|
LALLEMAND
(cadet).
Lallemand (le baron Dominique),
frère du précédent, lieutenant général
d'artillerie, officier de la Légion d'Honneur, chevalier
de Saint-Louis, est né à Metz le 18 octobre 1777.
Son frère aîné prit soin de son éducation,
et, comme il n'avait pas de fortune, M. le Payen de Jouy paya sa
pension à l'école polytechnique où il entra
étant encore très jeune. Sorti l'un des premiers de
sa promotion, il suivit bientôt l'exemple de son aîné
et fut cité comme l'un des officiers les plus braves et les
plus instruits de l'ancienne armée, d'ailleurs si féconde
en hommes de mérite. Il combattit en Allemagne, en Espagne,
en Pologne, et beaucoup de lieux furent témoins de sa valeur.
Créé officier de la Légion d'Honneur, puis
général de brigade, il défendit en cette qualité
le sol français contre les armées coalisées,
et ne cessa de combattre qu'au moment où l'abdication de
l'empereur changea les destinées de notre patrie. Le roi
le conserva en activité et le décora de la croix de
Saint-Louis, par ordonnance du 20 août 1814. Au mois de mars
suivant, il s'unit à son frère pour insurger le département
de l'Aisne, ainsi que nous l'avons marqué ci-dessus. Napoléon
le nomma lieutenant général ; il combattit à
Waterloo à la tête de l'artillerie de la garde et y
fit des prodiges de valeur. Il revint avec l'armée sous les
murs de Paris, la suivit au delà de la Loire et quitta ses
compagnons d'armes, lorsqu'un ordre de dissolution eut séparé
les derniers débris de nos immortelles phalanges. Une ordonnance
du 1er août 1815, annula sa nomination au grade de lieutenant
général.
Compris dans l'ordonnance
du 24 juillet avec son frère et nos compatriotes Ney, Durbach,
Bouvier-Dumolard, il partit pour l'Amérique afin de se soustraire
au mandat d'arrêt qui pesait sur sa tête. Le 21 août,
le conseil de guerre qui avait condamné à mort François-Antoine
Lallemand, s'occupa du procès intenté à son
frère. La plupart des détails que nous avons donnés
sur l'affaire du frère aîné appartiennent également
à celle du cadet . Ce dernier n'était pas en activité
lors du débarquement de Bonaparte ; et il parait que les
conjurés l'avaient prévenu depuis quelque tems de
leurs projets futurs, car il fit successivement et à peu
d'intervalle l'un de l'autre plusieurs voyages à Paris, pour
s'entendre sur les moyens d'exécution. Lallemand jeune harangua
vainement les officiers et les soldats de la garnison de La Fère.
Obligé de quitter cette ville, il rencontra dans le faubourg
un convoi de dix bouches à feu qui avait été
expédié de Vincennes, frappa celui qui le commandait
et emmena les canons. Arrêté par la gendarmerie de
Chauny, il voulut séduire le brigadier, et lui offrit, indépendamment
des 7 ou 8,000 francs saisis sur son frère et sur lui, un
bon de 10.000 francs payable à Paris.
M. Viotti, rapporteur,
ayant lu le cahier des charges et formé ses conclusions,
le conseil, après une courte délibération,
condamna Dominique Lallemand, absent et contumace, à la peine
de mort, comme coupable, « 1° de rébellion et d'attentat
à main-armée, en ce qu'il a, avant le 23 mars 1815,
coopéré à la mise en mouvement sur Paris du
corps des chasseurs royaux, mouvement effectué dans l'intention
de renverser le gouvernement légitime ; 2° d'avoir tenté
d'ébranler la fidélité des troupes stationnées
à La Fère, et de s'emparer du dépôt d'artillerie
établi dans cette ville ; 3.° de s'être emparé
par violence d'un convoi de plusieurs bouches à feu venant
de VIncennes.
Le jeune Lallemand, fixé à la Nouvelle-Orléans
avec Lefebvre-Desnouettes et d'autres braves de l'ancienne armée,
s'occupait d'agriculture et de sciences appliquées à
l'industrie, lorsqu'une riche héritière lui donna
sa main. La sœur des généraux Lallemand avait épousé
M. Guénard, chef de bataillon d'artillerie, officier de la
Légion-d'Honneur, décédé aux environs
de Metz il y a quelques années.
Moniteur, 1807, p. 1297
; 1811 , 685; 1814 , 710; 282, 293, 305, 844, 876, 1365; 1816, 847,
947; 1817, 518; 1819, 77, 78, 79, 85, 131.— Victoires, Conquêtes,
etc., des Français, t. XXIV, XXVI. Voy. laTable. —Biogr.
des Hommes vivans, t. IV , p. 66. — Biogr. nouv. des Contemp., t.
X , p. 373. Cette Biographie attribue à Lallemand jeune la
fondation du Texas. Je crois que c'est une erreur.
|
|
|
|