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La place de la femme en 1793

     
         

  Journal de Ville-Affranchie et des départemens de Rhône et Loire rédigé par deux sans-Culottes de Paris, 6 frimaire an 2 (26 novembre 1793) :    
 

Variétés

Une députation à la tête de laquelle se trouvaient des femmes couvertes du bonnet rouge, s'est dernièrement présentée au conseil général de la commune de Paris. De violents murmures se sont manifestés dans les tribunes, où l'on criait : « A bas le bonnet rouge des femmes ». Le bruit a augmenté, le président s'est couvert et a invité les tribunes à l'ordre ; le calme aussitôt est revenu.
Mais, a dit Chaumette, je requiers mention civique au procès-verbal des murmures qui viennent d'éclater. C'est un hommage aux mœurs, il est affreux, il est contraire à toutes les lois de la nature, qu'une femme se veuille faire homme. Le conseil doit se rappeler qu'il y a quelques temps, ces femmes dénaturées, ces Viragos, parcoururent les halles avec le bonnet rouge, pour souiller ce signe de la liberté et voulurent forcer toutes les femmes à quitter la coiffure modeste qui leur est propre. L'enceinte où délibèrent les magistrats du peuple doit être interdite à tout individu qui outrage la nature.
La loi ordonne de respecter les mœurs et de les faire respecter. Or, ici, je les vois méprisées...
Eh ! Depuis quand est-il permis d'abjurer son sexe ? Depuis quand est-il décent de voir les femmes abandonner les soins pieux de leur ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur la place publique, dans les tribunaux, aux harangues, à la barre du sénat ?
Est-ce aux hommes que la nature a confié les soins domestiques ? Nous a-t-elle donné des mamelles pour allaiter nos enfants ? Non. Elle a dit à l'homme : « Sois homme : la chasse, le labourage, les soins politiques, les labeurs de toutes espèces, voilà ton apanage. »
Elle a dit à la femme : « Sois femme: les tendres soins dus à l'enfance, les détails du ménages, les douces inquiétudes de la maternité, voilà tes travaux. Mais tes occupations assidues méritent une récompense. Eh bien! Tu l'auras, et tu sera la divinité du sanctuaire domestique. Tu régneras sur tout ce qui t'entoure par le charme invincible des grâces et de la vertu. »
Femmes impudentes qui voulez devenir hommes, n'êtes vous pas assez partagées ? Que vous faut-il de plus ? Votre despotisme est le seul que nos forces ne peuvent abattre parce qu'il est celui de l'amour, et, par conséquent, l'ouvrage de la nature.
Au nom de cette même nature, restez ce que vous êtes ; et loin de nous envier les périls d'une vie orageuse, contentez vous de nous les faire oublier au sein de nos familles, en reposant nos yeux sur le spectacle enchanteur de nos enfants heureux par vos soins.
(Les femmes couvertes du bonnet rouge, remplacent aussitôt ce signe respectable par une coiffure convenable à leur sexe.)
Ah, continue Chaumette, je le vois, vous ne voulez pas imiter les femmes qui ne rougissent plus, les sentiments qui font les charmes de la société ne sont pas éteints pour vous : je rends hommage à votre sensibilité.
Oh femmes ! Voulez-vous être républicaines ? Aimez, suivez et enseignez les lois qui rappellent vos époux et vos enfants à l'exercice de leurs droits. Soyez glorieuses des actions éclatantes qu'ils pourront compter en faveur de la patrie parce qu'elles témoignent en votre faveur; soyez donc simples dans votre mise, laborieuses dans votre ménage; ne suivez jamais les assemblées populaires avec le désir d'y parler ; mais que votre présence y encourage parfois vos enfants, alors la patrie vous bénira, parce que vous aurez vraiment fait pour elle ce qu'elle est en droit d'attendre de vous.

(.)

     

 

 

 

     
 

     

 

 

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