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Fournier (Charles)
né à Saint-Domingue, et, pour cela, surnommé
l'Américain, fut un de ces misérables qui,
sur la fin du 18e siècle, désolèrent la France
par leurs forfaits. Envoyé en France peu de temps avant la
révolution, il était dans les prisons à cette
époque, et sur le point d'être jugé pour les
crimes dont il s'était rendu coupable. Les prisons s'ouvrirent
aux cris de vive la liberté ! et les révolutionnaires
firent de Fournier un aboyeur de place, et ensuite un membre du
club des Cordeliers (voy. Danton). Lorsqu'après le voyage
de Varennes, il fut question de mettre Louis XVI en jugement, ce
club organisa l'insurrection dite du Champ-de-Mars. Cette insurrection
commença, dans la matinée du 17 juillet 1791, par
l'assassinat de deux malheureux qui, pour faire un mauvais déjeuner
à l'abri du soleil, s'étaient placés sous un
tertre qu'on appelait autel de la patrie : ils furent pendus à
une lanterne à l'entrée du Gros-Caillou ; on leur
coupa la tête, dont on fit un trophée, pour le porter
à Paris. M. de La Fayette, commandant de la garde nationale
parisienne, se rendit au Champ-de-Mars avec un faible détachement
pour faire cesser le désordre ; mais il ne put y parvenir.
Fournier lui lâcha de très près un coup de pistolet
qui ne l'atteignit pas : les gardes nationaux le saisirent ; il
fut ensuite relâché. L'assemblée nationale ordonna
de l'arrêter ; il prit la fuite : mais bientôt l'amnistie
le rendit à ses complices, et il recommença avec eux
le cours de ses brigandages. Il commandait, dans la journée
du 10 août, une compagnie de Marseillais, et il fut un de
ceux qui contribuèrent le plus au succès de cet épouvantable
attentat. Repoussé plusieurs fois, il revint plusieurs fois
à la charge ; et la demeure des rois de France ne fut plus
que le théâtre du plus affreux carnage. Presque tous
ceux qu'on y trouva, périrent : des gens de cuisine furent
précipités dans le feu, et beaucoup de femmes inhumainement
assassinées. Mais on doit dire ici que Fournier s'empressa
de les secourir, et qu'il parvint à en sauver plusieurs :
tant il est vrai que, même chez les plus grands scélérats,
l'humanité ne perd jamais entièrement ses droits ;
et cette réflexion est applicable à tous ceux que
la révolution de France a fait connaître. Fournier
fut ensuite charge d'aller chercher à Orléans, et
de conduire à Versailles, les prisonniers accusés
de haute-trahison. Il les fit tous massacrer dans cette dernière
ville, le 9 septembre 1792. Le 12 mars 1793, il fut accusé
par Bourdon de l'Oise d'avoir présidé aux massacres
de septembre ; et l'on ordonna son arrestation, qui ne fut point
exécutée, quoique Marat lui-même l'eût
dénoncé, et ce qui est très bizarre, comme
ayant tiré un coup de pistolet à M. de La Fayette.
Fournier avait été un des compagnons de Jourdan, dit
Coupe-tête, lors de la révolution avignonnaise,
et il avait participé à ses forfaits. Il fut condamné
a la déportation, lorsque Buonaparte s'empara du gouvernement
; puis seulement mis en surveillance, et enfin, lors de l'événement
du 3 nivôse an IX ( 24 décembre 1800), conduit aux
îles Séchelles, où il est mort en 1803, dans
un âge peu avancé. B —v.
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Jourdan,
dit Coupe-tête
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