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Charras (Jean-Baptiste) Phalsbourg
1810 -Bâle 1865. Fils
d'un volontaire de 1793 qui parvint au rang de général de brigade,
J.-B. Charras fut élève à l'Ecole Polytechnique en 1828. Ardent
républicain, il joue un rôle actif lors de la révolution de 1830
menant notamment l'attaque contre la caserne de la rue de Babylone.
Sous la Monarchie de Juillet, il prend part aux campagnes
d'Afrique sous les ordres de Bugeaud et de Lamoricière. Adjoint
de Cavaignac au ministère de la guerre en 1848, il est élu député
du Puy-de-Dôme. Arrêté lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851, il
est exilé par le décret du 9 janvier 1852, et il séjourne successivement
en Belgique, en Hollande puis en Suisse, où il décède en 1865.
En 1857 parut à
Bruxelles son "Histoire de la Campagne de 1815 - Waterloo".
Dans l'avant-propos
de cet ouvrage, il écrit :
"Un séjour
de trois années en Belgique m'a donné occasion de suivre, sur le
terrain même de la lutte, la courte et terrible guerre qui fournit
à nos annales une si triste page.
Cette étude nouvelle, je l'avais abordée, les écrits de Napoléon
à la main, et convaincu, depuis longtemps, de leur exactitude. Mais
je m'aperçus bientôt de l'impossibilité de les faire concorder avec
les événements. Je reconnus les artifices de cette narration rapide,
magique, qui se joue du temps, des distances, transpose, altère,
dissimule les faits, en invente au besoin et n'a d'autre but que
l'apologie captieuse de celui-là même qui l'a composée."
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"Effet étrange de la puissance
d'un nom, des circonstances, de l'habileté de l'écrivain ! cette
apologie a usurpé, dans notre pays, la place de l'histoire ; et,
depuis trente ans et plus, elle a servi de base à presque tous les
récits de la campagne de 1815, signé de noms français.
J'avais cru, je le répète, aux écrits de Napoléon. Mais, du moment
où il me fut démontré que la vérité ne pouvait s'y trouver, je la
cherchai résolument. Pour la découvrir, j'ai dû remonter aux
sources de l'histoire."
Pour Charras, contrairement à l'image
forgée par Napoléon et ses panégyristes, le désastre de Waterloo
n'est dû ni à la trahison, ni au destin, et il exprime clairement
son opinion à la fin de l'avant-propos :
"Après la lecture de ce livre,
un homme paraîtra peut-être bien diminué ; mais , en revanche, l'armée
française paraîtra plus grande, la France moins abaissée. Ce résultat
va mieux à ma raison, à mon cœur, à mon patriotisme que les fictions
adoptées depuis si longtemps."
Le livre de Charras fut interdit en
France par le régime impérial. Il n'en fut pas moins recherché et
apprécié. Pour beaucoup, il apportait des réponses aux questions
que posait la bataille de Waterloo.
Victor Hugo en parle de
la façon suivante dans "les Misérables" :
"Charras,
quoique sur quelques points nous ayons une autre appréciation que
lui, a seul saisi de son fier coup d'oeil les linéaments caractéristiques
de cette catastrophe du génie humain aux prises avec le hasard divin.
Tous les autres historiens ont un certain éblouissement, et dans
cet éblouissement ils tâtonnent."
Karl Marx, dans la préface
à la deuxième édition de son ouvrage "Le 18 brumaire de
Louis Bonaparte" (1869), écrit :
"Le colonel Charras
a, le premier, engagé l'offensive contre le culte de Napoléon dans
son ouvrage sur la campagne de 1815. Depuis, et notamment au cours
de ces dernières années, la littérature française, au moyen des
armes de la recherche historique, de la critique, de la satire et
de l'ironie, a donné le coup de grâce à la légende de Napoléon.
Hors de France, cette rupture violente avec les croyances populaires
traditionnelles, cette immense révolution intellectuelle, a été
peu remarquée et encore moins comprise."
