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RAPINAT
(***), administrateur français, né vers 1750, à
Colmar, où il est mort, en 1818. Il était, avant la
révolution, avocat au conseil souverain d'Alsace. Beau-frère
de Rewbell, qui fut membre du Directoire, il suivit sa fortune,
et fut d'abord employé aux archives, puis adjoint au commissaire
ordonnateur Le Carlier et envoyé en Suisse pour y organiser
les finances, ou plutôt pour y lever des subsides. Il s'acquitta
de cette mission avec beaucoup d'âpreté, et souleva
des réclamations générales. Il n'est pas prouvé
que ce fut dans un intérêt personnel qu'il ait jamais
agi ; mais ses fonctions étaient forcément vexatoires
et son nom prêtait beaucoup à l'épigramme. Saint
Albin dit de lui :
Le pauvre Suisse qu'on ruine
Voudrait bien qu'on examinât
Si Rapinat vient de rapine,
Ou rapine de Rapinat.
Rapinat fut vivement attaqué par un écrivain suisse,
Usteri. Il était naturel que la France s'emparât des
caisses appartenant aux anciens cantons aristocratiques, pour payer
les frais de la guerre. Rapinat eut donc l'ordre de mettre les scellés
sur toutes les caisses publiques, ainsi que sur les magasins et
arsenaux. Les Suisses trouvèrent fort mauvais qu'on s'emparât
de leur pécule. Rapinat prit sur lui de purger le gouvernement
et les administrations helvétiques ; il frappa les anciennes
familles nobles d'une levée de quinze millions, exigea la
démission des deux directeurs Bay et Pfiffer, celle du ministre
des affaires étrangères et la dissolution des chambres
administratives de Berne et de Lucerne. La rudesse avec laquelle
il prit ces mesures mit les torts de son côté. Accusé
d'arbitraire et de concussion par ses administrés, il publia
un Précis des opérations du citoyen Rapinat en Helvétie,
1799, in-8°. Ce panégyrique fut réfuté
par le gouvernement helvétique, et le Directoire, cédant
à la clameur générale, rappela son trop zélé
commissaire. En 1805 Rapinat fut nommé conseiller à
la cour de Colmar et exerça ces fonctions jusqu'à
la restauration. A. L.
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