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Huguenin (Sulpice) 1750-1803

 
         
  Personnage bien oublié, Sulpice Huguenin fut très actif dans toutes les grandes journées révolutionnaires. Il était à la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 ; c'est lui qui aurait coiffé Louis XVI du bonnet rouge le 20 juin 1792 ; il présida la commune insurrectionnelle du 10 août et prit part aux massacres de septembre.
Accuse de malversations, notamment lors d'une mission en Belgique, il parvint à se faire oublier et à vivre dans l'obscurité jusqu'à sa mort en 1803.
     

  Biographie universelle, ancienne et moderne (Michaud), tome 19, Paris 1817.     
 

HUGUENIN (Sulpice), l'un des plus fougueux démagogues qui dirigèrent les premiers événements de la révolution, naquit vers le milieu du XVIIIe siècle. Il fut d'abord avocat à Nanci, puis cavalier dans le corps des carabiniers, ensuite commis aux barrières de Paris. S'étant jeté dès le commencement dans tous les mouvements de la populace du faubourg Saint-Antoine, il concourut à la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, et à l'invasion des Tuileries, le 20 juin 1792. Ce fut lui qui ce jour-là, à la tête d'un rassemblement, entra dans le sein même de l'assemblée législative, menaçant hautement du geste et de la voix tous les députés qui siégeaient au côté droit. Il se porta ensuite au château, où il outragea indignement la famille royale et plaça un bonnet rouge sur la tête de Louis XVI. Dans la nuit qui précéda l'attaque du 10 août, Huguenin, conduisant un pareil rassemblement, s'empara de l'Hôtel-de-Ville, d'où il chassa la municipalité qui y tenait encore séance. Il constitua aussitôt, sous le nom de Conseil de la commune, ce terrible pouvoir, dont il se créa lui-même le président, qui fit répandre tant de sang, et qui ordonna tant de spoliations. Il signa bientôt en cette qualité tous les ordres qui remplirent les prisons d'une foule de victimes, et il donna le signal des massacres en proclamant solennellement, le 2 septembre, que la patrie était en danger. Il dirigea alors, de concert avec Danton, Billaud-Varenne, Mehé-Latouche et Tallien, les égorgements des prisons, et partit quelques jours après pour les départements, avec d'autres commissaires de l'horrible commune, afin d'y organiser des massacres du même genre. Il se rendit d'abord à Lyon où ses intrigues eurent peu de succès, puis à Chambéry où elles n'obtinrent guère d'autres résultats que la création d'une société populaire, qu'il inaugura en présence du général Montesquiou et de concert avec le comédien Michot, son collègue. Revenu à Paris, il se fit donner par la commune une autre mission pour la Belgique. C'est là qu'il s'abandonna sans réserve à son penchant effréné pour le pillage et les rapines. On a raconté qu'il fit charger à Bruxelles douze chariots d'argenterie des églises, de tableaux et de toute sortes de meubles précieux qu'on apporta dans son domicile du faubourg Saint-Antoine, où il réunissait quelquefois ses amis pour s'y livrer aux plus crapuleuses orgies. C'est dans cette demeure impure que fut transporté un lit de l'archiduchesse gouvernante des Pays-Bas, que le commissaire Huguenin avait réservé pour son usage particulier !... Toutes ces infamies furent cependant à la fin dévoilées ; et même à une telle époque on ne put les tolérer, quelle que fût l'importance des services que cet homme avait rendus à la révolution. Il fut ouvertement accusé, au sein du conseil de la commune, d'avoir volé, dans la journée du 10 août 1792, une somme de cinquante louis en or, et commis beaucoup d'autres dilapidations. Sur la proposition du même membre, il fut arrêté par le conseil, dans sa séance du 14 août 1793, qu'Huguenin rendrait compte, par écrit, de sa conduite dans toutes les missions qui lui avaient été confiées. Mais cette décision n'eut ostensiblement aucun résultat. Huguenin cessa néanmoins de faire partie du conseil; et il vécut encore plusieurs années dans l'obscurité. Cet homme, qui sans la révolution eût probablement eu une destinée plus heureuse et plus calme, avait obtenu un prix en 1778, à l'académie de Lyon, pour un mémoire sur les étangs, qui fut imprimé l'année suivante in-8°. M—Dj.

 

 

 

 

 

 

 

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  Voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sulpice_Huguenin
     
         

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