|
Jardin
(un) est une terre cultivée qu’on ménage ordinairement
derrière une maison pour lui donner de l’air, pour se promener,
et pour lui servir d’ornement.
Un jardin pour être agréable et utile doit être
placé dans un bon fond de terre, c’est-à-dire que
la terre n’en doit être ni trop humide, ni trop sèche,
ni trop difficile à labourer ; 2°. Sa situation doit
être à mi-côte, parce que les terrains approchants
du vallon sont excellents pour les potagers, et que ceux qui sont
un peu élevés, conviennent aux arbres fruitiers. 3°.
Son exposition doit être favorable et jouir des divers aspects
du soleil : celle du Midi est préférable à
toutes les autres tant pour les terres faibles et humides ; mais
dans les terres légères celle du Levant est meilleure.
Au reste c’est le climat du pays qui doit servir de règle,
car dans les pays froids l’aspects du midi est le meilleur ; d’ailleurs
on doit placer les arbres sur les côteaux dont les aspects
leur sont le plus favorables, et à défaut de côteaux
on peut élever des murs. En général, comme
il y a toujours à craindre des vents en forte exposition,
celles du Levant et du Midi sont sujettes à moins de ravages
que le Couchant et le Nord, quoique cette dernière soit le
moins estimée, sur tout pour l’aspect principal d’un jardin
: elle est utile pour les fruité d’été et les
légumes, dans les pays tempérés. 4°. Sa
disposition ou figure, surtout pour un jardin de propreté,
et autant que le terrain peut le permettre, doit être de telle
sorte qu’il ait plus d’étendue en longueur qu’en largeur,
et qu’il forme un quarré long. Le bon goût demande
encore que l’étendue du Jardin soit proportionnée
au volume de la maison ou corps de logis principal : le parterre
doit être auprès du bâtiment, et le bâtiment
élevé au-dessus du parterre, afin que les fenêtres
du bâtiment jouissent de la vue des fleurs qui y sont plantées.
On doit laisser régner autour du bâtiment des esplanades,
des boulingrins et autres pièces plates. Cependant un jardin
ne doit pas être trop découvert, de peur qu’on ne voie
d’un coup d’œil toute son étendue ; mais pour faire à
l’œil une agréable illusion, on arrête la vue en certains
endroits, par des bosquets, des salles vertes ornées de fontaines
et de figures, on ménage les allées, on plante un
bois pour couvrir les hauteurs, on remplit les fonds, tout doit
paraître naturel.
5°. Sa distribution en allées et en carrés doit
être proportionnée à l’étendue du terrain.
Lorsqu’il est grand, il convient qu’on mette les fruitiers et les
potagers hors du principal aspect : mais si on n’a qu’un terrain
médiocre, on doit l’employer en plantes utiles, plutôt
qu’en parterre et en allées d’arbres pour le plaisir. En
général, la distribution la plus naturelle est de
pratiquer trois allées d’un bout du jardin à l’autre
: celle du milieu doit être en face du corps de logis, être
découverte, et être plus grande que les contre-allées
qui regnent le long des murs ; on doit couper leur longueur par
deux ou trois allées de travers ; et si on en met un plus
grand nombre, elles doivent toujours se partager en carrés
égaux. Les allées sont de plusieurs sortes ; 1°.
les couvertes, que l’on forme avec des arbres tels que le tilleul
ou l’orme, qui par l’entrelacement de leurs branches dérobent
la vue du ciel, et font respirer un air frais ; 2°. celles en
perspective, c’est-à-dire, qui sont plus larges à
leur entrée qu’à leur extrémité, pour
leur donner plus d’apparence de longueur. Celles de traverse coupent
une allée de front à angles droits. On peut ouvrir
les murs à l’extrêmité des allées lorsqu’on
se procure par là une agréable perspective.
Dans le milieu des caarrés, qui doivent être bordés
de platebandes, on met en buisson des arbres fruitiers, et on men
met en espalier le long des murs : on met du gazon ou des fleurs
dans les carrés, ou si on aime mieux le profit on y met des
légumes que l’on diversifie à chaque saison. Les platebandes,
tant celles qui sont au pied des espaliers que celles des carrés,
doivent être de même longueur et n’être pas fort
élevées. Lorsque le terrain est grand, on peut disposer
dans des lieux convenables de petits bois en quinconces, en bosquets,
des salles vertes, ornées de fontaines, de bassins, de boulingrins
ou grandes pièces de gazon venu de graines de bas pré,
ou avec du gazon plaqué : toutes ces pièces doivent
avoir entr’elles un rapport afin qu’elles s’alignent, et qu’elles
fassent des percées de vue, des enfilades, qui donnent à
un jardin un air de grandeur et de magnificence.
Lorsque le terrain est irrégulier, on s’applique à
corriger ce défaut : par exemple, s’il est d’une longueur
excessive, on partage le tout en trois carrés longs ; on
fait du premier un parterre, du dernier un potager, et de celui
du milieu un bosquet pour rompre la vue de cette longueur. On peut
encore le varier par des cabinets de verdure, dont l’un fait face
au parterre, l’autre au potager. Si le terrain est triangulaire,
on peut lui donner une apparence de symétrie, en bornant
le parterre de deux palissades dont l’une sera suivie d’un petit
bois coupé de plusieurs allées, et l’autre servira
à cacher le mur qui sera derrière : en ce cas pour
mettre à profit les bouts des terrains qui sont comme perdus,
on en fait un verger, une pépinière, ou un mélonier.
On doit choisir dans le jardin un endroit pour les fumiers, et on
en fait des couches pour les melons. Les murailles d’un jardin doivent
être au moins de neuf pieds de haut : on doit faire en sorte
qu’il y ait de l’eau dans les jardins ou du moins tout proche :
on doit toujours ménager une pente continuelle à un
jardin lorsqu’il n’y en a pas naturellement, pour empêcher
que l’eau des pluies ne se répande.
On doit éviter surtout une trop grande uniformité
: pour cet effet, on diversifie les perspectives du jardin, afin
que l’œil du spectateur soit agréablement surpris lorsqu’il
passe d’une pièce à une autre : ainsi, il aime bien
mieux au sortir d’un bosquet ou d’une palissade, découvrir
tout d’un coup une plaine étendue, lorsqu’il ne s’y attend
pas ; si dès l’entrée du Jardin il voyoit toute la
campagne. Telles sont à peu près les règles
qu’ont données sur cette matière les auteurs les plus
estimés.
Jardinage (le) On entend par ce mot tout ce qui
concerne les Jardins, ou la connaissance même qu’on en a.
Instrumens et ustensiles propres au Jardinage, (les) sont principalement
des charrettes à fumier, des brouettes, civieres, fourches,
pelles, bêches, pioches, hottes, scie à main, serpettes,
greffoir, croissant, arrosoirs, sarcloirs, jallons pour prendre
les alignemens, ratilloirs, plantoirs, claies, paille, playons,
cloches, etc.
Jardinier (un) est un homme qui est chargé
de la culture du Jardin. On doit le choisir robuste, d’un âge
mur, il doit être actif, industrieux et expérimenté.
On doit s’informer s’il entend toutes les parties de son art, et
surtout la taille des arbres, parce que cette partie demande le
plus de discernement : il faut qu’il sache orner le Jardin, suivant
les tems et les saisons, qu’il se connaisse en toute sorte de plantes
et de fruits, en graines et en oignons, pour les semer et planter
en temps convenable, etc.
|
|
Exercice
du droit de préemption |