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FONTANELLE (Jean-Gaspard
Dubois- ), littérateur, né à Grenoble, le 29
octobre 1737, fit ses études dans sa patrie, et vint a Paris,
vers 1760, avec quelques ouvrages dramatiques de sa composition,
qu'il présenta au Théâtre-Français. Deux
de ses comédies y furent jouées; mais on refusa sa
tragédie de Pierre-le-Grand, ouvrage de sa première
jeunesse, et dont le principal défaut était d'avoir
marqué le caractère du czar, en le peignant comme
un tyran et non comme un législateur. Son drame d'Ericie,
ou la Vestale fut reçu par les comédiens qui se préparaient
à le jouer, mais la pièce ayant été
portée à la police, le censeur Marin y trouva des
choses si fortes contre le fanatisme et les couvents, qu'il refusa
son approbation. Elle fut successivement renvoyée à
l'archevêque de Paris et à la Sorbonne. La représentation
en fut arrêtée, mais, malgré la défense,
on l'imprima clandestinement, en 1760, et elle fut avidement recherchée;
maïs plusieurs colporteurs furent condamnés à
la marque et aux galères pour en avoir vendu des exemplaires.
Elle parut sur le théâtre de Lyon, le 9 juin, avec
le plus grand succès; mais la cabale des dévots s'élant
soulevée contre un drame qui peignait la vie monastique sous
les couleurs les plus effrayantes, il devint, comme à Paris,
une affaire de religion, et fut aussi mis à l'index. Fontanelle
travaillait depuis quelques années à l'Année
littéraire de Fréron, lorsque le duc de Deux-Ponts,
ayant établi dans ses états une Gazette universelle
de politique et de littérature, en 1770, le choisit
pour diriger cette double entreprise. Fontanelle avait fait recevoir
au Théâtre-Français la tragédie de Lorédan;
mais les comédiens, abusant de son absence, ballottèrent
l'auteur et la pièce, et il fallut que Mercier, qu'il avait
chargé de ses pouvoirs, eut recours à l'autorité
de la reine. Lorédan fut joué, le 17 février
1776, et dut son peu de succès moins à l'activité
du sujet qu'à la malveillance des acteurs qui s'acquittèrent
fort mal de leurs rôles, et qui, par une mauvaise plaisanterie,
donnèrent le Deuil pour petite pièce. La même
année Fontanelle cessa de travailler à la Gazette
de Deux-Ponts, et se chargea de la partie politique du Journal de
politique et de littérature de Panckoucke jusqu'en 1778;
il fit alors la partie politique du Mercure jusqu'en 1784, et rédigea
ensuite la Gazette de France, durant plusieurs années. Fontanelle
quitta Paris pendant le gouvernement révolutionnaire, et
se retira dans sa patrie où il devint professeur aux écoles
centrales du département de l'Isère. Il y mourut le
15 février 1812.
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