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ARMEE
D'ITALIE
Buonaparte,
général en chef de l’armée d’Italie, aux habitants
du Tyrol.
- Au Quartier général, de Brescia, 13 fructidor an
IV
Vous sollicitez la protection de l'armée française
; il faut vous en rendre dignes. Puisque la majorité d'entre
vous est bien intentionnée, contraignez ce petit nombre d'hommes
opiniâtres à se soumettre; leur conduite insensée
tend à attirer sur leur patrie les fureurs de la guerre.
La supériorité des armes françaises est aujourd'hui
constatée. Les ministres de l'empereur, achetés par
l'or de l'Angleterre, le trahissent ; ce malheureux prince ne fait
pas un pas qui ne soit une faute.
Vous voulez la paix ! Les Français combattent pour elle.
Nous ne passons sur votre territoire que pour obliger la cour de
Vienne de se rendre au vœu de l'Europe désolée, et
d’entendre les cris de ses peuples ! Nous ne venons pas ici pour
nous agrandir ; la nature a tracé nos limites au Rhin et
aux Alpes, dans le même temps qu'elle a posé au Tyrol
les limites de la maison d'Autriche.
Tyroliens ! quelle qu'ait été votre conduite passée,
rentrez dans vos foyers, quittez des drapeaux tant de fois battus
et impuissants pour les défendre. Ce n'est pas quelques ennemis
de plus que peuvent redouter les vainqueurs des Alpes et d'Italie
; mais c'est quelques victimes de moins que la générosité
de ma nation m'ordonne de chercher à épargner.
Nous nous sommes rendus redoutables dans les combats ; mais nous
sommes les amis de ceux qui nous reçoivent avec hospitalité.
La religion, les habitudes, les propriétés des communes
qui se soumettront seront respectées.
Les communes dont les compagnies de Tyroliens ne seraient pas rentrées
à notre arrivée seront incendiées ; les habitants
seront pris en otage et envoyés en France.
Lorsqu'une commune sera soumise, les syndics seront tenus de donner,
à l'heure même, la note de ceux de ses habitants qui
seraient à la solde de l'Empereur, et, s'ils font partie
des compagnies tyroliennes, on incendiera sur-le-champ leurs maisons,
et on arrêtera leurs parents jusqu'au troisième degré,
lesquels seront envoyés en otage.
Tout Tyrolien faisant partie des compagnies franches, pris les armes
à la main, sera sur-le-champ fusillé.
Les généraux de division sont chargés de la
stricte exécution du présent arrêté.
Signé
BUONAPARTE.
Pour copie conforme : Le général de division,
chef de l’état-major de l’armée,
Signé
Alexandre BERTHIER.
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