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NECKER
(Suzanne Cuchaud), fille d'un ministre protestant, femme
du précédent, acquit un grand nombre de connaissances,
et s'attacha d'abord à l'éducation d'une jeune personne
de Genève, qu'elle quitta pour s'unir à M. Necker,
qui n'était encore que simple commis d'un banquier suisse.
Elle suivit la fortune de son époux dans toutes ses chances
; et, lorsque ce dernier fut parvenu à la direction des finances
de France, madame Necker se servit de son pouvoir pour faire le
bien : elle contribua à l'amélioration des hôpitaux,
dirigea elle-même un hospice de charité qu'elle établit
à ses frais près de Paris, et se fit ainsi une grande
réputation de bienfaisance qui contribua beaucoup a la popularité
de son mari. Elle eut beaucoup d'amis parmi les gens de lettres,
et principalement Buffon et Thomas. Ce dernier surtout, d'après
ses suggestions, se fit le champion du ministre avec un zèle
ridicule. Elle l’appelait l'homme de ce siècle, et Buffon
l'homme des siècles. Après la retraite de son mari,
elle le suivit a Copet, et y est morte en 1796. On a d'elle les
ouvrages suivants : les Inhumations précipitées, 1790
; Mémoire sur l'Etablissement des Hospices ; Réflexions
sur le Divorce, 1796 ; Mélanges extraits des Manuscrits de
madame Necker, 1798. En général, on trouve dans ses
ouvrages un grand nombre de pensées vraies et de conseils
sages et assez bien exprimés ; mais on peut plusieurs fois
lui appliquer ce que Voltaire dit de l'éloge de Colbert par
son époux : « qu'il y a autant de mauvais que de bon,
autant de phrases obscures que de claires, autant de mots impropres
que d'expressions justes ; autant d'exagérations que de vérités.
» Moins de désir de jouer un rôle, aurait peut-être
diminué sa célébrité, et augmenté
son bonheur. |
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