Par contre, c'est bien Charras
et Edgar Quinet que vise Pontécoulant,
lorsqu'il écrit en 1865 :
"Que le duc d'Elchingen,
fils du maréchal Ney, jeune officier d'un grand avenir, trop tôt
enlevé à son pays, ait tenté autrefois cette difficile entreprise,
on peut excuser en lui les aveuglements de la piété filiale ; mais
qu'on retrouve les mêmes assertions reproduites et confirmées dans
des publications toutes récentes, par des écrivains qui ont été
chercher leurs renseignements dans les bulletins de l'étranger,
et qui semblent avoir pris à tâche, dans je ne sais quel intérêt
de coterie, de rabaisser la gloire de Napoléon, sans s'apercevoir
que le premier résultat d'une entreprise si peu patriotique, si
elle pouvait avoir quelque succès, serait d'ôter à la nation française
la seule consolation qu'elle avait trouvée dans ses malheurs, en
se persuadant que, dans le grand cataclysme de 1815, l'honneur de
l'armée, du moins, était resté intact, et que la gloire de son chef
n'avait reçu aucune atteinte, c'est ce qu'on ne saurait ni pardonner
ni comprendre."
((Souvenirs
militaires. Napoléon à Waterloo, ou précis rectifié de la campagne
de 1815, avec des documents nouveaux et des pièces inédites, par
un ancien officier de la Garde impériale, qui est resté près de
Napoléon pendant toute la campagne. Paris, Librairie militaire J.
Dumaine, libraire-éditeur de l'Empereur, 1866. )
Si le livre de Charras jouit
d'une grande faveur après la guerre de 1870, il tomba dans un oubli
presque complet lors de la fièvre de Napoléonite que connut la France
avant la guerre de 1914, mouvement qui trouva un de ses plus belles
expressions dans le "Waterloo" de Henry Houssaye.
Cet ouvrage flattait davantage l'esprit cocardier propice à la préparation
de la guerre. Il est désolant de constater que c'est ce dernier
ouvrage qui reste, encore aujourd'hui, pour beaucoup de gens, la
référence unique pour l'étude de la bataille.
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Quérard
( Joseph
Marie), La France littéraire, tome onze, 1857 : |
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Charras,
lieutenant-colonel, représentant à la Constituante
de 1848, et à l’Assemblée législative de 1849
à 1851, pour le département du Puy-de-Dôme,
réfugié en Belgique après le 2 décembre
1851. Né en 1808 à Clermont-Ferrand, du général
Charras, l’un des vétérans de la Grande Armée,
mort en décembre 1839. Z.K. (le capitaine). Sous ces initiales,
M. Charras a écrit un grand nombre d’articles sur l’histoire
et l’art militaire dans le « Bon Sens », le «
National », la Revue du Progrès, etc. |
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Revue
trimestrielle, janvier 1864, pages 300-301. |
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Histoire
de la campagne de 1815, Waterloo, par le lieutenant-colonel Charras,
4e édition, revue et augmentée de notes en réponse
aux assertions de M. Thiers, dans son récit de cette campagne.
In-8° de 690 et XVI pages, avec un atlas nouveau. Bruxelles,
Lacroix, Verboeckhoven et Cie.
Il a dû être bien embarrassé, M. Thiers, l'homme
sans principes, digne personnification du gouvernement de Juillet,
lorsque après avoir organisé le libéralisme
napoléonien comme opposition à la dynastie bourbonienne,
et commencé à écrire, pour les besoins de sa
cause, l'Histoire du Consulat et de l'Empire, il se vit tout a coup,
après 48, en face de principes réels, rigoureux, inflexibles,
en face de la question nettement posée entre la liberté
et le despotisme. S'il avait eu au moins le temps de terminer son
livre, ce livre fût resté un document, un témoin
des idées qui avaient eu cours à un certain moment
en France, qui avaient eu même, sous quelque rapport, leur
raison d'être. Mais le plus important était précisément
encore à faire, et déjà la campagne de 1815
se trouvait jugée à un point de vue plus impartial
et plus élevé, par des hommes de cœur et de science.
