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Mourad-bey 1750 - 1801, chef des Mameloucks

 

  Biographie universelle ancienne et moderne, tome 13, Bruxelles, Ode 1843-1847.     
 

MOURAD-BEY, chef célèbre des mameluks, né en Circassie, vers 1750. Il suffirait à la gloire de ce musulman, et ce serait une garantie suffisante de durée pour son nom, d'avoir eu à combattre les deux premiers hommes de guerre des temps modernes, Napoléon et Kléber : mais indépendamment de cet accident heureux de sa destinée, ce barbare, supérieur aux siens en grandeur d'âme et en lumières, aurait pu s'illustrer par des faits tout personnels.
Mourad était un jeune mameluk de la maison d'Aly-Bey premier qui, voulant se rendre absolument indépendant de la Porte Ottomane, s'était efforcé d'établir l'autorité d'un seul despote sur les tyrannies concurrentes des 24 beys du pacha et des corps ottomans qui se disputaient l'administration de la malheureuse Égypte. Aly-Bey, parvenu à se débarrasser de tous ses rivaux, avait trouvé un compétiteur inattendu dans la personne d'Abou Dahab, son lieutenant, qui l'avait trahi ; une seconde trahison assura la victoire à celui-ci, et cette trahison, ouvrage de Mourad Bey, qui est le sujet de cette notice, fut la première cause de l'élévation de ce dernier. Voici comment on raconte cette première partie de son histoire : Mourad, qui avait appartenu dans son enfance au bey Abou-Dahab, était devenu éperdument amoureux de la Géorgienne Sitty Néficals, épouse d'Aly-Bey, son nouveau maître. Subjugué par cette passion fatale, il ne voit que dans la destruction d'Aly l'espoir de la satisfaire, et abandonnant, à la faveur des ténèbres, le camp de celui-ci, il court offrir ses services à l'autre bey Abou-Dahab. «Ton ennemi, lui dit-il, doit passer avec son armée par un défilé où sa perte est inévitable si l'on peut l'y arrêter à temps. Je m'offre à toi : si je réussis, je ne te demande qu'une grâce, donne-moi la belle Sitty Néficals.» AbouDahab accepta avec joie ce secours inespéré, et Mourad alla s'embusquer avec 1.000 mameluks dans les palmiers de Sallyels. Aly-Bey hésita longtemps avant de s'engager dans cet étroit passage. Ses éclaireurs l'avaient averti du péril. Mourad, impatient de le joindre, se disposait à l'aller chercher, lorsque l'imprudent bey vint enfin tomber dans le piège qu'on lui avait tendu. Les soldats d'Aly, étonnés de l'attaque, lâchèrent pied ; cependant leur chef les rallia deux fois, et il était sur le point de se saisir de la victoire lorsque Mourad fondit sur lui, et d'un coup de sabre lui partageant le visage, l'abattit de son cheval. A la vue de son bienfaiteur étendu sur le sable, le mameluk sentit la pointe du remords et ne put retenir ses larmes. «Pardonne-moi, lui dit-il ; oh! pardonne-moi, mon maître : je ne t'avais pas reconnu.» Aly fut transporté au Caire. Sa blessure n'était pas mortelle, mais Abou-Dahab en fit empoisonner l'appareil. Mourad hérita de son harem et de ses biens. Tels furent les commencements peu honorables de Mourad.
La mort de son patron, et celle d'Abou-Dahab, qui eut lieu peu de temps après, laissa Mourad l'homme le plus puissant de l'Égypte. Le seul rival qu'il pût avoir à redouter était Ibrahim-Bey ; mais, grâce à la nécessité de maintenir leur commune usurpation contre la politique de la Porte, la bonne intelligence subsistait encore entre eux lorsque les Français arrivèrent en Égypte. A la première nouvelle de cette invasion, Mourad-Bey n'avait envoyé à la rencontre des Français qu'une partie de la milice dont il était le chef suprême. Il quitta bientôt après le village de Giseh, où il faisait sa résidence habituelle, pour se rendre au Caire dans l'intention de se venger sur les négociants français qui se trouvaient dans cette ville de l'agression des soldats de leur nation. Mais détourné de cette résolution barbare par le conseil d'un Vénitien nommé Rosetti, qu'il avait auprès de lui, il se contenta d'imposer à ces négociants une contribution de