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Schulmeister

     

 

Biographie universelle (Michaud), Nouvelle édition, tome 38, Paris et Leipzig, pp. 461-463.

   
 

SCHULMEISTER (CHARLES), l'un des agents de police les plus habiles qu'ait eus Napoléon, prit une grande part aux intrigues qui, dans beaucoup d'occasions et surtout en Allemagne, accompagnèrent ses victoires. Né en Alsace, le 13 août 1770, il était fils d'un sous-intendant, qui le fit entrer à quinze ans, comme cadet, dans les hussards de Conflans ; mais il quitta presque aussitôt le service pour achever ses études, et, en 1788, il devint actuaire au bailliage de Kork, sorte de secrétaire chargé de dresser les actes publics. Cet emploi ne pouvant convenir à son activité turbulente, il le garda peu de temps et se livra à l'agriculture. En 1792, il épousa la fille du directeur des mines de Ste-Marie, et, quelques années après, profitant du désordre qui régnait en France, il se mit à faire la contrebande, industrie dangereuse, mais lucrative, qu'il exerça bientôt sur une grande échelle. Lui-même ne cachait pas que, avant d'être observateur militaire, il avait été chef de contrebandiers, et il disait que la contrebande et la police se ressemblent beaucoup. A ce métier périlleux il posa les premières bases d'une fortune qui, par des moyens aussi peu honorables, devait s'accroître considérablement dans la suite. En 1800, il alla à Strasbourg établir une manufacture ; mais il est à croire que le commerce ne l'absorba pas assez pour qu'il ne pût déjà s'occuper d'espionnage en Allemagne et sur le Rhin. Ce ne fut néanmoins qu'au commencement de l'empire qu'on le vit s'y livrer d'une manière exclusive. Venu à Paris en 1804, il fut présenté par l'aide de camp Rapp, son compatriote, à Napoléon, qui lui conféra un grade dans l'armée et l'attacha à Savary, dès lors suprême directeur de la police militaire. Cette faveur nous paraît la preuve évidente que déjà il avait eu occasion de montrer son intelligence en cette matière. Napoléon aimait surtout les caractères fins et rusés, les dévouements aveugles, et Schulmeister, réunissant au plus haut degré ces deux avantages, fut dès ce moment le plus habile et le plus discret agent de sa police. Il serait impossible de dire toutes les missions de confiance dont il fut chargé, parce qu'elles furent toujours très secrètes. La nature de celle qu'il remplit, à l'ouverture de la campagne de 1805, auprès de Mack, assiégé dans Ulm, est restée inconnue ; on sait seulement qu'il pénétra dans la place par une poterne, sous un déguisement, et qu'il eut plusieurs conférences avec le général autrichien, lesquelles contribuèrent beaucoup à l'inexplicable capitulation. Là, certainement, ne dut pas se borner son action sur l'armée autrichienne, dont il parlait parfaitement la langue. « Chargé de remettre une lettre à un personnage important, dit Cadet-Gassicourt dans son Voyage en Autriche, Schulmeister passa chez l'ennemi comme bijoutier, muni d'excellents passeports et portant avec lui une riche collection de diamants et de bijoux ; mais il fut vendu, arrêté et fouillé. Sa lettre était dans le double fond d'une boîte d'or. On la trouva et on eut la sottise de la lire tout haut devant lui. Jugé et condamné à mort, il fut livré aux soldats qui devaient l'exécuter ; mais il était nuit et l'on remit son supplice au lendemain. Alors il reconnaît, parmi ceux qui le gardent, un déserteur français, cause avec lui, le séduit par l'appât du gain, fait venir du vin, boit avec son escorte, glisse de l'opium dans la boisson, enivre ses gardes, prend un de leurs habits, s'échappe avec le Français, et, avant de rentrer, trouve le moyen de prévenir celui pour qui était la lettre saisie, de ce qu'elle contenait et de ce qui lui était arrivé. « Ce récit a un peu l'air d'un roman, ajoute Cadet-Gassicourt ; il m'a été attesté par vingt officiers supérieurs, qui reconnaissent que, dans ce genre, on n'avait jamais trouvé un homme plus adroit. » Nous ignorons si tous ces détails sont exacts; mais ce qui est sûr, c'est que, fait prisonnier par les Autrichiens, Schulmeister parvint à s'échapper. Après la prise de Vienne, Napoléon le nomma commissaire général de la police de cette capitale, et on lui doit cette justice, qu'il sut y maintenir la tranquillité et le bon ordre durant toute l'occupation, bien qu'il n'eût à sa disposition que trente-quatre gendarmes d'élite. Il est vrai qu'il inspirait une grande terreur aux habitants de cette paisible cité. Après la paix de Presbourg, il se retira dans son domaine de Meinau, près de Strasbourg ; mais la campagne de Prusse le rappela bientôt à l'armée, et ce fut sans doute pour mieux observer et mieux agir qu'il reçut le commandement d'un petit corps d'avant-garde, formé d'une partie du 1er de hussards et du 7e de chasseurs à cheval. Après la bataille de Warren, dans le Mecklenbourg, où il assista, il reçut l'ordre de poursuivre le général Usedom, puis de s'emparer de Wismar. La manière dont il prit cette ville mérite d'être racontée. Escorté de sept hommes, il s'avance au milieu de la nuit, surprend le poste qui gardait la porte, le désarme, contraint à se rendre quinze officiers et quelques centaines de Prussiens, qui formaient la garnison, et Wismar est en son pouvoir. Attaqué par un escadron de hussards, lui et ses sept hommes le repoussent et font prisonniers le commandant et 20 soldats. Le lendemain matin, Savary, à la tête de 50 hommes de cavalerie, marche contre le corps d'Usedom, fort de 3.000 hommes, avec une bonne