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Duchesnois 1777 - 1835, tragédienne française

 

  Nouvelle biographie générale (Hoefer), tome 14, Paris 1858.     
 

DUCHESNOIS (Catherine-Joséphine RAFIN, dite), célèbre tragédienne française, née à Saint-Saulves-lès-Valenciennes, le 5 juin 1777 (et non en 1780), morte le 8 février 1835. Elle fut successivement couturière à Paris et domestique à Valenciennes. Elle prit du goût pour la carrière dramatique en jouant dans une société d'amateurs, et parut pour la première fois, le 10 janvier 1797, sur le théâtre public de Valenciennes, comme actrice salariée; elle obtint un double succès, dans la tragédie et dans la comédie. Elle joua le personnage de La Paix dans une pièce épisodique composée par un habitant de la ville, et remplit avec beaucoup de succès le rôle de Palmyre de Mahomet, lors d'une représentation donnée en 1799, au bénéfice des indigents.
Bientôt, cédant à un entraînement irrésistible, elle quitta furtivement Valenciennes, et se rendit de nouveau à Paris. Vouée désormais au culte de la muse tragique, elle se fit admettre à un cours de déclamation professé par Florence, très médiocre acteur du Théâtre Français. Ce fut là que le poëte Vigée, ayant eu occasion de l'entendre, s'intéressa vivement à Mlle Duchesnois, ainsi que Legouvé, dont elle reçut des conseils; ce fut par la protection de ces deux poëtes, et l'appui de Mme de Montesson qu'en juillet 1802 elle débuta avec beaucoup d'éclat, par le rôle de Phèdre.
Le 8 novembre suivant elle termina ses débuts, et fut couronnée sur la scène même, malgré l'opposition de la plupart de ses camarades, qui, pour lui faire expier en quelque sorte son triomphe, la retinrent éloignée pendant près de trois mois, pour faire occuper sa place par une rivale.
Mlle Duchesnois avait successivement joué les rôles de Roxane, de Sémiramis, de Didon et d'Hermione; à l'exception de ce dernier, aucun de ces rôles ne lui avait été aussi favorable que celui de Phèdre. Bientôt il s'éleva une lutte de rivalité entre les partisans de cette actrice et ceux de la nouvelle venue, Mlle Georges Weymer; lutte qui pendant trop longtemps fit du parterre de la Comédie Française une arène de pugilat, et dont Geoffroy, le fameux critique, s'était déclaré le chef en faveur de cette dernière actrice. Malgré sa supériorité réelle sur sa concurrente, Mlle Duchesnois aurait vraisemblablement succombé sans l'intervention de l'impératrice Joséphine, qui fit ordonner sa réception. Cette actrice fut donc reçue sociétaire, le 22 mars 1804.
Ce ne fut qu'après la fuite de Mlle Georges en Russie, que Mlle Duchesnois eut enfin le champ libre; mais il lui avait fallu beaucoup de résignation pour résister aux vexations que ne cessaient de lui susciter ses envieux. On raconte qu'à l'issue d'une représentation d'Iphigénie en Aulide, Mlle Raucourt, qui patronait Mlle Georges, ayant été accueillie par un sifflet, l'attribua à Eriphile; elle voulut s'en venger à force ouverte, et il fallut arracher de ses mains Mlle Duchesnois, qui n'était nullement de taille à lutter contre la colossale Clytemnestre.
Les rôles établis d'origine par Mlle Duchesnois sont peu nombreux. Ceux où elle a laissé le plus de souvenirs sont Marie Stuart, dans la tragédie de Lebrun, et Jeanne d'Arc, dans la pièce de D'Avrigny.
Le premier coup d'œil n'était pas favorable à Mlle Duchesnois, et sa taille, bien qu'élégante, manquait de majesté. Son organe était doux et sonore à la fois, et il se prêtait facilement à l'expression des sentiments tendres. Cette tragédienne a été jugée fort diversement par les critiques contemporains; il est certain qu'elle ne fut pas sans défauts, et que son débit particulièrement était accompagné d'une sorte de hoquet dramatique, fatigant pour les auditeurs; mais elle avait de l'énergie et de la sensibilité. Elle fit ses adieux au public le 30 mai 1833, dans une représentation donnée au bénéfice de Mme Dorval, sur le théâtre de l'Opéra, et mourut deux ans après.
Ed. DE MANNE.


 

 

 

 

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Voir aussi :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine-Jos%C3%A9phine_Duchesnois


     

 

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