Un arrêté du 27 nivôse an VIII
(17 janvier 1800 ) supprime tous les journaux politiques de Paris,
sauf les treize suivants : le Moniteur, le Journal des Débats,
le Journal de Paris, le Bien-Informé, le Publiciste, l'Ami
des Lois, la Clef du cabinet, le Citoyen Français, la Gazette
de France, le Journal des Hommes libres, le Journal du Soir des
frères Chaignieau, le Journal des Défenseurs de la
Patrie, la Décade philosophique.
Le Moniteur est devenu journal officiel depuis le 7 nivôse.
Les autres journaux maintenus sont menacés de suppression
s'ils font une opposition quelconque au gouvernement, ce qui est
exprimé de la façon suivante : "s'ils insèrent
des articles contraires au respect dû au pacte social, à
la souveraineté du peuple et à la gloire des armées"
ou s'ils publient "des invectives contre les gouvernements
et les nations amies ou alliées de la république,
lors même que ces articles seraient extraits des feuilles
périodiques étrangères".
L’arrêté du 27 nivôse eut aussi pour résultat
que les journaux, intimidés, donnèrent de moins en
moins de renseignements sur l'esprit public. Cependant, écrit
Alphonse Aulard, en l'an VIII et en l'an IX, ils ne sont point tout
à fait réduits à l'état de servitude
et d'insignifiance où ils tombèrent plus tard. De
l'arrêté du 27 nivôse, écrit-il dans son
Histoire politique de la Révolution, date, en fait,
le commencement du despotisme.
Présentée comme une mesure provisoire destinée
à durer pendant la durée de la guerre, cette suspension
de la liberté de la presse ne cessera pas à la paix
d'Amiens, et s'aggravera même sous le Consulat et l'Empire.
En germinal an IX, il ne reste plus à Paris,
en dehors de l'officiel Moniteur, que les journaux suivants
:
Journal des Débats : 8150 abonnés ;
le Publiciste : 2850
la Gazette de France 3250
la Clef du Cabinet, 1080
le Citoyen français 1300
le Journal des Défenseurs de la Patrie 900,
le Journal du Soir 550
le Journal de Paris 600.