artillerie, et ce général met bas les armes presque sans combattre. De Wismar, Schulmeister s'avance sur Rostock, suivi de 23 hussards ; il en prend possession et s'empare de 18 navires qui se trouvaient dans le port. Ces avantages presque incroyables furent dus plus encore aux habiles séductions de cet homme qu'à sa valeur militaire. On sait que dans cette rapide campagne, comme dans celle d'Autriche, l'art de la guerre n'assura pas seul la victoire, et que la reddition des principales places de la monarchie prussienne ne fut pas moins le résultat des négociations secrètes que de la force des armes. Schulmeister contribua beaucoup à ce genre de succès. Il fut ensuite envoyé au siège de Dantzig, et, après la capitulation de cette ville, il vint rejoindre la grande armée au moment où s'ouvrait la seconde campagne de Pologne. Il assista aux batailles d'Heilsberg et de Friedland avec les fusiliers de la garde, sous le commandement de Savary, qui dès lors était son véritable chef sous tous les rapports. Le lendemain de l'occupation de Kœnigsberg (16 juin 1807), il en fut nommé commissaire général, fonctions qu'il remplit jusqu'à la paix de Tilsitt. L'année suivante, à l'entrevue d'Erfurt, il fut chargé de diriger la police et de veiller à la sûreté des deux souverains. Durant la campagne de 1809, il continua d'être employé comme militaire et comme homme de police. On sait que les négociations secrètes ne furent pas plus négligées dans cette guerre que dans les précédentes. La trahison du commissaire général de l'armée autrichienne, Paffbender, chargé de pourvoir à la nourriture et à l'entretien des troupes, en est un irrécusable témoignage (1). Ces sortes de services n'empêchèrent pas Schulmeister de se distinguer dans plusieurs combats, et particulièrement à Landshut, où il pénétra un des premiers à la tète des grenadiers du 17e de ligne, en traversant l'Iser sur un pont embrasé. Après la reddition de Vienne, la police lui en fut une seconde fois confiée, et il montra encore dans ce poste difficile autant de sagesse que de modération. A la paix de Vienne, il affecta de renoncer au métier qu'il exerçait depuis cinq ans, et auquel il avait gagné quarante mille francs de rentes. Désormais retiré à Strasbourg, il ne se mêla, du moins ostensiblement, à aucun des faits ultérieurs de l'empire. Cependant, propriétaire de plusieurs manufactures, il put bien, sous prétexte de voyager pour ses propres affaires, accepter quelques missions de confiance. Une chose certaine, c'est que sous la première restauration il travailla au triomphe du complot qui avait pour but le retour de Napoléon. Ayant établi le centre de ses opérations dans les départements du Rhin, il faisait parvenir à l'Ile d'Elbe les observations qu'il recueillait et les résultats de ses manœuvres. Aussi, après le 20 mars, son dévouement trouva sa récompense, et il reçut encore diverses missions importantes, dont il s'acquitta avec son intelligence et son zèle habituels. Ces nouveaux services appelèrent sur lui l'attention des alliés en 1815 ; son nom était bien connu en Allemagne, et Blücher résolut de le faire arrêter. Le 27 juillet, il se rendait à une terre qu'il possédait sur la route de Vincennes, lorsqu'un piquet de cavalerie prussienne s'empara de sa personne, feignant de le prendre pour le général Vandamme. Dans cette croyance, il se laissa mener à Charonne, auprès du général Kleist, disant qu'il lui serait facile de prouver qu'il y avait erreur. Une fois là, on lui apprit qu'on savait parfaitement qui il était, et qu'on avait ordre de le conduire à Wesel. Ce fut sans doute une violation du droit des gens ; mais qu'est-ce que le droit en présence de la force ? A son arrivée dans cette forteresse, on commença d'instruire son procès, et, après quelques mois de détention, on le mit en liberté. Ce parti était le plus sage. Le gouvernement prussien se contenta d'une foule de renseignements secrets sur les hommes et les choses que lui fournit cette instruction judiciaire. Schulmeister revint alors à Paris, où il vécut dans une retraite fort douce, partageant ses loisirs entre la capitale, la campagne et Strasbourg. Possesseur d'une grande fortune, il donna des fêtes somptueuses dans sa belle habitation de Boissy-St-Léger. C'est là qu'il mourut en 1846, très regretté des pauvres, auxquels il distribuait de nombreuses aumônes. Nous ne pouvons mieux faire connaître ce personnage extraordinaire qu'en donnant le portrait qu'en a tracé Cadet-Gassicourt : « D'une intrépidité rare, d'une présence d'esprit imperturbable et d'une finesse prodigieuse, il a l'œil vif, le regard pénétrant, l'air sévère et résolu, les mouvements brusques, l'organe sonore et ferme ; sa taille est moyenne, mais il est robuste. Il connaît l'Autriche parfaitement et dessine de main de maître le portrait des individus qui y jouent un grand rôle. Il porte au front de profondes cicatrices, qui prouvent qu'il n'a point reculé dans les occasions critiques. » C—H—N.

 

Cadet de Gassicourt

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
  (l) On lit dans l'Histoire de l'Europe pendant le consulat et l'empire de Napoléon, par M. Capefigue, t. 7, chap.2 : «Quels que fussent les soins de l'archiduc Charles , la corruption était parvenue à s'infiltrer même dans l'administration de l'armée ; le quartier-maitre général avait été arrêté pour avoir vendu les secrets de la campagne au général Andréossy et communiqué les états d'administration du conseil aulique. »      

 

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