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Dubois
(le baron Jacques-Charles), maréchal-de-camp, né à
Reux le 27 novembre 1762, mort à Sens le 14 janvier 1847.
Quelques faits empruntés à ses états de services
suffiront pour montrer avec quelle distinction cet officier de cavalerie
a parcouru sa carrière, depuis les premières campagnes
de la République jusqu'au renversement de l'Empire.
Capitaine au 16e régiment de dragons, il se signale au combat
d'Otricoli (décembre 1798) en se jetant, lui quatrième,
sur un corps de Napolitains, qui se disperse en laissant vingt des
siens au pouvoir de ces hardis assaillants. — Le 4 février
1807, major au 5e régiment de la même arme, dont il
avait le commandement, il culbute, à la tête d'une
compagnie d'élite, l'arrière-garde d'une colonne d'infanterie
russe, et reçoit les félicitations de Murat, présent
à l'action. — Quatre jours après, à la sanglante
bataille d'Eylau, sa vigoureuse intervention dégage deux
bataillons français errants dans les neiges et près
de succomber sous le choc d'une nombreuse cavalerie. — Dans la campagne
de 1809, devenu colonel du 7e de cuirassiers, il contribue glorieusement
à la victoire d'Essling, si chèrement achetée,
et à celle de Wagram, qui met fin à la guerre ; —
puis, aux jours de nos premiers revers, lorsque la Grande-Armée,
ou plutôt lorsque ses vaillants débris franchissent
les ponts élevés à la hâte sur la Bérésina,
il s'élance avec ce régiment sur un carré de
sept mille Russes, et les force de mettre bas les armes. Le général
Doumerc voulut attribuer à toute la brigade l'honneur de
ce brillant succès: « Laissez-le tout entier au
7e de cuirassiers, s'écria Dubois ; je le sais mieux
que vous, qui ne nous suiviez pas ! » Je tiens ce
fait d'un officier supérieur témoin de la querelle.
S'il avait besoin de confirmation, on la trouverait dans le décret
spécial qui éleva le colonel Dubois au rang de général
de brigade, « pour reconnaître, y est-il dit, la
conduite distinguée qu'a tenue cet officier et son régiment
en chargeant seuls le carré des Russes. » Après
cette campagne, le général fut employé à
la défense de Hambourg. Lorsque les événements
de 1814 furent accomplis, il ramena en France la 8e colonne de la
vaillante garnison que l'Empereur avait laissée dans cette
place. Il reparut avec lui, en 1815, sur le dernier champ de bataille
de la Grande-Armée, à Waterloo, où il fut blessé
d'un coup de sabre. Quelques mois après, il était
mis à la retraite.
Peu d'hommes ont été plus propres au rude métier
de la guerre. Il joignait à un tempérament robuste
une fermeté de caractère que rien ne faisait fléchir.
Lorsque la mort l'a frappé, plus de trente ans après
la fatale journée du Mont-Saint-Jean, l'héroïque
vieillard n'avait rien perdu de son énergie.
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