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Dernière modification le 23 février 2006.

Jardin


 

Jardin (un) est une terre cultivée qu’on ménage ordinairement derrière une maison pour lui donner de l’air, pour se promener, et pour lui servir d’ornement.
Un jardin pour être agréable et utile doit être placé dans un bon fond de terre, c’est-à-dire que la terre n’en doit être ni trop humide, ni trop sèche, ni trop difficile à labourer ; 2°. Sa situation doit être à mi-côte, parce que les terrains approchants du vallon sont excellents pour les potagers, et que ceux qui sont un peu élevés, conviennent aux arbres fruitiers. 3°. Son exposition doit être favorable et jouir des divers aspects du soleil : celle du Midi est préférable à toutes les autres tant pour les terres faibles et humides ; mais dans les terres légères celle du Levant est meilleure. Au reste c’est le climat du pays qui doit servir de règle, car dans les pays froids l’aspects du midi est le meilleur ; d’ailleurs on doit placer les arbres sur les côteaux dont les aspects leur sont le plus favorables, et à défaut de côteaux on peut élever des murs. En général, comme il y a toujours à craindre des vents en forte exposition, celles du Levant et du Midi sont sujettes à moins de ravages que le Couchant et le Nord, quoique cette dernière soit le moins estimée, sur tout pour l’aspect principal d’un jardin : elle est utile pour les fruité d’été et les légumes, dans les pays tempérés. 4°. Sa disposition ou figure, surtout pour un jardin de propreté, et autant que le terrain peut le permettre, doit être de telle sorte qu’il ait plus d’étendue en longueur qu’en largeur, et qu’il forme un quarré long. Le bon goût demande encore que l’étendue du Jardin soit proportionnée au volume de la maison ou corps de logis principal : le parterre doit être auprès du bâtiment, et le bâtiment élevé au-dessus du parterre, afin que les fenêtres du bâtiment jouissent de la vue des fleurs qui y sont plantées. On doit laisser régner autour du bâtiment des esplanades, des boulingrins et autres pièces plates. Cependant un jardin ne doit pas être trop découvert, de peur qu’on ne voie d’un coup d’œil toute son étendue ; mais pour faire à l’œil une agréable illusion, on arrête la vue en certains endroits, par des bosquets, des salles vertes ornées de fontaines et de figures, on ménage les allées, on plante un bois pour couvrir les hauteurs, on remplit les fonds, tout doit paraître naturel.
5°. Sa distribution en allées et en carrés doit être proportionnée à l’étendue du terrain. Lorsqu’il est grand, il convient qu’on mette les fruitiers et les potagers hors du principal aspect : mais si on n’a qu’un terrain médiocre, on doit l’employer en plantes utiles, plutôt qu’en parterre et en allées d’arbres pour le plaisir. En général, la distribution la plus naturelle est de pratiquer trois allées d’un bout du jardin à l’autre : celle du milieu doit être en face du corps de logis, être découverte, et être plus grande que les contre-allées qui regnent le long des murs ; on doit couper leur longueur par deux ou trois allées de travers ; et si on en met un plus grand nombre, elles doivent toujours se partager en carrés égaux. Les allées sont de plusieurs sortes ; 1°. les couvertes, que l’on forme avec des arbres tels que le tilleul ou l’orme, qui par l’entrelacement de leurs branches dérobent la vue du ciel, et font respirer un air frais ; 2°. celles en perspective, c’est-à-dire, qui sont plus larges à leur entrée qu’à leur extrémité, pour leur donner plus d’apparence de longueur. Celles de traverse coupent une allée de front à angles droits. On peut ouvrir les murs à l’extrêmité des allées lorsqu’on se procure par là une agréable perspective.
Dans le milieu des caarrés, qui doivent être bordés de platebandes, on met en buisson des arbres fruitiers, et on men met en espalier le long des murs : on met du gazon ou des fleurs dans les carrés, ou si on aime mieux le profit on y met des légumes que l’on diversifie à chaque saison. Les platebandes, tant celles qui sont au pied des espaliers que celles des carrés, doivent être de même longueur et n’être pas fort élevées. Lorsque le terrain est grand, on peut disposer dans des lieux convenables de petits bois en quinconces, en bosquets, des salles vertes, ornées de fontaines, de bassins, de boulingrins ou grandes pièces de gazon venu de graines de bas pré, ou avec du gazon plaqué : toutes ces pièces doivent avoir entr’elles un rapport afin qu’elles s’alignent, et qu’elles fassent des percées de vue, des enfilades, qui donnent à un jardin un air de grandeur et de magnificence.
Lorsque le terrain est irrégulier, on s’applique à corriger ce défaut : par exemple, s’il est d’une longueur excessive, on partage le tout en trois carrés longs ; on fait du premier un parterre, du dernier un potager, et de celui du milieu un bosquet pour rompre la vue de cette longueur. On peut encore le varier par des cabinets de verdure, dont l’un fait face au parterre, l’autre au potager. Si le terrain est triangulaire, on peut lui donner une apparence de symétrie, en bornant le parterre de deux palissades dont l’une sera suivie d’un petit bois coupé de plusieurs allées, et l’autre servira à cacher le mur qui sera derrière : en ce cas pour mettre à profit les bouts des terrains qui sont comme perdus, on en fait un verger, une pépinière, ou un mélonier.
On doit choisir dans le jardin un endroit pour les fumiers, et on en fait des couches pour les melons. Les murailles d’un jardin doivent être au moins de neuf pieds de haut : on doit faire en sorte qu’il y ait de l’eau dans les jardins ou du moins tout proche : on doit toujours ménager une pente continuelle à un jardin lorsqu’il n’y en a pas naturellement, pour empêcher que l’eau des pluies ne se répande.
On doit éviter surtout une trop grande uniformité : pour cet effet, on diversifie les perspectives du jardin, afin que l’œil du spectateur soit agréablement surpris lorsqu’il passe d’une pièce à une autre : ainsi, il aime bien mieux au sortir d’un bosquet ou d’une palissade, découvrir tout d’un coup une plaine étendue, lorsqu’il ne s’y attend pas ; si dès l’entrée du Jardin il voyoit toute la campagne. Telles sont à peu près les règles qu’ont données sur cette matière les auteurs les plus estimés.


Jardinage (le) On entend par ce mot tout ce qui concerne les Jardins, ou la connaissance même qu’on en a.
Instrumens et ustensiles propres au Jardinage, (les) sont principalement des charrettes à fumier, des brouettes, civieres, fourches, pelles, bêches, pioches, hottes, scie à main, serpettes, greffoir, croissant, arrosoirs, sarcloirs, jallons pour prendre les alignemens, ratilloirs, plantoirs, claies, paille, playons, cloches, etc.


Jardinier (un) est un homme qui est chargé de la culture du Jardin. On doit le choisir robuste, d’un âge mur, il doit être actif, industrieux et expérimenté. On doit s’informer s’il entend toutes les parties de son art, et surtout la taille des arbres, parce que cette partie demande le plus de discernement : il faut qu’il sache orner le Jardin, suivant les tems et les saisons, qu’il se connaisse en toute sorte de plantes et de fruits, en graines et en oignons, pour les semer et planter en temps convenable, etc.

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