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Fournier, dit l'Américain

 

Biographie universelle, ancienne et moderne (Michaud), tome 15, 1816 :

   
 

Fournier (Charles) né à Saint-Domingue, et, pour cela, surnommé l'Américain, fut un de ces misérables qui, sur la fin du 18e siècle, désolèrent la France par leurs forfaits. Envoyé en France peu de temps avant la révolution, il était dans les prisons à cette époque, et sur le point d'être jugé pour les crimes dont il s'était rendu coupable. Les prisons s'ouvrirent aux cris de vive la liberté ! et les révolutionnaires firent de Fournier un aboyeur de place, et ensuite un membre du club des Cordeliers (voy. Danton). Lorsqu'après le voyage de Varennes, il fut question de mettre Louis XVI en jugement, ce club organisa l'insurrection dite du Champ-de-Mars. Cette insurrection commença, dans la matinée du 17 juillet 1791, par l'assassinat de deux malheureux qui, pour faire un mauvais déjeuner à l'abri du soleil, s'étaient placés sous un tertre qu'on appelait autel de la patrie : ils furent pendus à une lanterne à l'entrée du Gros-Caillou ; on leur coupa la tête, dont on fit un trophée, pour le porter à Paris. M. de La Fayette, commandant de la garde nationale parisienne, se rendit au Champ-de-Mars avec un faible détachement pour faire cesser le désordre ; mais il ne put y parvenir. Fournier lui lâcha de très près un coup de pistolet qui ne l'atteignit pas : les gardes nationaux le saisirent ; il fut ensuite relâché. L'assemblée nationale ordonna de l'arrêter ; il prit la fuite : mais bientôt l'amnistie le rendit à ses complices, et il recommença avec eux le cours de ses brigandages. Il commandait, dans la journée du 10 août, une compagnie de Marseillais, et il fut un de ceux qui contribuèrent le plus au succès de cet épouvantable attentat. Repoussé plusieurs fois, il revint plusieurs fois à la charge ; et la demeure des rois de France ne fut plus que le théâtre du plus affreux carnage. Presque tous ceux qu'on y trouva, périrent : des gens de cuisine furent précipités dans le feu, et beaucoup de femmes inhumainement assassinées. Mais on doit dire ici que Fournier s'empressa de les secourir, et qu'il parvint à en sauver plusieurs : tant il est vrai que, même chez les plus grands scélérats, l'humanité ne perd jamais entièrement ses droits ; et cette réflexion est applicable à tous ceux que la révolution de France a fait connaître. Fournier fut ensuite charge d'aller chercher à Orléans, et de conduire à Versailles, les prisonniers accusés de haute-trahison. Il les fit tous massacrer dans cette dernière ville, le 9 septembre 1792. Le 12 mars 1793, il fut accusé par Bourdon de l'Oise d'avoir présidé aux massacres de septembre ; et l'on ordonna son arrestation, qui ne fut point exécutée, quoique Marat lui-même l'eût dénoncé, et ce qui est très bizarre, comme ayant tiré un coup de pistolet à M. de La Fayette. Fournier avait été un des compagnons de Jourdan, dit Coupe-tête, lors de la révolution avignonnaise, et il avait participé à ses forfaits. Il fut condamné a la déportation, lorsque Buonaparte s'empara du gouvernement ; puis seulement mis en surveillance, et enfin, lors de l'événement du 3 nivôse an IX ( 24 décembre 1800), conduit aux îles Séchelles, où il est mort en 1803, dans un âge peu avancé. B —v.

 

 

 

 

 

 

Jourdan, dit Coupe-tête

 

 

 

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