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Piré

 
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Biographie nouvelle des contemporains, par Arnault, Jay, Jouy, Norvins et autres hommes de lettres, magistrats et militaires. Tome XVI, Paris, 1824 :

   
 

Piré (Marie-Guillaume de Rosugvineu*), comte de), lieutenant-général, commandeur de la légion d'honneur, chevalier de Saint-Louis, et de l'ordre militaire de Wurtemberg, est né à Rennes, le 31 mars 1778, d'une ancienne famille de la Bretagne, illustrée dans les fastes de cette province. Son grand-père, le marquis de Piré, présidait la noblesse à la tenue des états de 1770. Dès le commencement de la révolution en 1789, son père, qui s'était voué à la cause contraire, se hâta d'aller rejoindre les princes à Coblentz, emmenant avec lui son fils à peine sorti de l'enfance. Le jeune Piré suivit longtemps les mêmes drapeaux que son père, entra à l'âge de 14 ans dans les gardes-du-corps, compagnie de Grammont, et fit les campagnes de l'armée du prince de Condé. Après le licenciement de cette armée, il entra en 1793 avec le grade de sous-lieutenant dans le régiment d'infanterie que le prince de Rohan-Montbazon venait de lever à Gand, et qui fit partie de l'armée anglaise que commandait le duc d'York sur le continent. Il fit avec elle la campagne de Hollande en 1794 et fut nommé lieutenant sur le champ de bataille d'Appeldoorn, après que son régiment eut été en partie détruit par l’avant-garde française au passage de la Meuse. En juin 1796, il s'embarqua à Stade avec les cinq régiments émigrés Rohan, Salm, Périgord, Beon et Damas, qui formaient la division Sombreuil, et qui vinrent débarquer dans la baie de Quiberon. M. de Piré fut grièvement blessé lors de l'attaque du fort Penthièvre par les troupes françaises, sous les ordres du général Hoche, et ne parvint à se rembarquer que par une espèce de miracle. Il se réfugia avec les débris de cette funeste expédition sur les rochers de l'île d'Houat. Le comte d'Artois lui donna des témoignages d'estime et de satisfaction : ce prince lui dit « que si jamais il rentrait en France, une des premières faveurs qu'il accorderait, serait pour M. de Piré; »et ayant égard à sa blessure, il l'envoya de l’Ile-Dieu se rétablir en Angleterre, et le chargea de ses dépêches pour le ministère à Londres. Par suite de l'incorporation du régiment émigré de Rohan dans celui de La Châtre, M. de Piré fut réformé à l'âge de 17 ans, avec le grade de capitaine ; mais l'ardeur de son zèle et cette soif de combats dont il paraissait altéré des sa jeunesse, le portèrent à solliciter vivement sa remise en activité, et à être employé dans la funeste guerre intérieure qui déchirait le sein même de sa patrie. Il obtint ce triste avantage, .et accompagna en mars 1796, MM. de Sérent que les princes envoyèrent dans la Vendée, avec MM. de Bourmont de Suzanette et autres chefs royalistes. Blessé de nouveau en débarquant la nuit sur les côtes de Bretagne près .de Saint-Malo, il vit périr dès le lendemain la plupart de ses compagnons d'armes ; MM. de Sérent furent tués dans les marais de Dole, et M. de Piré, poursuivi par les troupes républicaines, ne parvint qu'après avoir couru les plus grands dangers, à s'échapper et à rejoindre enfin le chef royaliste de Puisaye, dans les environs de Fougères. Il servit avec ce général jusqu'à l'époque de la pacification de l'an 4, qui le fit rentrer dans le sein de la grande famille française. Le général Hoche, par considération particulière, et malgré ses instructions, ne comprit point M. de Piré parmi les émigrés qu'il fut obligé de renvoyer en Angleterre ; mais ce dernier n’en resta pas moins, et longtemps, sous une sévère surveillance, fut souvent dénoncé comme émigré et royaliste, et ne recouvrit une entière liberté qu'à l'époque du consulat du général en chef Bonaparte. Une nouvelle carrière s'ouvrit alors devant lui, et toujours animé du désir de faire la guerre, il entra dans les rangs de la grande-armée française, où il n'eut plus le malheur d'avoir à combattre ses concitoyens. M. de Piré prit d'abord du service dans un régiment de hussards volontaires, avec le grade de capitaine, et fit honorablement la guerre d'Allemagne. Son corps ayant été réformé après la paix de Lunéville, il rentra pour quelque temps dans la vie privée, et se maria ; mais il rejoignit en 1805 l'armée, et se distingua de nouveau pendant les glorieuses campagnes d'Austerlitz, d'Iéna et de Wagram. Successivement capitaine au 7e régiment de hussards, chef d'escadron au 10e, colonel du 7e régiment de chasseurs à cheval, aide
