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BOISSY
D'ANGLAS (François-Antoine), né à St-Jean-la-Chambre
(Ardèche) en 1756, mort en 1826, n'était occupé
que de sciences et de belles-lettres, lorsqu'en 1789 la sénéchaussée
d'Annonay (tiers état) le députa aux Etats-Généraux.
Il n'eut pas d'abord la modération qui l'a distingué
dans la suite de sa carrière, et sembla vouloir faire de
la monarchie française une république protestante.
Pendant l'Assemblée législative, il remplit les fonctions
de procureur-syndic dans l'Ardèche, qui l'élut membre
de la Convention. Dans le procès de Louis XVI, il vota la
détention, puis la déportation, puis l'appel au peuple
et le sursis.
Il ne reparut à la tribune qu'après le 9 thermidor.
Nommé alors membre du comité de salut public, il montra
beaucoup de sagesse ; mais chargé de l'approvisionnement
de Paris dans un temps de disette, il fut désigné
comme un ennemi au peuple irrité.
La journée du 12 germinal an III révéla son
grand caractère, que fit éclater davantage encore
celle du 1er prairial. Dans cette funeste journée, les faubourgs
envahirent l'Assemblée ; le président fatigué
appela au fauteuil Boissy d'Anglas, qui montra un calme et une intrépidité
admirables. Les fusils dirigés contre sa poitrine ne purent
l'intimider. On sabre Kervélégan, on massacre Féraud,
on présente sa tête au bout d'une pique ; l'inflexible
président salue cette tête avec respect, et rien ne
peut lui faire quitter son siége. Enfin la force armée
approche, les insurgés s'enfuient, et la Convention, envahie
depuis le matin, délibère à 11 heures du soir.
Le sang-froid de Boissy d'Anglas l'avait sauvée.
De la Convention Boissy passa au conseil des Cinq-Cents. Condamné
à la déportation après le 18 fructidor, il
fut appelé, après le 18 brumaire, au tribunat, puis
au sénat de l'Empire avec le titre de comte, à la
Chambre des pairs en 1814, à une mission de commissaire extraordinaire
dans le Midi pendant les Cent-Jours.
Réintégré dans les honneurs de la pairie qu'on
lui avait enlevés, il défendit avec fermeté
la ou les élections, le jury, la liberté de la presse,
et s'éleva avec chaleur contre la loterie. Outre ses brochures
politique de la Révolution, il a publié : Essai
sur la vie, les écrits et les opinions de M. de Malesherbes,
1819-21, 3 parties, in-8° ; Etudes littéraires et
poétiques d'un vieillard, 1825, 8 vol. in-12.
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