la suite des froids de la campagne de Russie, et un cousin germain,
qui, après avoir bien mérité de ses chefs à
Saint-Domingue, et avoir échappé aux dangers de cette
expédition, vint recevoir la mort aux côtés
du maréchal Ney dans la retraite de Krasnoé (Russie).
Peu de familles ont aussi largement payé leur dette à
la patrie. |
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