M. Thiers persista dans la voie où il s'était engagé.
C'était naturel. Les derniers volumes de l'Histoire du
Consulat et de l'Empire furent écrits dans les circonstances
les plus défavorables. Ce dut être un accouchement
bien laborieux! Le monde officiel cependant était tout acquis
à une œuvre qui contenait son apologie anticipée,
et M. Thiers reçut les plus hautes récompenses académiques.
On voulait faire illusion à l'univers : on ne fit pas même
illusion à l'auteur, qui, poussé, ce semble, par un
reste de pudeur, ne tarda pas à faire une sorte d'amende
honorable en se laissant élire comme député
de l'opposition. Ce sera, a coup sûr, l'un des épisodes
les plus curieux de l'histoire du second empire.
Mais le livre de M. Thiers n'en subsiste pas moins, et cela à
côté du livre de M Charras, qui le réfutait
d'avance. Une nouvelle édition du savant et consciencieux
travail de M. Charras devenait indispensable, ne fût-ce que
pour mettre les gens sensés en garde contre les habiles sophismes
auxquels la légende napoléonienne avait de nouveau
eu recours. Les Mémoires de Sainte-Hélène sont
encore, pour certaines gens, un livre sacré dont l'infaillibilité
ne saurait être révoquée en doute ; ce n'est
qu'avec les lumières de la science que l'on peut lutter contre
ce fanatisme et cette superstition à jamais déplorables
; ce n'est que par un appel réitéré à
la conscience que l'on fera prévaloir la justice et la vérité.
« Quelques personnes, dit M. Charras, m'ont reproché
d'avoir discuté, blâmé Napoléon. Sa gloire,
assurent-elles, appartenant à la France, on ne doit la diminuer
par aucune critique.
Ce sophisme, je le connais de longue date. Inventé dans un
intérêt de parti, accepté comme un article de
foi par la prévention et l'ignorance, il ne m'a pas arrêté
naguère; il ne m'émeut pas aujourd'hui. Il est la
négation de l'histoire. Généralisé,
appliqué aux souverains qui ont régné sur la
France, aux capitaines qui en ont commandé les armées,
il ferait de nos annales un recueil de mensongères et inutiles
légendes. Les droits et les devoirs de l'historien sont fixés
depuis des siècles par la conscience universelle. Le fétichisme
napoléonien ne les effacera pas. »
M. Charras a revu son livre, mais il n'avait à y faire aucun
changement, aucune rectification notable. Lorsqu'il corrige, dans
le récit des faits, quelque erreur de détail, il a
soin d'en prévenir franchement le lecteur. Parfois il y introduit
un document ignoré ou il développe une citation pour
renforcer des passages qui avaient paru faibles ou qu'on avait feint
de trouver insuffisants. Enfin il a placé à la suite
de son travail tout un arsenal de raisons et de preuves contre les
assertions de M. Thiers : cette dernière partie contient
200 pages ; l'ouvrage entier en a 700.
Ce qu'il y a de remarquable dans cette 4e édition, c'est
que l'histoire non seulement reste entière en son ensemble,
mais se montre plus conforme encore aux premières vues de
l'auteur. La légende, loin de gagner, a considérablement
perdu dans le conflit engagé avec l'apologiste du premier
empire. Ainsi le meurtre du général Duhesme a Genappe,
reproché si amèrement aux Prussiens par Napoléon,
se trouve controuvé de la façon la moins contestable
(V. p. 317). Ainsi encore la faiblesse physique et l'état
maladif de l'empereur, que nient les écrivains partisans
d'une fatalité mystérieuse, sont expliqués
fort complètement (p. 512 à 514). On pourrait dire
qu'il ne reste vraiment plus rien des versions trop longtemps accréditées
sur le grand événement du 18 juin 1815.
M. Charras a droit à la plus profonde reconnaissance de tous
les amis de l'humanité.
E.
V. B.*
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*Eugène
Van Bemmel. |
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Voir aussi
: Waterloo
en 1871 : comparaison entre Thiers et Charras |
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