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On
a assez parlé des ponts, parlons un peu des lanternes. Je viens
de voir les nouvelles suspendues sur le Pont-Neuf, sur le quai de
l’Ecole, et dans la place des Trois-Maris. Les anciennes lanternes
s’étaient appropriées, comme des coquettes qui veulent éclipser
leurs rivales. Jamais peut-être elles n’avaient été autant soignées
; aussi jetaient-elles plus d’éclat que de coutume. Les nouvelles
lampes sont sans doute plus économiques que les anciennes, mais
la divergence du reflet de lumière est moins large, et le foyer,
trop caché dans le chapeau qui le couvre, semble retenir sa lumière,
au lieu de la répandre au loin. Les anciennes lampes sur le Pont-Neuf
ont, à la vérité, deux mèches de chaque côté, qui éclairent très
bien les trottoirs, mais les nouvelles n’y jettent aucune lumière,
parce que le chapeau qui reflète les rayons du foyer,
leur donne une direction resserrée, qui les porte toutes
sur le milieu de la chaussée, et ne laisse aux trottoirs que l’obscurité.
Le but sera manqué si l’auteur, dont les intentions sont très louables,
ne remédie à cet inconvénient. Il ne s’agit pas seulement d’économiser
l’huile, ce ménagement serait bon, sans doute, parce que la dépense
de l’éclairage de Paris est considérable ; mais le moyen de mettre
une vraie économie dans cet établissement serait, avec la même quantité
d’huile, de doubler la lumière ; oh ! alors l’épargne serait dans
le nombre des lanternes. Si l’on parvenait à donner le double, ou
même un tiers de lumière de plus, on pourrait supprimer sur cinq
lanternes, deux, et l’on aurait encore gagné en clarté.
Je
vous salue avec considération,
Perault,
commis aux Postes.
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