|
Amoros
(Don Francisco), né en Espagne le 19 février 1770,
entra au service à l'âge de 9 ans, en qualité
de fils de militaire, et y fit ses études. Sous-lieutenant
à 21 ans, il assista au siège de la ville d'Oran,
en Afrique, où il obtint le grade de lieutenant. Dans les
campagnes de 1792 et de 1790, M. Amoros se distingua par plusieurs
actions qui lui méritèrent les suffrages de ses chefs,
principalement à l'attaque du fort de Bellegarde, où
il entra le premier, et dont il régla la prise de possession.
Il se distingua également à la prise de Villefranche,
et après l'attaque malheureuse de Vernet, M. Amoros soutint
avec intrépidité la retraite de l'armée espagnole.
A Peirestortes il quitta le dernier le champ de bataille, et attaqua
la batterie de brèche, contre le fort Saint-Elme : après
avoir traversé le camp des Français, M. Amoros, qui
se trouvait bloqué avec 500 hommes au milieu de l'armée
de cette nation, ne voulut pas se rendre, et détermina ses
soldats à attaquer les nombreuses colonnes qui l'entouraient.
Animés par son exemple, ils se précipitèrent
dans les rangs français, mais ils faillirent succomber tous,
et 37 seulement parmi lesquels était M. Amoros, parvinrent
à gagner la ville de Collioure. Il était alors major-général,
et fut nommé pour traiter de la capitulation du fort Saint-Elme,
avec le générai Despinois. Ce dernier demanda pour
première clause qu'on lui remît les émigrés
; M. Amoros s'y opposa formellement. Le général, outré
de sa résistance, menaça de faire passer tous les
Espagnols au fil de l'épée; M. Amoros lui répondit
que les soldats qui avaient bravé la mort pour se faire jour
au travers de l'année française, périraient
tous plutôt que de consentir à cet article. Le général
Despinois ayant fait recommencer l'assaut, M. Amoros s'empressa
de sauver les émigrés, qu'il fit embarquer malgré
le feu meurtrier des Français ; peu de temps après
le fort fut rendu. La guerre entre la France et l'Espagne avait
cessé parle traité de Bâle, du 23 juillet 1795
; l'activité de M. Amoros prit une autre direction. Il fut
appelé pour servir sous les ordres de son oncle, le lieutenant-général
Fons de Viela, gouverneur de Cadix, et depuis vice-roi de Navarre.
Il ne tarda pas à être placé à la secrétairerie
du ministère de la guerre, où il entra en 1796 ; puis
il remplit plusieurs missions extraordinaires, et fut chargé,
en 1803, de l'organisation de divers établissements de bienfaisance
et d'utilité publique. M. Amoros posa les bases d'un ministère
de l'intérieur qui n'existait pas, et reçut, en récompense
de son travail, une pension extraordinaire de 4.000 fr. Il fut chargé
de la direction d'un institut militaire établi à Madrid,
pour réformer l'éducation publique en Espagne, et
faire adopter la méthode de Pestalozzi ; et en 1807, il fut
choisi pour présider à l'éducation de l'infant
d'Espagne, don François de Paule. Les soins qu'il prodigua
à ce prince furent récompensés par le roi Charles
IV, qui donna à M. Amoros des marques de sa haute estime.
A la suite de la révolution qui eut lieu à Madrid,
le 19 mars 1808, M. Amoros fut arrêté par l'ordre de
Ferdinand, et relâché peu de temps après sur
la recommandation écrite de l'infant don Antonio. Pour prouver
son dévouement et son obéissance au gouvernement,
il offrit ses services à Ferdinand, et fut ensuite nommé
pour représenter le conseil des Indes à l'assemblée
des Cortès réunis à Bayonne, où il fut
admis près de Napoléon. Cette assemblée terminée,
M. Amoros s'attacha aux intérêts du roi Joseph. Il
fut chargé de plusieurs missions importantes, et nommé
successivement conseiller d'état, intendant général
de la police, et commissaire royal dans les provinces de Guipuscoa,
à Alava et à Viscaye. Il repoussa les Anglais à
Bermeo et Legueytio, organisa les milices du pays, établit
l'ordre, et fit respecter le gouvernement du nouveau roi. Les obstacles
qu'il rencontra à Burgos l'obligèrent de revenir à
Madrid, où il fut favorablement accueilli par le roi Joseph,
et chargé de la commission de l'intérieur, au conseil
d'état, emploi qu'il avait demandé en remplacement
de celui d'intendant de la police, pour lequel il avait montré
de la répugnance. On le désigna peu après pour
reconnaître l'état de tous les établissements
publics, et proposer les moyens de les améliorer. Lors de
l'expédition de l'Andalousie, M. Amoros fut chargé
de remplir les fonctions de ministre secrétaire d'Etat de
la police, et, en 1811, nommé commissaire royal de l'armée
de Portugal ; on lui confia le gouvernement des provinces de Tolède,
d'Avila, d'Estramadure et de la Manche, où il soutint le
courage des habitants, menacés des horreurs d'une disette
absolue. Forcé de fuir en France après le rétablissement
du roi Ferdinand, il adressa à ce prince, en 1814, un mémoire
justificatif où il demandait à être jugé,
mais sa demande ne fut point accueillie. En 1815, il crut devoir,
comme réfugié, présenter ses services à
Napoléon et l'assurer de son dévouement. Il s'occupa
ensuite de l'instruction publique ; fut nommé membre de la
société élémentaire de Paris, et publia
un mémoire sur les avantages de la méthode d'éducation
de Pestalozzi et sur l'éducation physique et gymnastique
qu'il avait établie à Madrid. Le conseil du département
de la Seine a constamment protégé l'institution gymnastique
de M. Amoros. M. le préfet de police a aussi proposé
l'établissement d'un gymnase spécial pour les sapeurs-pompiers
; enfin, le ministre de la guerre en organise un autre depuis 1818,
pour les militaires. M. Amoros est actuellement directeur du gymnase
civil, du gymnase normal militaire, du gymnase spécial des
sapeurs-pompiers de la ville de Paris, et dirige gratuitement, d'après
les mêmes principes, l'éducation des élèves-apprentis
pauvres et orphelins. L'estime dont jouit M. Amoros, et le succès
de ses établissements, le vengent suffisamment des attaques
d'une malveillance jalouse. Les ennemis de toute innovation salutaire
cherchent vainement à reprendre le monopole de l'éducation,
pour mettre la génération présente en opposition
avec les souvenirs et les espérances de la nouvelle civilisation
française. Comme militaire et comme administrateur, M. Amoros
a bien mérité de sa patrie; comme instituteur philosophe,
il a bien mérité du genre humain.
|
|
|
|