|
Paris,
22 février.
De l'utilité des mensonges politiques.
La maxime des théologiens, qu'il n'est pas permis de dire
le moindre mensonge, quand même on pourrait par là
sauver le monde, n'est guère suivie, surtout dans les matières
politiques. Quel est le royaliste, quel est même le républicain
qui se ferait scrupule de dire les plus grands mensonges, si par
ce moyen l'un croyait pouvoir sauver le trône et l'autre la
patrie ?
Il est reconnu qu'en politique non seulement il est permis, mais
que souvent c'est un devoir de mentir. De graves auteurs ont montré
par des préceptes et des exemple l'utilité des mensonges
politiques. Ils ont prouvé que l'art de négocier n'est
que l'art de mentir ; que l'art même de gouverner n'est pas
autre chose, puisqu'on ne peut régner sans dissimuler, sans
tromper les peuples. Il serait à désirer qu'un homme
de génie traitât, ex professo, de l'art de
mentir en politique, et en prescrivant les règles avec méthode
et clarté.
|
|
|
|