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(Le
20 juin, à Laon.)
L'Empereur
alors se retira dans une autre pièce avec M. de Bassano et moi ;
et, après avoir expédié de nouveaux ordres au maréchal Soult sur
les mouvements et le ralliement de l'armée, il mit la dernière main
au bulletin de Mont-Saint-Jean, déjà ébauché à Philippeville. Quand
il fut terminé, il fit appeler le grand maréchal, le général Drouot
et les autres aides-de-camp. "Voici, leur dit-il, le
bulletin de Mont-Saint-Jean ; je veux que vous en entendiez la lecture
; si j'ai omis quelques faits essentiels, vous me les rappellerez
: mon intention est de ne rien dissimuler. Il faut, comme après
Moscow, révéler à la France la vérité toute entière*!
"J'aurais
pu, continua-t-il, rejeter, sur le maréchal Ney, une partie
des malheurs de cette journée ; mais le mal est fait ; il
ne faut plus en parler." Je lus ce nouveau vingt-neuvième
bulletin ; quelques légers changements, proposés par
le général Drouot, furent agréés par
l'Empereur ; mais je ne sais par quelle bizarrerie, il ne voulait
point avouer que ses voitures étaient tombées au pouvoir
de l'ennemi :
"Quand
vous traverserez Paris, lui dit M. de Flahaut, on s'apercevra bien
que vos voitures ont été prises. Si vous le cachez,
on vous accusera de déguiser des vérités plus
importantes ; et il ne faut rien dire, ou dire tout." L'Empereur,
après quelques façons, finit par accéder à
cet avis.
Je fis alors
une seconde lecture du bulletin, et tout le monde étant d'accord
de son exactitude, M. de Bassano l'expédia au prince Joseph,
par un courrier extraordinaire.
* On voit combien
est injuste le reproche fait à Napoléon d'avoir, dans
ce bulletin, trahi la vérité et calomnié l'armée.
(Note de Fleury de Chaboulon.)
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