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Savary 1774 - 1833, général, ministre de la police de 1810 à 1814.

 

 

Dictionnaire de la conversation et de la lecture, tome 15, Paris 1858.

   
 

SAVARY (Anne-Jean-Marie), duc de Rovigo, ministre de la police générale sous le premier empire, naquit le 26 avril 1774, à Marc (Ardennes). Il était le troisième fils d'un vieux militaire, qui en 1789 le fit admettre comme sous-lieutenant dans un régiment d'infanterie. En 1793 il était déjà capitaine ; et il fit ensuite les campagnes du Rhin sous les ordres de Custine, de Pichegru et de Moreau. Après le traité de Campo-Formio, il s'attacha comme aide de camp à Desaix, qu'il acompagna en Égypte et qu'il ne quitta plus jusqu'au moment de sa mort, sur le champ de bataille de Marengo. Bonaparte apprit de lui la perte cruelle que venait de faire l'armée française. Frappé de la profonde douleur de Savary, il résolut d'attacher désormais à sa personne un officier capable d'aimer et d'apprécier son général comme le prouvaient bien ses larmes, ses sanglots en lui annonçant la fatale nouvelle. Aide de camp de Bonaparte, Savary fut chargé par lui de diverses missions qui demandaient de l'intelligence et de l'adresse. Il fut bientôt nommé colonel et commandant de la gendarmerie d'élite, puis général de brigade ; et lors de la découverte de la conspiration de Georges Cadoudal, il rendit d'importants services. A partir de 1802 ce fut lui qui dirigea la police particulière et de sûreté de Bonaparte ; fonctions délicates, dans l'exercice desquelles il avait à surveiller les manœuvres de Fouché lui-même, et qui devaient infailliblement soulever contre lui des haines aussi violentes que vivaces. Il n'est pas de calomnies atroces auxquelles les partis royaliste et républicain, alors coalisés afin de renverser le gouvernement de Bonaparte, n'aient eu recours pour perdre dans l'opinion l'un des hommes qu'ils redoutaient le plus, en raison sans doute de la vigilance et de la finesse d'esprit dont il faisait incessamment preuve. C'est ainsi qu'ils répandirent le bruit et firent même imprimer dans les gazettes étrangères que, véritable séide du premier consul, Savary n'avait pas hésité à poignarder de sa propre main dans leur prison le capitaine anglais Wright et Pichegru. Bientôt la fatale catastrophe du duc d'Enghien vint fournir un nouveau prétexte à ces perfides manœuvres des ennemis du régime consulaire. Savary, chargé du commandement supérieur des forces envoyées alors à Vincennes, dut assister à l'exécution par laquelle se termina, dans les fossés du château, un procès qui pèsera toujours comme un crime sur la mémoire de Napoléon. La calomnie et le savoir-faire des partis exploitèrent cette circonstance avec une grande perfidie ; et le bruit se répandit aussitôt que Savary avait attaché une lanterne à la poitrine du prince, afin que les soldats chargés de le fusiller pussent viser... Est-il besoin de dire que ce n'était là encore qu'une de ces atroces inventions que les partis regardent comme parfaitement permises par les intérêts de la politique.
A peu de temps de là Savary passa général de division. En 1805, après la bataille d'Austerlitz, Napoléon lui confia une mission secrète auprès de l'empereur de Russie. Dans la campagne de 1806, il eut sous ses ordres deux régiments de la garde. Puis il fut appelé à remplacer Lannes dans le commandement du cinquième corps. Après la bataille d'Eylau, il fut chargé de couvrir Varsovie contre les Russes, sur lesquels, le 18 février 1807, il remporta la brillante victoire d'Ostrolenka. L'empereur l'en récompensa par le don d'une riche dotation, et à la suite des batailles de Heilsberg et de Friedland, il lui accorda le titre de duc de Rovigo.
Après la paix de Tilsitt, le duc de Rovigo fut envoyé à Saint-Pétersbourg, où il négocia un rapprochement entre la Russie et la Turquie, en même temps qu'il déterminait la première de ces puissances à abandonner l'alliance anglaise. En 1808 il se trouvait à Madrid, et ce fut lui qui décida le roi Charles IV et son fils Ferdinand à entreprendre le voyage de Bayonne. Il accompagna ensuite Napoléon à Erfurt, d'où il retourna en Espagne. Après la campagne de 1809, sa faveur s'accrut encore ; et en 1810 Napoléon lui confia le ministère de la police générale. Il remplissait ces fonctions en 1812 quand éclata la fameuse conspiration de Mallet. Arrêté alors dans son lit par Lahorie et Guidal, il resta quelques heures détenu à La Force, et ne fut remis en liberté que lorsque par son intrépidité le général Hulin eut fait échouer ce complot. Quoiqu'il se fût évidemment laissé prendre en défaut, le duc de Rovigo n'en conserva pas moins la confiance de l'empereur, qui le maintint en fonctions tant que dura l'empire.
Pendant les cent jours, il fut appelé à faire partie de la chambre des pairs et investi du commandement supérieur de la gendarmerie. Après Waterloo, il essaya de suivre Napoléon en exil; mais il fut arrêté à bord du Bellérophon et conduit prisonnier à Malte. Il s'en échappa au mois de mars de l'année suivante, et se réfugia à Smyrne. En 1817 il se rendit en Autriche pour passer de là en France, à l'effet d'y purger le jugement du conseil de guerre qui, en 1816, l'avait condamné par contumace à la peine de mort. Arrivé à Graetz, il se vit placer sous la surveillance de la police ; et ce ne fut qu'au mois de juin 1818 qu'on lui permit de s'en retourner à Smyrne, où il demanda au commerce des moyens temporaires d'existence. Mais dès 1819 le désir de revoir le sol natal le conduisait à Londres, où il obtint enfin la permission de se présenter devant la justice de son pays. Acquitté sur une brillante plaidoirie de M. Dupin, il fut réintégré dans son grade, mais resta en disponibilité.
En 1823, pour réfuter un passage du Mémorial de Sainte-Hélène, relatif à la mort du duc d'Enghien, il publia un extrait de ses Mémoires, où il s'efforçait d'en rejeter toute la responsabilité sur M. de Talleyrand, et ne réussit qu'à tomber de nouveau dans la plus profonde disgrâce aux Tuileries, où il avait fini par se faire admettre et dont l'accès lui fut désormais interdit. Il quitta même alors la France avec sa famille, pour aller s'établir à Rome, où il demeura jusqu'à l'époque de la révolution de 1830. Le 1er décembre 1831, Louis-Philippe l'appela au commandement supérieur de l'Algérie. C'est sous ses ordres que fut exécutée la prise de Bone, et il s'efforça de favoriser le système de colonisation. Mais son administration, au total malhabile, excita contre lui un mécontentement général, et le gouvernement dut le rappeler en 1833. Il mourut quelques mois après, laissant sans fortune sa nombreuse famille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Jean_Marie_Ren%C3%A9_Savary

 
 

 

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