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PESTALOZZI,
ou Pestaluz (Henri), instituteur, naquit à Zurich, le 12
janvier 1745, d'une famille distinguée de cette ville. Resté
orphelin et presque sans fortune , il y pourvut par ses talents,
et obtint une réputation européenne. Après
qu'il eut fait de très bonnes études, ses mœurs douces
et son caractère philanthropique l'entraînèrent
à entreprendre l'éducation du peuple, alors très
négligée dans la Suisse. C'est dans cet objet qu'il
publia une espèce de roman intitulé : Lienhard
et Gertrude, imprimé à Leipsick, 1781-1787, puis à
Zurich, 1791-1792, qui a eu plusieurs éditions, et qui fut
traduit en plusieurs langues. Il fait connaître dans cet ouvrage,
qui devint populaire, la situation déplorable où se
trouvaient les habitants des campagnes, et propose les moyens d'y
remédier. A cette époque, la révolution française
qui menaçait d'envahir toute l'Europe, avait trouvé
des prosélytes en Suisse, et surtout parmi les classes inférieures.
Le gouvernement de Berne chargea Pestalozzi de la rédaction
de la Feuille helvétique à l'usage du peuple. Il parvint,
par ses maximes saines, à modérer l'effervescence
des esprits. Quelque temps après, le même gouvernement
ayant établi, en 1799, une maison d'orphelins à Stantz,
canton d'Underwald, en nomma Pestalozzi directeur. Il ne se borna
point à y admettre les enfants privés de leurs parents,
mais il y recueillit aussi tous ceux qui, cruellement abandonnés,
erraient sans secours dans les montagnes, et devenaient, avec l'âge,
sauvages, vicieux, ou même des brigands. Les revenus de cet
établissement étaient assez modiques ; Pestalozzi
les augmenta par la générosité de plusieurs
bienfaiteurs, et notamment par celle de M. Tsharner, bailli de Waldenstein.
L'établissement de Stantz ayant été supprimé,
le gouvernement de Berne concéda à Pestalozzi le château
de Berthoud (dans le Burgelorf), à cinq lieues de Berne,
où il put généraliser sa méthode d'enseignement.
Les nombreux élèves qui y arrivèrent de toutes
parts forcèrent Pestalozzi à chercher un local plus
spacieux, et le canton de Vaud lui céda la jouissance du
château de Yverdun. Pendant ce temps, en 1803, le canton de
Zurich le nomma membre de la Consulte helvétique, qui fut
appelée à Paris par Buonaparte, afin de statuer sur
les réformes des anciennes institutions de la Suisse. Pestalozzi
s'empressa de revenir dans son établissement chéri,
qui prospéra de jour en jour, et jusqu'à sa mort,
c'est-à dire jusqu'au 20 février 1827 ; il avait
alors 82 ans. MM. Chavannes, Amaury Duval, Jullien, Raymond, etc.,
ont développé la méthode de cet instituteur.
L'abbé Gérard de Fribourg dit, dans son rapport publié
en 1805 : « que le système de Pestalozzi consiste bien
moins à rendre un élève éminemment propre
à l'exercice de telle ou telle profession, qu'à le
disposer par une marche lente, rationnelle et sûre, exempte
de toute routine et de tout charlatanisme, et basée sur la
marche que suit la nature elle-même, à pouvoir développer
dans une partie quelconque les facultés qu'elle a reçues
en naissant, et dont l'instituteur s'attache à tirer le plus
grand parti possible, en lui formant un jugement sain, et en lui
donnant cette justesse d'esprit si précieuse quand elle est
jointe à la droiture du cœur. » Pestalozzi a laissé
les ouvrages suivants :
1° Dissertation sur les lois somptuaires, Bâle, 4 vol.
in-8° ;
2° Dissertation sur la législation et l'infanticide,
1781-1783 ;
3° Feuille hebdomadaire pour les campagnes, formant 2 vol. in-8° ;
4° Lecture de Lienhard et Gertrude, faite par Christophe et
Elise, et leurs remarques pendant la lecture, Dessau, 1782, 2 vol.
in-8° ;
5° Lettres sur l'éducation des enfants de parents indigents,
insérées dans les Éphémérides
de l'humanité, par M. Iselin, chancelier de la république
de Bâle ;
6° Réflexions sur la marche de la nature dans le développement
(ou Education) de l'espèce humaine, Zurich, 1797, 1 vol-
in-8° ;
7° Images pour mon abécédaire, ou Éléments
de logique pour mon usage, Bâle, 1797, 1 vol. in-8°. C'est
un recueil de fables morales et critiques ;
8° Réflexions sur les besoins de la patrie, principalement
sur l'éducation et le soulagement des pauvres, 1798 ;
9° Sur les droits féodaux, 1798.
Presque tous les souverains du Nord ont souscrit pour un grand nombre
d'exemplaires des Œuvres complètes de Pestalozzi ; l'empereur
Alexandre l'avait décoré de l'ordre de Saint-Wladimir. |
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