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Chambray

     
 

George de Chambray est l'auteur de l'Histoire de l'expédition de Russie. Il fit la campagne de 1812 comme capitaine dans l'artillerie à cheval de la garde.
Il écrit dans la préface de la 2e édition de son ouvrage (1825) :

"On aime à savoir dans quelle position se trouvait l'historien d'un événement si rapproché de nous ; je vais donner ce renseignement, quelque répugnance que j'aie à parler de moi. J'étais, lors de l'expédition de Russie, capitaine dans l'artillerie à cheval de la garde impériale ; je suivis ce corps à Moscou et pendant la retraite, jusqu'à Wilna, où je fus fait prisonnier. A peine rétabli d'une maladie grave, on m'envoya à Tchernigow, en Ukraine ; ce fut là que, au milieu des souffrances d'une santé entièrement délabrée et des ennuis de la captivité, je formai le projet d'écrire l'Histoire de l'Expédition de Russie ;projet vague alors, mais que je mis à exécution à mon retour en France."

     

 

Biographie des hommes du jour, Par Germain Sarrut et B. Saint-Edme, membres de l'Institut historique, tome 2, 1re partie, Paris, Krabbe, 1836.

   
 

ROGUET (François, comte), né à Toulouse (Haute-Garonne), le 12 novembre 1770, entra comme soldat, le 3 mai 1789, au régiment d'infanterie de Guienne, devenu 21e. Il devint caporal-fourrier le 1er janvier 1791, adjudant-sous-officier, le 15 décembre, au 1er bataillon de la Haute-Garonne, lors de sa formation, et adjudant-major-capitaine le 5 avril 1793 au même bataillon, qui forma, par l'amalgame du 1er pluviôse an III, la 21e demi-brigade d'infanterie de ligne, laquelle forma la 32e par l'organisation du 25 ventôse an IV. Roguet fit les campagnes de 1792 à l'an VIII à l'armée d'Italie. Le 5 messidor an III, il sauta le premier dans le fossé du fort de Savone, et fut atteint d'une balle qui lui traversa la jambe gauche. En germinal an V, au passage du Tyrol, il traversa de nuit le camp ennemi à la tête d'un bataillon, et délivra les grenadiers de la 5e demi-brigade de ligne et les ramena avec lui. Nommé par le général Bonaparte, sur le champ de bataille, chef du 1er bataillon de la 33e demi-brigade de ligne le 1er nivôse, il sut, quoique très jeune alors, maintenir parmi ses troupes la discipline la plus exacte. Nos ennemis étaient parvenus à semer le désordre dans l'armée. Les troupes françaises se révoltèrent contre leurs chefs, à l'exception du bataillon commandé par le brave Roguet ; pas un soldat de ce corps ne cessa d'observer l'obéissance et l'ordre le plus parfait. Le 6 germinal an VII, à la bataille de Vérone, le village de Sainte-Lucie avait été pris et repris plusieurs fois, le général Moreau ordonna au chef de bataillon Roguet de s'en emparer. Il chassa l'ennemi et se maintint dans ce village ; mais il fut grièvement blessé d'un coup de feu à la jambe droite. Vers la fin du mois de floréal, il n'était pas encore guéri de sa blessure et se trouvait à Gènes, lorsque le Piémont se souleva en masse, ainsi que les vallées du Tanaro et d'Oneille. Les insurgés, guidés par des officiers autrichiens et piémontais, se portèrent dans le Ponent de la Ligurie. Les Anglais tenaient la mer ; Gênes n'avait aucune communication avec la France, ni avec l'armée. M. Roguet fut chargé de châtier les insurgés ; les battit, les dispersa, s'empara de leur artillerie, désarma la population, et détruisit jusqu'au plus petit germe d'insurrection. Ainsi se trouvèrent rétablies les communications entre Gênes, la France et l'armée d'Italie.
Nommé, sur le champ de bataille, chef de la 33e demi-brigade de ligne le 23 prairial an VII, M. Roguet se distingua à la tête de sa demi-brigade, quoique réduite de 3.000 hommes à 350, aux batailles de Fossano et de Novi. Cette demi-brigade, par suite des malheurs de la campagne, n'étant plus composée que de 160 hommes, M. Roguet reçut l'ordre de la conduire à Paris pour la réorganiser. Quelques mois lui suffirent pour donner à ce corps une instruction et une discipline si parfaites, qu'on le cita comme le modèle de l'armée. Le 11 fructidor an XI, le premier Consul éleva M. Roguet au grade de général de brigade. Créé membre de la Légion d'Honneur le 19 frimaire an XII, électeur de la Haute-Garonne, et commandant de l'Ordre le 25 prairial, il servit au camp de Montreuil. Attaché, en l'an XIV, à la 2e division du 6e corps de la grande armée, il passa le Rhin le 3 vendémiaire, et servit en Allemagne. A l'affaire d'Elchingen, par des manœuvres savantes et hardies, il enleva toutes les hauteurs occupées par l'ennemi. Le 13 brumaire, il s'empara du fort de Leutach, força 750 hommes du régiment de Kinski à mettre bas les armes, et s'empara d'une grande quantité de munitions et de 4 pièces de canon. Le commandant de Scharnilz, informé de la prise de Leutach, vint attaquer le général Roguet avec une forte artillerie ; mais, après de vains efforts , il se vit obligé de se rendre avec 600 hommes et 11 pièces de canon. Dans cette brillante expédition, le général Roguet avait aplani tous les obstacles qui s'opposaient à l'entrée des Français dans le Tyrol ; le maréchal Ney ordonna que tous les grenadiers de l'armée seraient réunis et que ce général en prendrait le commandement. Il fit des prodiges de valeur aux batailles d'Iéna et d'Eylau, et à la reprise de Gusladt, le 5 juin 1807, où il reçut un coup de feu qui lui traversa le pied gauche. Resté sur le champ de bataille, il tomba au pouvoir de l'ennemi.