quelques milliers de piastres. Ce fut à Chebreis que les mameluks furent pour la première fois rencontrés et battus par les Français. A la nouvelle de cet échec, Mourad, rempli de fureur, ne négligea pourtant aucun des moyens que lui fournissaient son ascendant personnel et ses talents pour le réparer. Les dispositions prises par Mourad, à la bataille des Pyramides, étaient formidables ; ses forces montaient à 60.000 hommes, y compris l'infanterie et les hommes de pied qui servaient chaque cavalier. De cette armée de 60.000 hommes, il n'échappa que 2.500 cavaliers avec Mourad-Bey. Plusieurs milliers de ses soldats, en essayant de traverser le Nil, y furent engloutis. Retranchements, artillerie, pontons, bagages, sont tombés au pouvoir des Français, et les nombreux cadavres qu'emporta le cours du fleuve portèrent en peu de jours jusqu'à Damiette et Rosette, et le long du rivage, la nouvelle de la victoire.
Ce ne fut que longtemps après sa fuite que Mourad Bey s'aperçut qu'il n'était suivi que par une partie de son monde, et qu'il reconnut la faute qu'avait faite sa cavalerie, de rester dans le camp retranché. Il essaya plusieurs charges, pour lui rouvrir un passage, mais il était trop tard : les mameluks eux-mêmes avaient la terreur dans l'âme et agirent mollement. Après la perte de la bataille des Pyramides, Mourad se réfugia dans la haute Égypte où il fut poursuivi, harcelé et tenu continuellement en échec par Desaix, qui détruisit une seconde fois, par la victoire de Sédiman, les forces que l'intrépide bey était parvenu à rassembler de nouveau.
Après le départ de Bonaparte et de Desaix, Mourad eut pour adversaire Kléber, le nouveau chef de l'armée. Si les divers généraux qui l'avaient combattu furent forcés de rendre justice aux talents de Mourad, de même qu'à plusieurs traits qui annonçaient une certaine générosité militaire, Mourad de son côté ne tarda pas à être frappé de l'éclat des grandes qualités morales qui relevaient le prix de la valeur et des talents chez ces illustres guerriers. Il provoqua, et eut (le 20 avril 1800) une entrevue avec Kléber à Giseh;;la paix fut la suite des marques d'estime réciproque que se donnèrent ces deux chefs. Mais cet arrangement avec le prince des mameluks n'empêcha pas la guerre de se poursuivre contre les Turcs et contre les Anglais auxiliaires de ces derniers.
Cependant Mourad investi, à titre d'allié de la France, du gouvernement des provinces de la haute Égypte, ne cessa de donner, depuis cette époque, des preuves non équivoques d'attachement à l'armée française et à son chef. L'importance d'un tel appui était un présage de succès définitif pour la campagne et pour cette fameuse expédition. Malheureusement Kléber tomba sous les coups d'un assassin, et fut remplacé par Menou dans le commandement de l'armée. L'arrogance de ce nouveau général, égale à son incapacité, fit perdre tous les avantages que la sage politique de son prédécesseur avait préparés dans ses relations d'amitié avec l'homme le plus puissant de l'Égypte. Mourad, justement dégoûté par ses procédés, ne trahit cependant point son alliance, et n'alla point offrir son sabre aux Anglais et aux Turcs qu'il détestait également ; il garda la plus stricte neutralité ; mais sa seule inaction fut calamiteuse. Les divisions françaises renfermées dans le Caire furent forcées de capituler, et Mourad, fidèle à ses premiers serments, essaya encore, mais en vain, de servir les Français. Invité par les généraux renfermés dans le Caire à venir partager les dangers de ses amis dans cette fâcheuse circonstance, il oublia tous les sujets de mécontentement que lui avait donnés Menou, et descendit le Nil pour venir se joindre aux Français ; mais atteint de la peste, il fut forcé de s'arrêter (le 22 avril 1801) à Benicouef, et y mourut au bout de quelques jours. On rendit à Mourad-Bey tous les honneurs que méritaient sa constante bravoure et la loyauté de son caractère.


 

 

 

 

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