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Jourdan, dit Coupe-tête

 

Encyclopédie des gens du monde, répertoire universel des sciences, des lettres et des arts, volume 15, Paris 1841 :

   
 

Jourdan (Mathieu Jouve) dit Coupe-tête, un des monstres les plus horribles de l'époque révolutionnaire. Né en 1749, dans un village du Vivarais, successivement apprenti maréchal-ferrant, garçon boucher, soldat, contrebandier, et, comme tel, condamné à mort par contumace à Valence, Jourdan vint se cacher à Paris, sous le nom de Petit. Attaché d'abord aux écuries du maréchal de Vaux, il parait qu'il entra ensuite au service du gouverneur de la Bastille. La révolution le trouva établi comme cabaretier, profession qui s'accordait au mieux avec des habitudes d'ivrognerie qui ne le quittèrent jamais. Au 14 juillet, ce fut lui, à ce qu'on assure, qui égorgea l'infortuné de Launay, son ancien maître. Plusieurs biographes le présentent aussi comme un des meurtriers des gardes-du-corps massacrés à Versailles dans les journées des 5 et 6 octobre ; mais d'autres prétendent que, dès cette époque, il exerçait à Avignon l'état de roulier. Les troubles qui éclatèrent en cette ville, au mois d'avril 1791, à l'occasion du projet de réunion du comtat Venaissin à la France, ayant donné lieu à la formation d'un corps de volontaires sous le nom d'armée de Vaucluse, Jourdan, qui ne savait ni lire ni écrire, et qui ne signait qu'au moyen d'une griffe, devint général en chef de cette troupe, après la mort du chevalier Patrix, assassiné par ses soldats. Sous ce nouveau chef, l'armée de Vaucluse mit tout à feu et à sang dans le Comtat, dévastant les moissons, incendiant les églises, les châteaux, et n'épargnant pas plus les chaumières. Au mois d'août suivant, six membres de la municipalité et plusieurs citoyens ayant été emprisonnés à l'instigation de Rovère, Mainvielle et Duprat jeune, chefs des révolutionnaires de cette commune, ces fonctionnaires et d'autres détenus, au nombre de 73, furent, dans la nuit du 16 au 17 octobre, massacrés à coups de barres de fer par Jourdan et ses satellites. Cette exécution qui, sous le nom de massacre de la glacière d'Avignon, a acquis une horrible célébrité, fut suivie d'un décret d'arrestation émané de l'Assemblée législative contre Jourdan Coupe-tête ; mais il échappa aux effets de ce décret, par suite de l'amnistie du mois de mars 1792 ; alors il entreprit à Avignon le commerce de la garance. Vers la fin de 1793, Rovère et Poultier ne craignirent pas de l'investir du commandement de la gendarmerie dans les départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Il fut, dans ces fonctions, le pourvoyeur infatigable de la sanguinaire commission populaire établie à Orange. Un voyage qu'il fit à Paris, au commencement de 1794, lui procura une éclatante réception au sein du club des Jacobins. De retour dans le Midi, il eut l'audace de faire arrêter le représentant Pélissié, porteur d'un congé de la Convention. La dénonciation de ce fait amena Jourdan devant le tribunal révolutionnaire. Il y parut, le 27 mai, portant sur la poitrine une énorme image de Marat ; mais ce talisman ne le garantit pas contre un arrêt de mort qui fut exécuté le même jour.
P. A. V.

 

comtat Venaissin

 

 

 

 

 

 

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