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Le comte de Lariboisière
Le fils d'un des plus brillants généraux du premier
Empire, officier lui- même sous le règne de Napoléon
Ier, vient de mourir à l'âge de près de quatre-vingts
ans, laissant à sa famille une belle réputation, des
souvenirs glorieux et un nom vénéré des pauvres.
Le comte de Lariboisière était l'aîné
des enfants de ce général, premier inspecteur d’artillerie,
mort à Kœnigsberg en dictant des ordres, au retour de la
désastreuse campagne de Russie.
Le fils cadet du général avait été tué
à la Moskowa étant officier de carabiniers. Honoré-Charles-Bastien
de Lariboisière, qui vient de s'éteindre à
Paris, sorti de l’École polytechnique en 1809, avait fait
avec une haute distinction, dans l‘arme de son père, les
campagnes de Wagram et de Russie. Il avait eu un cheval tué
sous lui à la Moskowa, s‘était distingué à
Malojarolawetz et à Krasnoë. Tombé sous son cheval
mort au passage de la Bérézina, il n‘avait dû
la vie qu’au dévouement d’un domestique fidèle.
Ayant eu les pieds gelés à la retraite, le comte de
Lariboisière se trouvait à Paris en 1814 et aida à
l‘organisation de l'artillerie de la garde nationale. Après
la bataille du 30 mars, il courut à Fontainebleau fidèle
au malheur jusqu'au dernier moment. En 1815, il fut un des premiers
à se rendre aux Tuileries le 20 mars. L’Empereur le nomma
un de ses chambellans, ce qui n'empêcha pas le jeune officier
de faire la campagne de Waterloo.
Après cette bataille, le comte de Lariboisière brisa
son épée. Nous devrions donc, d‘après notre
spécialité, le quitter en 1815 ; mais nous tenons
à dire que, sénateur sous Napoléon III et un
des premiers membres nommés de ce premier corps de l’État,
il y rendit des services à l'armée en s‘occupant des
questions militaires que sa spécialité le mettait
à même de traiter avec une autorité incontestable.
Sa première femme, en mourant, laissa les fonds nécessaires
à la fondation de ce magnifique hospice auquel la Ville reconnaissante
a donné le nom de Lariboisière. De son vivant, le
comte Honoré a voulu contribuer a la splendeur de cet utile
établissement par l'abandon de deux millions six cent mille
francs.
Marié une seconde fois, le comte Lariboisière a eu
le malheur de perdre sa seconde femme au moment où un fils
venait de naître de leur union.
Le comte de Lariboisière est mort grand officier de la Légion
d’honneur, ancien député, ancien pair de France, sénateur,
président du cercle des Arts, où il laisse les meilleurs
souvenirs et les plus vifs regrets.
Pierre de Lacour.
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