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LABAUME
(Eugène), capitaine au corps royal des ingénieurs-géographes,
chevalier de la Couronne-de-fer, est né à Nîmes,
vers 1780. Son père exerçait la profession d'avoué.
Le jeune Labaume, destiné au service militaire, entra de
bonne heure dans le corps du génie. Il passa bientôt
dans le royaume d'Italie, et fut nommé par le vice-roi Eugène
Beauharnais, auquel il avait été recommandé,
sous-lieutenant ingénieur-géographe. Ces fonctions
.ne furent pas celles qui l'occupèrent le plus ; le prince
le dispensait de la plus grande .partie du service, et l'employait
à des objets qui étaient pour lui d'une importance
particulière ; voulant réunir aux parcs de sa maison
de plaisance des portions du territoire de Monza, il chargea le
jeune Labaume d'en lever les plans. Il le fit ensuite passer à
Venise, pour mesurer les lagunes, et de là dans le Frioul,
pour tracer une carte du cours de la Brente ; enfin il l'envoya
à Paris, en 1811, avec la mission ostensible de quelques
travaux topographiques. M. Labaume profita du long séjour
qu'il fit dans cette capitale, pour prendre rang parmi les écrivains
: il publia une Histoire abrégée de la république
de Venise, 2 v. in-8°, Paris, 1811. Des journalistes de
Paris crurent sans examen ce qu'il annonce dans sa préface,
qu'il avait puisé ses matériaux dans les auteurs vénitiens,
et donnèrent les plus grands éloges à son ouvrage,
en témoignant, comme lui, quelque mépris pour l'histoire
de Venise, faite par l'abbé Laugier. Mais la chose fut examinée
de plus près en Italie, et l'on reconnut, en faisant des
comparaisons, que l'histoire de M. Labaume n'était que l'abrégé,
et souvent une copie littérale de celle de Laugier ; que
le premier n'avait consulté aucun des titres originaux des
anciennes histoires vénitiennes, et qu'enfin il avait puisé
dans le Dictionnaire historique de Chaudon, l'aventure
romanesque de Blanche Capello, et la barbare démonstration
d'amour de Mahomet II envers Irène. Tous ces détails
sont consignés dans un journal italien intitulé :
Annali di scienze e lettere. Néanmoins le vice-roi,
à qui l'ouvrage était dédié, redoubla
de bienveillance pour l'auteur, l'éleva au grade de lieutenant-ingénieur-géographe,
et, à son départ pour la campagne de 1812, le nomma
l'un de ses officiers d'ordonnance ; c'est en cette double qualité
que M. Labaume fit la campagne de Russie, il échappa à
ses désastres, et en revint avec la décoration de
la légion d’honneur. Il habita Milan jusqu'à la fin
de 1813, époque à laquelle le vice-roi se rendit dans
le Frioul ; et à l'approche des Autrichiens, il se retira
avec lui sur le Mincio. L'abdication de Napoléon ne changea
rien aux bonnes dispositions du prince, qui, pendant son séjour
à Paris, fit employer son protégé par le général
Dupont, alors ministre de la guerre. M. Labaume ne fut point employé
pendant le ministère du maréchal Soult, duc de Dalmatie,
qui le remplaça ; il alla habiter l'ancien état vénitien,
où il avait une propriété. Il avait publié
pendant son dernier séjour à Paris, une histoire de
la campagne de Russie, sous le titre de Relation circonstanciée
de la campagne de Russie, en 1812, ornée des plans de la
bataille de la Moskowa et du combat de Malo-Jaroslavetz. Cette
histoire, incomplète sans doute, puisqu'elle ne comprend
que les opérations du corps que commandait le prince Eugène,
est cependant intéressante, et joint en général
à l'exactitude des faits, le mérite du style ; elle
a été imprimée trois fois, et traduite en anglais
en 1815. Après le retour du roi, M. Labaume obtint une place
au bureau topographique du ministère de la guerre, et est
devenu un des trois historiographes de ce ministère.
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