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Gasparin

 
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  Biographie universelle, ancienne et moderne, par une société de gens de lettres et de savants (Biographie Michaud). Supplément, tome 65, Paris, 1838 :    
 

GASPARIN (T.-A. de), conventionnel , né au Pont-Saint-Esprit vers 1740, d'une famille noble, était capitaine au régiment de Picardie, lorsque la révolution commença. Il en adopta les principes avec ardeur , et contribua beaucoup à faire réunir à la France le comtat Venaissin. Nommé député à l'assemblée législative par le département des Bouches-du-Rhône en 1791, il y montra d'abord quelque modération, et fit au nom du comité militaire, dont il était membre, plusieurs rapports assez sages. Mais aux approches du 10 août 1792, son exaltation révolutionnaire augmenta singulièrement. Il concourut de tout son pouvoir au renversement du trône, et fut envoyé aussitôt après comme commissaire dans le midi. Ayant été réélu député à la Convention nationale, un décret présenté par Danton le chargea dans le mois de septembre d'aller avec Lacombe Saint-Michel et Dubois-Crancé porter au général Montesquieu l'arrêt de destitution que l'assemblée venait de prononcer contre lui. Il s'acquitta de cette mission avec beaucoup de zèle, et revint bientôt à la Convention où il se lia de plus en plus avec le parti de la Montagne. Dans la séance du 3 janvier 1793, il dénonça ses collègues Brissot, Gensonné, Guadet et Vergniaud, les accusant d'avoir eu des intelligences avec Louis XVI, par l'entremise du peintre Boze. Les deux derniers de ces députés, qui étaient présents, repoussèrent avec force cette accusation, et l'assemblée passa à l'ordre du jour. Dans le procès du roi, Gasparin vota pour la mort, contre l'appel au peuple et contre tout sursis à l'exécution. Envoyé peu de temps après à l'armée du nord, il s'y trouva au moment de la défection de Dumouriez, provoqua un décret d'accusation contre ce général, et concourut à rallier les troupes au parti de la Convention. Revenu dans la capitale, il fut appelé au comité de salut public, et fit décréter l'envoi de quatre représentants auprès de chaque armée. Ayant donné sa démission de membre du comité de salut public, il fut lui-même envoyé à l'armée des Alpes, puis à Marseille, et se trouva chargé avec Salicetti, Fréron et Barras d'organiser l'armée qui devait assiéger Toulon. C'est là qu'il distingua Bonaparte et qu'il le fit employer si utilement pour la république et pour lui-même (V. Napoléon , au Suppl.). On a cependant fort exagéré les services qu'il rendit alors au jeune officier d'artillerie, et nous avons quelques raisons de soupçonner que Napoléon n'a lui-même parlé avec tant de chaleur de sa tardive reconnaissance, que pour cacher son ingratitude envers Barras, qui avait été réellement son bienfaiteur (1). Cette version est d'autant plus probable que Gasparin ne fut présent qu'aux premiers jours du siège, que Bonaparte envoyé tout récemment de Paris était à peine arrivé à l'armée lorsque ce représentant, obligé de s'en éloigner pour cause de maladie, se rendit à Orange où il mourut le 7 novembre 1793 (21 brumaire an II). Ce n'est que dans les premiers jours du mois suivant que le siège fut poussé avec quelque vigueur, et que Bonaparte s'y distingua aux attaques des forts ennemis. Toulon ne fut au pouvoir des républicains que le 20 décembre; il y avait alors deux mois que Gasparin avait quitté l'armée, et il y avait six semaines qu'il était mort. Toutes les sociétés populaires de la Provence prirent un arrêté pour honorer la mémoire de ce député Montagnard, qui le premier avait dénoncé l'infâme Boze, agent du ci-devant roi et des traîtres Guadet et Vergniaud. Le commissaire du comité de salut public, Mittié fils, prononça son oraison funèbre qui fut envoyée à la Convention nationale par le citoyen Prade, lequel s'intitulait le Jacobin de Paris. Il faut lire dans le Moniteur cette pièce bizarre pour croire à toute la démence de cette époque. Le cœur de Gasparin fut envoyé à la Convention , et l'on demanda pour lui les honneurs du Panthéon, qui cependant ne furent pas accordés. Six mois plus tard son ami Granet demanda encore pour lui des honneurs funèbres. Le 10 octobre 1794, trois mois après la chute de Robespierre, on lut à la Convention une lettre de Gasparin au même Granet, qui prouve que, dans sa mission à Marseille, il n avait pas toujours été d'accord avec Barras et Fréron. M—DJ.

(1) Ce n'est que bien longtemps après la mort de Gasparin, et lorsque Napoléon fut parvenu au faîte de la puissance, qu'il parut se souvenir des services que ce député lui avait rendus. Alors il fit faire des recherches pour trouver sa famille ; et, ayant découvert qu'il avait laissé deux fils, il les combla de bienfaits pendant sa vie, et leur laissa cent mille francs par son testament. L'un d'eux est aujourd'hui pair de France (V. Barras, LVII, 183, note 2 ).

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