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SALIERI
(Antoine), célèbre compositeur, naquit le 20 août
1750, à Legnano, dans les États de Venise. Fils d'un
négociant distingué, il apprit la musique dès
son enfance ; sa passion pour cet art devint si forte, qu'il
s'y consacra entièrement, lorsqu'à l'âge de
15 ans il eut perdu son père. Il se rendit a Venise pour
y continuer ses études musicales qu'il alla achever à
Naples. Ayant reçu à Venise des leçons de clavecin
et de chant de Gassmann, il s'attacha tellement à son maître,
qu'il le suivit à Vienne, pour y apprendre de lui la composition.
Au bout de huit ans, Gassmann étant mort, Saliéri
qui, depuis 1772, s'était fait connaître par des opéras
qui avaient obtenu du succès, lui succéda, vers 1775,
dans les places de maître de musique de la chapelle de la
chambre impériale et du théâtre de Vienne. Les
conseils du célèbre Gluck le dédommagèrent
de ceux dont il ne pouvait plus profiter. Gluck était de
retour à Paris, où il avait donné plusieurs
chefs-d'œuvre lyriques ; mais l'âge et les infirmités
ayant mis ce grand homme hors d'état de se livrer à
des compositions nouvelles, il chargea Saliéri de mettre
en musique l'opéra des Danaïdes, dont il avait
emporté le poème en quittant la France. Saliéri
travaillant sous les yeux, et d'après les idées de
Gluck, se familiarisa avec sa manière, au point d'abuser
même les connaisseurs. Il vint en France, en 1784, avec son
opéra, qui, après avoir été joué
plusieurs fois avec succès à la cour, où la
reine y chanta chaque fois, réussit complètement à
l'Académie royale de musique, le 26 avril. On crut d'abord
que Saliéri n'avait eu qu'une faible part à cet ouvrage,
qu'on attribuait à Gluck ; mais une lettre de celui-ci,
datée de Vienne, et adressée à du Rollet, désabusa
les Parisiens. Saliéri toucha de l'administration de l‘Opéra
une rétribution de 40.000 francs, et 5.000 francs pour ses
frais de voyage ; il reçut en outre un présent
très considérable de la reine, et vendit sa partition
2.000 francs. Il retourna ensuite à Vienne avec le poème
des Horaces, dont il fut chargé de faire la musique.
Cet opéra fut représenté à Paris, en
1786, et n'obtint pas le même succès que les Danaïdes,
parce que le genre du poème et de la musique était
un peu sévère pour les Français de cette époque-là.
Saliéri fut plus heureux l'année suivante : son
opéra de Tarare fut très-applaudi, le 8 juin
1787, à l‘Académie royale de musique, malgré
l'absurdité et le mauvais goût du poème de Beaumarchais.
Le parterre ayant demandé l'auteur, chose jusqu'alors sans
exemple sur le premier théâtre lyrique, Saliéri
fut enlevé par les actrices et apporté sur la scène.
De retour à Vienne, il y donna, en 1788, Assur, roi d‘Ormus,
en italien, pièce favorite de l'empereur Joseph II, qui fit
présent au compositeur de 200 ducats, auxquels il joignit
une pension de 300 ducats. Saliéri fit un riche mariage peu
de temps après. Il conserva tous ses empois et devint en
outre directeur de l'école de chant à Vienne, associé
étranger de l'institut de France en 1806, et de l‘Académie
royale des beaux-arts, en1816 ; il était aussi correspondant
étranger du Conservatoire de musique de Paris, depuis 1806,
lorsqu'il mourut à Vienne le 7 mai 1825. Les opéras
qu'il a donnés sont : le Donne letterate ;
l'Amore innocente ; Don Chischiotte ;
l’Armida ; la Fiera di Venezia ;
la Secchia rapita ; il Barone di Bocca Antica ;
la Locaudiera, etc.: la Grotta di Trafonio ;
les Danaïdes ; Tarare, etc. |
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