P.-A.
Paris, officier du 14e léger, qui a laissé des Souvenirs qui ont
été publiés dans la Sabretache en 1903, écrit:
"Les
seize hommes que dut lui fournir chaque compagnie n'étaient pas
des demoiselles : c'étaient presque tous des maîtres d'armes ou
prévôts, ferrailleurs, tapageurs, bouillants, peu façonnés au joug
de la discipline, de vrais diables incarnés."
Les
légions devaient être composées d'infanterie, d'artillerie légère
et de cavalerie légère. La 1re, comptant 2600 hommes, fut envoyée
à Saint-Malo pour y être habillée et équipée.
Bigarré
décrit l'uniforme attribué à la 1re Légion des Francs
:
"On
l'habilla avec des habits-vestes qui avaient été pris à Quiberon,
dont on fit des uniformes d'infanterie légère. Ces habits furent
teints en brun-marron. Toute l'infanterie de cette légion fut décorée
de la grenade. Voici quel était son uniforme : habits-vestes marron
tirant sur le noir, avec collet, parements, passe-poil et doublures
bleu-de-ciel ; revers d'infanterie légère couleur de l'habit ; boutons
blancs à la hussarde ; gilet rouge avec boutons comme ceux de l'habit
; pantalon bleu-de-ciel à la hussarde, et brodequins noirs avec
passe-poil et glands rouges. Le chapeau était retapé à la Henri
V, avait une ganse blanche arrêtée par une grenade en cuivre doré
; il était surmonté par un plumet de carabinier en crin rouge et
avait des glands de la même couleur qui pendaient sur les deux côtés
; toute la légion portait des moustaches."
Cette
description correspond à celle que donne P.-A. Paris: "la
1re était dite légion noire parce qu'elle portait l'habit-veste
noir, avec le gilet rouge, le pantalon bleu de ciel et le chapeau
à la Henri IV."
L'expédition
d'Irlande échoua, la légion noire perdit 500 hommes dans les combats
et les naufrages. "On l'autorisa à se recruter dans les
autres corps, de sorte qu'en moins d'un mois cette perte fut à peu
de chose près réparée", écrit Bigarré. Peut-être est-ce
à ce moment-là que les corps se débarrassèrent de leurs sujets les
plus remuants, les vrais diables incarnés dont parle l'officier
du 14e. La légion fut dirigée sur le Rhin (armée de Sambre-et-Meuse)
où elle prit part à la campagne de 1797, interrompue par l'armistice
de Leoben.
En
1798, la légion est en Suisse, "dont elle fut bientôt la
terreur", écrit P.-A. Paris. Et il continue ainsi l'historique
de la légion :
"De
Suisse, la légion noire fut portée sur les bords du Rhin et là elle
faisait la contrebande avec l'entrain qu'elle mettait en toutes
choses ; le gouvernement se fâcha et ordonna son licenciement, mais
le général Schauenbourg, chargé de l'opération, et qui avait vu
la légion à l'oeuvre devant l'ennemi, obtint que ses trois bataillons
fussent conservés et prissent le n° 14, alors vacant. L'escadron
de hussards et la batterie d'artillerie furent versés dans des corps
de leurs armes respectives.
"En
1800, à la campagne de Hohenlinden, Le général Moreau faisait un
tel cas de la 14e légère, qu'il donna ses trois bataillons pour
avant-garde à trois divisions différentes. M. Thiers a mentionné
cette particularité."
Une
série de gravures réalisée en Suisse vers 1799 montre un chasseur
noir de la 14e. Elle complète les descriptions citées plus haut,
et permet de reconstituer l'aspect de ces "mauvais sujets".
Job
s'est servi des mêmes sources pour réaliser une planche du tome
premier des "Tenues des Troupes de France". Mais il a
copié trop servilement, à mon avis, la forme des parements. Tous
les autres Français de cette série suisse ont des parements bizarres
du même genre, ce qui les rend peu crédibles.
Les
"brodequins", que Job a représenté sous forme de bottes,
paraissent, d'après la gravure, être des guêtres d'infanterie légère.
Peut-être les deux types de chaussure ont-ils été portés, à des
moments différents. La buffleterie, comme on pouvait l'attendre
dans une légion noire, est de cuir noir. On trouvait encore, d'après
un rapport d'inspection, de nombreuses banderoles noires en l'an
10 (1802) dans la 14e légère.
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