|
Variétés
Une députation
à la tête de laquelle se trouvaient des femmes couvertes
du bonnet rouge, s'est dernièrement présentée
au conseil général de la commune de Paris. De violents
murmures se sont manifestés dans les tribunes, où
l'on criait : « A bas le bonnet rouge des femmes ».
Le bruit a augmenté, le président s'est couvert et
a invité les tribunes à l'ordre ; le calme aussitôt
est revenu.
Mais, a dit Chaumette, je requiers mention civique au procès-verbal
des murmures qui viennent d'éclater. C'est un hommage aux
mœurs, il est affreux, il est contraire à toutes les lois
de la nature, qu'une femme se veuille faire homme. Le conseil doit
se rappeler qu'il y a quelques temps, ces femmes dénaturées,
ces Viragos, parcoururent les halles avec le bonnet rouge, pour
souiller ce signe de la liberté et voulurent forcer toutes
les femmes à quitter la coiffure modeste qui leur est propre.
L'enceinte où délibèrent les magistrats du
peuple doit être interdite à tout individu qui outrage
la nature.
La loi ordonne de respecter les mœurs et de les faire respecter.
Or, ici, je les vois méprisées...
Eh ! Depuis quand est-il permis d'abjurer son sexe ? Depuis quand
est-il décent de voir les femmes abandonner les soins pieux
de leur ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur
la place publique, dans les tribunaux, aux harangues, à la
barre du sénat ?
Est-ce aux hommes que la nature a confié les soins domestiques
? Nous a-t-elle donné des mamelles pour allaiter nos enfants
? Non. Elle a dit à l'homme : « Sois homme : la
chasse, le labourage, les soins politiques, les labeurs de toutes
espèces, voilà ton apanage. »
Elle a dit à la femme : « Sois femme: les tendres
soins dus à l'enfance, les détails du ménages,
les douces inquiétudes de la maternité, voilà
tes travaux. Mais tes occupations assidues méritent une récompense.
Eh bien! Tu l'auras, et tu sera la divinité du sanctuaire
domestique. Tu régneras sur tout ce qui t'entoure par le
charme invincible des grâces et de la vertu. »
Femmes impudentes qui voulez devenir hommes, n'êtes vous pas
assez partagées ? Que vous faut-il de plus ? Votre despotisme
est le seul que nos forces ne peuvent abattre parce qu'il est celui
de l'amour, et, par conséquent, l'ouvrage de la nature.
Au nom de cette même nature, restez ce que vous êtes
; et loin de nous envier les périls d'une vie orageuse, contentez
vous de nous les faire oublier au sein de nos familles, en reposant
nos yeux sur le spectacle enchanteur de nos enfants heureux par
vos soins.
(Les femmes couvertes du bonnet rouge, remplacent aussitôt
ce signe respectable par une coiffure convenable à leur sexe.)
Ah, continue Chaumette, je le vois, vous ne voulez pas imiter les
femmes qui ne rougissent plus, les sentiments qui font les charmes
de la société ne sont pas éteints pour vous
: je rends hommage à votre sensibilité.
Oh femmes ! Voulez-vous être républicaines ? Aimez,
suivez et enseignez les lois qui rappellent vos époux et
vos enfants à l'exercice de leurs droits. Soyez glorieuses
des actions éclatantes qu'ils pourront compter en faveur
de la patrie parce qu'elles témoignent en votre faveur; soyez
donc simples dans votre mise, laborieuses dans votre ménage;
ne suivez jamais les assemblées populaires avec le désir
d'y parler ; mais que votre présence y encourage parfois
vos enfants, alors la patrie vous bénira, parce que vous
aurez vraiment fait pour elle ce qu'elle est en droit d'attendre
de vous.
(.)
|
|
|
|