|
Les
habitants du Cantal sont actifs, laborieux, économes ; mais, depuis
très longtemps, l'infertilité de leur sol, l'excès des contributions,
les ont forcés d'aller exercer leur industrie hors de chez eux ;
ils se répandent dans toute la France, en Espagne, dans la Belgique,
dans la Hollande, dans la Suisse ; partout ils sont connus sous
le nom d'Auvergnats. Ils exercent les métiers les plus pénibles
et font toute sorte de petit négoce. Ils peuplent, à Paris, le faubourg
St-Antoine ; les ports de Bordeaux, de Marseille ; colporteurs,
chaudronniers, dans les départements de l'Ouest ; en Espagne, ils
ont formé entr'eux plusieurs sociétés de commerce. Une clause bien
remarquable de ces conventions, c'est que les membres qui s'établissent
à demeure dans le pays étranger, sont exclus aussitôt de la société.
L'habitant du Cantal, toujours attaché au sol ingrat qui l'a vu
naître, y revient comme l'abeille dans sa ruche, dès qu'il a fait
sa petite moisson : ses absences sont plus ou moins longues, six
mois, un an, deux, trois, même quatre années, suivant l'éloignement
des lieux où ils vont travailler.
Leurs
mœurs doivent y avoir perdu. On gagne peu à tant courir le monde
; mais il faut en attribuer la faute à l'ancien gouvernement, qui,
au lieu de fouler et de faire déserter ce pays misérable, aurait
dû y fixer les habitants en leur procurant du travail. (Journal
de Paris, 5 ventôse an 9 - 24 février 1801.)
|
|
|
|