de camp du prince de Neuchâtel, général de brigade, et bientôt général de division, il fit toutes ces campagnes à l'avant-garde de la grande-armée , en Allemagne, en Pologne, en Espagne et en Russie. Partout il fit preuve de talents militaires, et d'une haute valeur. Blessé plusieurs fois, ses grades et ses décorations lui furent décernés sur les champs de bataille, et ses états de service portent qu'il prit une part active à 30 batailles rangées, et à plus de 100 combats d'avant-garde. Élève et ami des généraux Lasalle et Montbrun, et distingué par l'empereur, il fut dans les derniers temps chargé par lui du soin d'éclairer l'armée. La surprise de Léipzick avec 50 hussards derrière l'armée prussienne, 4 jours avant la bataille d'Iéna ; là capitulation de la ville forte de Stettin, en 1806 ; sa conduite au combat de Somo-Sierra, en Espagne, où Napoléon lui avait donné par mission spéciale le commandement de l'escadron du service des lanciers polonais de la garde qui s'y couvrit de gloire ; le combat d'Ostrowno en Russie, et d'autres affaires où les bulletins de la grande-armée ont fait du général Piré une mention honorable, l'ont placé aux premiers rangs des vieux guerriers de la France. A l'époque de la restauration en 1814, de fortes préventions politiques s'étant élevées contre lui, loin d'avoir part aux récompenses ou aux faveurs que ses antécédents semblaient devoir lui promettre, il fut envoyé en une espèce d'exil dans ses terres en Bretagne. La croix de Saint-Louis, donnée à tous les officiers généraux, lui fut refusée, et aucune de ses réclamations ne fut accueillie. Il se trouvait dans cette situation pénible, en 1815, quand le retour de l'île d'Elbe eut lieu. Il paraît que les sujets de mécontentement que le général Piré croyait avoir, joints à d'anciens souvenirs de gloire, lui firent embrasser de nouveau avec une grande chaleur la cause de Napoléon. Après avoir fait reconnaître son autorité en Bretagne, il fut envoyé dans le midi contre les troupes réunies sous les ordres de S. A. R. le duc d'Angoulême. Rappelé à Paris après les événements de Valence et du pont Saint-Esprit, il fut nommé gouverneur des Tuileries, du Louvre, et chambellan de Napoléon. On l'envoya immédiatement à Laon prendre le commandement provisoire du 6e corps d'armée. A la suite du combat des Quatre-Bras et de la bataille de Waterloo, où il commandait la cavalerie légère de l'aile gauche sous les ordres du maréchal Ney, il revint sous les murs de Paris, et prit encore une part glorieuse au combat de Roquancourt près Versailles, où, avec son ami le général Excelmans, il prit ou détruisit en entier deux régiments de hussards prussiens. Après le second retour du roi, le général Piré fut compris dans la seconde série de l'ordonnance du 24 juillet 1815. Arrêté le 1er août suivant, il ne sortit de prison que par l'intervention de l'empereur de Russie, qui lui offrit un asile à Pétersbourg, où il se rendit de suite, et passa tout le temps de son exil. Rappelé en France en 1819, et replacé sur le tableau de l'armée, il a aussi reçu du roi la croix de, Saint-Louis. En 1823 il a cru devoir de nouveau solliciter de l'activité de service, et a demandé à faire la campagne d'Espagne. Mais ses démarches à cet égard étant restées sans effet, il continue à vivre retiré en Bretagne dans l'ancienne demeure de ses pères, où il s'occupe de travaux agricoles, prêt à revoler au premier appel sous les drapeaux de son pays.
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  * sic, pour Rosnyvinen.      

 

 

 

 

 

 

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