Rentré en France après la paix de Tilsit, et n'étant pas guéri de sa blessure, il fut chargé, le 10 septembre 1807, de l'organisation et de l'instruction de toutes les troupes stationnées dans la 1re division militaire ; elles étaient composées de conscrits destinés à former la première armée d'Espagne. Il remplit cette mission à la satisfaction de l'Empereur, qui le récompensa par l'ordre de la Couronne-de-Fer le 7 décembre, et par le titre de baron le 19 mars 1808. Le 19 mai, il se rendit à l'Ile de Cadsand, 24e division militaire, dont il venait d'être nommé commandant, et la mit sur un tel pied de défense qu'il contraignit les Anglais à s'en éloigner. Le 22 août suivant, il passa à l'armée d'Espagne. La prise de Bilbao et celle de Santander lui firent le plus grand honneur, et lui méritèrent d'être nommé général dans la garde impériale le 5 avril 1809.
En 1810, il arrêta les progrès de l'armée de Galice, et il obtint le grade de général de division le 24 juin 1811. Appelé au commandement du 6e gouvernement d'Espagne, il sut se concilier l'estime des Espagnols par sa probité et sa justice. En 1812, il quitta l'Espagne avec une division composée de fusiliers, et des 2 premiers régiments de tirailleurs et de voltigeurs de la jeune garde, pour se rendre à l'armée de Russie. Dans la nuit du 14 novembre, cette division attaqua les troupes russes qui occupaient Putkowa, les battit complètement et les força à se retirer sur Slukino. Le 17, afin de protéger la retraite de l'année française, le général Roguet soutint, en bataille, toute la journée, le feu de 60 pièces d'artillerie, qui mirent 1.500 hommes de sa division hors de combat. Après la désastreuse retraite de Moscou, le général Roguet fut chargé de rassembler les débris de la vieille garde, qu'il réorganisa pour la campagne de Dresde.
Le 3 avril, l'Empereur le nomma grand'croix de l'ordre de la Réunion. A la bataille de Dresde, le 26 août, il commandait 14 bataillons de conscrits à peine habillés et récemment arrivés de Paris. Électrisés par l'exemple de leur chef, ces jeunes soldats devinrent des héros et décidèrent le succès de cette belle journée ; le général Roguet reçut une contusion de balle au-dessus du talon gauche. Il rendit les plus importants services à Wachau, à Leipzig et à Hanau, et obtint le titre de comte de l'Empire le 28 novembre de la même année.
L'Empereur, dans l'impatience de recouvrer Bréda, ayant donné au général Roguet l'ordre de marcher d'Anvers sur cette place, pour tâcher de s'en rendre maître par un coup de main, et de rouvrir la communication avec Gorcum, celui-ci se mit en marche avec 6.000 conscrits et 800 chevaux, chassa les avant-postes du général Stall, arriva le 20 décembre devant Bréda, et commença le bombardement à la nuit ; mais la rapidité des mouvements qui s'opéraient alors sur toute la ligue ne lui laissa pas le temps de remplir les intentions de Napoléon. Le 11 janvier 1814, il livra, près d'Anvers, le glorieux combat de Meers. Lors de la tentative des Anglais sur cette première place, il marcha contre eux et les repoussa avec vigueur. Sa division reçut l'ordre de se rendre à Gand, et prit part au combat de Courtrai ; et telle était l'intrépidité de ces conscrits, qu'un seul bataillon détruisit un corps entier de Saxons. Après l'abdication de l'Empereur, le général Roguet fit sa soumission, reçut, le 8 juillet, la croix de Saint-Louis, et fut nommé, le 18, colonel à la suite du corps des grenadiers à pied de France, et grand-officier de la légion-d'Honneur le 23 août suivant. Au 20 mars 1815, le général Roguet reprit son emploi de colonel en second des chasseurs à pied de la garde impériale, fit avec ce corps la campagne de France, et soutint sa réputation à Ligny, à Fleurus et à Waterloo. Cet officier-général signa la déclaration de l'armée, du 2 juillet, à la Chambre des représentants. Mis en non-activité le 16 octobre, il obtint sa retraite le 1er janvier 1825. En 1830, il commanda l'infanterie de la place de Paris, et fut chargé de son organisation. Louis-Philippe l'éleva à la pairie le 19 novembre 1831. Le 15 avril 1834, il proposa et développa un amendement au projet de loi sur l'état des officiers de terre et de mer. En 1838 et 1839, il prit plusieurs fois la parole à la Chambre des pairs, dans l'intérêt de l'armée. Le nom du général Roguet est inscrit sur l'arc-de-triomphe de l'Étoile, côté Sud. Th.

 
 
         
 
     

 

 

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