La
promenade de Longchamp était un des événements majeurs de la vie
mondaine à Paris. Mise en veilleuse sous la Terreur, cette tradition
avait repris toute sa vigueur sous le Directoire.
Ce
qu'en dit Mercier dans son Tableau
de Paris (1782) reste valable pour 1800 et 1801 (à l'exception
de la présence de princes) :
"Le
mercredi, le jeudi et le vendredi saints, sous l'ancien prétexte
d'aller entendre l'office des ténèbres à Long-Champ, petit village
à quatre milles de Paris, tout le monde sort de la ville ; c'est
à qui étalera la plus magnifique voiture, les chevaux les plus fringants,
la livrée la plus belle.
Les
couvertes de pierreries s'y font voir ; car l'existence d'une femme
à Paris, consiste surtout à être regardée. Les carrosses à la file
offrent tous les états allant, reculant, roulant dans les allées
sèches ou fangeuses du bois de Boulogne.
La
courtisane s'y distingue par un plus grand faste ; telle a orné
ses chevaux de marcassites. Les princes y font voir les dernières
inventions des selliers les plus célèbres, et guident quelquefois
eux-mêmes les coursiers.
Les
hommes à cheval et à pied pêle-mêle, confondus, lorgnent toutes
les . Le peuple boit et s'enivre ; l'église est déserte, les cabarets
sont pleins ; et c'est ainsi qu'on pleure la passion de Jésus-Christ.
(...)
Les
ce jour-là ne sont pas la principale figure ; les équipages et les
chevaux l'emportent sur elles. Les fiacres délabrés servent à rehausser
les voitures neuves et élégantes. (...)
L'ouvrier
sort ces jours-là, met son habit des dimanches, se mêle dans la
foule, regarde toutes les jolies ; mais on le reconnaît à ses mains
noires et calleuses.”
L'abbaye
de Longchamp, fondée en 1260 par Isabelle de France, fille de Louis
VIII, était, lit-on dans le Voyageur à Paris (1789), "située
vis-à-vis Surennes, entre le bois de Boulogne et la rivière de Seine"
; elle tirait son nom de la plaine longue et étroite où elle était
placée.
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