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Biographie
universelle, ancienne et moderne (Michaud), tome 18, Paris 1857.
HAXO (François-Nicolas-Benoit), ingénieur célèbre,
était neveu du précédent. Né en 1774
à Lunéville, où son père était
maître des eaux et forêts, il fit ses études
au collège de Navarre, d'où il passa en 1793, comme
lieutenant, dans une compagnie de mineurs en garnison à Strasbourg.
Devenu l'année suivante capitaine du génie, il fut
employé dans la place de Landau, ensuite aux sièges
de Manheim et de Mayence. Au commencement de 1796, il fut appelé
à Paris avec plusieurs officiers de son arme pour y suivre
les cours de l'école polytechnique. Il alla ensuite diriger
quelques travaux à Bitche, à Genève, et fut
employé à l'armée de réserve qui devait
envahir de nouveau l'Italie au commencement de 1800. Ce fut lui
qui dirigea le siège et força de capituler ce fort
de Bard qui, mieux défendu, pouvait arrêter Bonaparte
au début de l'une de ses plus brillantes campagnes. Nommé
chef de bataillon bientôt après, Haxo fut employé
à Mantoue, à Venise, à Peschiera et à
la Rocca d'Anfo. Il exécuta dans ces deux dernières
places des travaux très importants. Ceux qu'il avait exécutés
à Peschiera n'ayant pas d'abord reçu l'approbation
de l'empereur, Haxo lui envoya un mémoire raisonné
qui le fit changer d'avis, au point que, sur-le-champ, Napoléon
ordonna, pour cette place, des travaux encore plus considérables,
et que plus tard, en 1814, lorsque le prince Eugène eut à
se défendre dans la même position, il lui adressa le
plan d'Haxo comme principale instruction.
En 1807, cet officier fut envoyé à Constantinople,
afin d'y tracer quelques travaux pour la défense des Dardanelles.
Il n'y resta qu'un an, et revint en Italie, où il fut employé
comme chef d'état-major de Chasseloup, qui commandait l'arme
du génie dans cette contrée. De là il passa
en Espagne, où il dirigea les opérations de ce mémorable
siège de Saragosse, si meurtrier et si honorable pour les
vaincus et pour les vainqueurs.
Nommé colonel, en récompense de la valeur qu'il y
avait déployée, Haxo dirigea ensuite, sous le maréchal
Suchet, les sièges de Lérida, de Méquinenza,
et il reçut l'ordre de se rendre en Allemagne, avec le brevet
de maréchal de camp, au moment où il allait commencer
celui de Tortose. Ayant passé par Paris, il y fut retenu
pour concourir aux travaux du comité des fortifications.
Ce fut alors que, pour la seconde fois, ne se trouvant pas du même
avis que l'empereur relativement aux travaux de Cherbourg, il eut
le courage de le lui dire, et fut assez heureux pour se faire comprendre
sans que Napoléon en parût offensé.
Au commencement de 1811, Haxo se rendit en Allemagne, puis en Pologne,
où il inspecta et fit rétablir les fortifications
de plusieurs places importantes, notamment de Modlin et de Dantzig.
En 1812, il commanda le génie du 1er corps de cette grande
armée qui envahit la Russie, et il eut part à toute
sa gloire comme à tous ses désastres. Après
la retraite il tomba gravement malade du typhus à Kœnigsberg.
Le brevet de lieutenant général et le titre de baron
le dédommagèrent de tant de maux, et il fut chargé
du commandement de Magdebourg, le 6 mars 1815. Il refusa à
cette époque l'emploi d'aide de camp de l'empereur, et fut
néanmoins attaché à la garde impériale
comme commandant du génie. Ayant été envoyé
auprès de Vandamme, après la bataille de Dresde, il
fut blessé et fait prisonnier à Culm, avec ce général
et son corps d'armée presque tout entier. Conduit en Hongrie,
il ne revint en France qu'après la chute de Bonaparte en
1814. Très bien accueilli par le gouvernement royal, il fut
nommé commandant de la Légion d'honneur, chevalier
de Saint-Louis, et attaché au comité des fortifications;
puis chargé par le maréchal Soult, devenu ministre
de la guerre, d'une reconnaissance générale sur les
frontières de la Suisse et de la Savoie. Il rédigea
à la suite de cette mission un mémoire remarquable
et qui est entre les mains de la plupart des officiers du génie.
Lorsque Napoléon s'échappa de l'Ile d'Elbe, en 1815,
Haxo fut nommé commandant du génie dans l'armée
qui devait marcher contre lui sous les ordres du duc de Berry ;
mais on sait que cette armée, qui eut à peine le temps
de se réunir, passa presque aussitôt sous les drapeaux
de Bonaparte. Après quelques moments d'hésitation,
le général du génie suivit cet exemple. «
Comment donc, lui dit l'empereur; on m'a remis des ordres signés
de vous pour fortifier des positions contre moi, et faire sauter
des ponts à mon approche ! Vous vouliez donc m'empêcher
d'arriver à Paris?
- Sire, répondit Haxo, je ne pouvais pas être dans
deux armées à la fois.
Napoléon se contenta de cette réponse, et lui rendit
aussitôt ses fonctions de commandant du génie dans
la garde impériale. La capitale lui dut les ouvrages de défense
qui, dans le courant de mai, s'élevèrent comme par
enchantement, et la couvrirent sur les deux rives de la Seine :
il en existe un très beau plan qui fut gravé en 1810.
Puis Haxo suivit l'empereur à Waterloo, et, après
la capitulation de Paris, se retira avec l'armée derrière
la Loire, d'où il revint avec les généraux
Gérard et Kellermann, pour négocier auprès
du gouvernement royal la soumission des troupes à des conditions
qui ne furent pas acceptées.
Attaché de nouveau au comité du génie, il travailla
avec ardeur à rétablir les places de l'ancienne frontière
longtemps délaissées ; et Belfort, Grenoble et
tant d'autres forteresses resteront pour la gloire du nom d'Haxo.
En 1816, il fit partie du conseil de guerre qui condamna à
mort, par contumace, le général Lefebvre-Desnouettes ;
la loi était formelle, les juges durent l'appliquer.
Quoique Haxo ait vu avec plaisir la révolution de 1830, il
ne voulut pas se charger des fortifications de Paris, le système
d'enceinte continue qu'il proposait n'ayant pas été
adopté. En 1832, après la première campagne
de Belgique, le général fut nommé pair de France,
puis chargé du siège de la citadelle d'Anvers, qui
capitula après vingt-quatre jours de tranchée. Il
fut nommé grand cordon de la Légion d'honneur.
A sa mort, arrivée le 25 juin 1838, plusieurs discours furent
prononcés sur sa tombe. Le chef de bataillon Mengin, son
aide de camp, fit imprimer dans le Spectateur militaire du mois
d'août, une Notice nécrologique ; et, le 25 mai
1859, M. Aubernon prononça un Eloge historique à la
chambre des pairs. Sous le titre d'Etude, Haxo a composé
un système de fortifications dont il a fait graver les dessins
avec soin, mais qu'il ne communiquait qu'aux officiers du génie
en leur faisant promettre de n'en point tirer de copies, de peur
qu'elles ne tombassent entre les mains des étrangers. On
a encore de lui:
1° Mémoire sur le figuré du terrain dans tes cartes
topographiques, Paris, in-8° de 58 pages ;
2° Notice historique sur le comte Dejean, Paris, 1824, in-8° ;
3° enfin, grand nombre de dessins et de manuscrits qui sont
la propriété de sa famille.
M—Dj. |
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