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Dernière modification le 21 mars 2006.

Suard

Suard (Jean-Baptiste-Antoine), homme de lettres français, Né à Besançon le 15 janvier 1732.
Alors qu'il n'est âgé que de dix-sept ans, il est emprisonné à l'île Ste-Marguerite, à la suite d'un duel dont il est témoin, et dans lequel un officier est tué. Libéré au bout de dix-huit mois, il se rend à Paris, pour y "cultiver les lettres". Il y fréquente les milieux et salons littéraires, et entreprend avec l'abbé Arnaud le "Journal étranger", puis est chargé par le duc de Choiseul de la rédaction de la Gazette de France. Après la disgrâce de Choiseul, Suard et Arnaud reprennent le Journal étranger, sous le nom de Gazette littéraire de l'Europe. Suard traduit des ouvrages anglais, dont l'Histoire de Charles-Quint de Robertson, qui obtient un grand succès. Elu à l'Académie française en 1772, son élection, qui n'est pas approuvée par le roi, est cassée. Mais il sera réélu en 1774.
Grimm écrivait de lui à cette époque : "Il est peu d'hommes de lettres plus capables aujourd'hui que lui de partager utilement les travaux de l'académie. Il est rare d'avoir l'esprit plus fin, le goût plus exercé, une connaissance plus parfaite des ressources et des difficultés de notre langue."
Suard exerce aussi les fonctions de censeur royal, et en cette qualité, il oppose son veto aux représentations du Mariage de Figaro.
En 1775, il épouse Amélie Panckoucke, l'éditeur de l'Encyclopédie méthodique.
Il accueille assez favorablement la Révolution à ses débuts, et rédige un journal monarchique "les Indépendants"; obligé de se terrer pendant la Terreur, il reprend la plume du journaliste après thermidor, et il collabore aux "Nouvelles politiques, nationales et étrangères", un journal de tendance royaliste, ce qui lui vaut d'être proscrit au 18 fructidor.
Il revient en France après le 18 brumaire et devient rédacteur du Publiciste. Le 20 février 1803, il est nommé secrétaire perpétuel de l'Académie française, qui vient d'être réorganisée.
En 1804, il encourt la colère de Napoléon pour un article inséré dans le Publiciste, et il renonce dès lors au journalisme.
Il meurt à Paris en juillet 1817.

  Dictionnaire historique, critique et bibliographique, Paris 1823 :  
 

(…)
Suard embrassa les principes de la révolution avec ardeur ; mais son esprit juste, son âme honnête, son caractère modéré lui en firent détester les excès. Il entreprit un journal intitulé : Nouvelles politiques, qui le fit proscrire en septembre 1797. Il fut obligé de sortir de France. Lorsqu'il y rentra, quelque temps après, il concourut à la rédaction du Publiciste, et ne cessa d'y travailler que pour se mettre à l'abri de la colère de Napoléon, qui avait éclaté en menaces contre lui à l'occasion d'un article qui lui avait déplu. Celui-ci n'aimait pas Suard, et demandait, dit-on, plaisamment s'il était toujours secrétaire perpétuel de l'académie. Suard avait succédé dans cette place à Marmontel, mort en 1799. Il donna dans ce poste des preuves constantes de la pureté de son goût et de l'étendue de ses connaissances littéraires. Suard conserva un esprit sain jusqu'à sa mort arrivée en juillet 1817.

 

 

  Biographie universelle (Michaud) 1854, tome 40 :  
 

(…)
Certes, Suard n'avait nul penchant pour le gouvernement absolu ; il aimait la liberté, mais il détestait la licence, irréconciliable ennemie de la liberté. Le mot seul de révolution lui faisait horreur ; et, dès qu'il le put, il attendit dans la retraite le retour d'un régime moins violent. Il reprit alors cette plume courageuse, consacrée au soutien de l'équité, de la raison et du goût, et mérita d'honorables persécutions. Poursuivi au 13 vendémiaire (1795), proscrit au 18 fructidor (1797), il fut forcé de quitter la France, pour avoir souhaité d'y voir rappeler tous les Français. Il revint sous le gouvernement consulaire, croyant pouvoir professer ses opinions politiques. En effet, on chercha d'abord à le gagner ; on le distingua, on le caressa. Les caresses, les menaces ne pouvaient rien sur lui. Il avait pressenti les tendances du nouveau gouvernement. "Votre Tacite, dit un jour Bonaparte à Suard, n'est qu'un déclamateur, un imposteur qui a calomnié Néron … oui, calomnié, car enfin, Néron fut regretté du peuple. Quel malheur pour les princes qu'il y ait de tels historiens ! – Cela peut-être, répliqua Suard ; mais quel malheur pour les peuples s'il n'y avait de tels historiens pour retenir et effrayer les mauvais princes !" L'espérance de gagner Suard ne fut pas sitôt abandonnée par le gouvernement d'alors. On lui écrivit une lettre où, après quelques précautions oratoires, on lui disait que l'opinion publique s'égarait sur deux faits : la mort du duc d'Enghien et le procès du général Moreau ; qu'il était essentiel de la redresser dans les journaux et que le chef du gouvernement verrait avec plaisir, et même avec reconnaissance, que Suard, dans le journal politique (le Publiciste) dont il était propriétaire, aidât à ramener cette opinion publique égarée… Voici quelques mots de la réponse de Suard, fidèlement transcrits de l'original : "J'ai soixante treize ans, monsieur ; mon caractère ne s'est pas plus assoupli avec l'âge que mes membres. Je veux achever ma carrière comme je l'ai parcourue. Le premier objet sur lequel vous m'invitez à écrire est un coup d'Etat qui m'a profondément affligé, comme un acte de violence qui blesse toutes mes idées d'équité naturelle et de justice politique. Le second motif du mécontentement public porte sur l'intervention notoire du gouvernement dans une procédure judiciaire soumise à une cour de justice. J'avoue encore que je ne connais aucun acte du pouvoir qui doive exciter plus naturellement l'inquiétude de chaque citoyen pour sa sûreté personnelle. Vous voyez, Monsieur, que je ne puis redresser un sentiment général que je partage. " Cette réponse ne provoqua pas immédiatement la suppression du Publiciste, qui n'eut lieu qu'en 1810 ; mais elle en fut sans doute la véritable cause. Il dut en coûter beaucoup à Suard pour cesser d'être journaliste. Le tour ingénieux de son esprit le rendait très propre à cette espèce de ministère public, si utile dans les mains d'un écrivain homme de bien.

 


 

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