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La nouvelle s'est répandue comme une traînée
de poudre, et a été reprise sans examen par plusieurs
grands médias de Belgique, de France, et du monde.
Pourtant, un peu de recherche préalable sur Internet, par
exemple en utilisant Google Books, aurait permis à l'auteur
de ce buzz et aux rédactions qui lui ont emboîté
le pas d'éviter de propager ... une absurdité.
Car
l'article 193 de la Constitution ne parle que des couleurs nationales,
sans détailler les différentes applications qui peuvent
en être faites sous forme de cocarde, de ruban, d'insigne,
de ficelle ou de drapeau...
Ces journalistes auraient pu chercher et trouver des ouvrages qui
expliquent ou qui précisent la constitution. Par exemple,
la Pasinomie, ou collection complète des lois, décrets,
arrêtés et règlements généraux
qui peuvent être invoqués en Belgique, par I.
Plaisant, premier avocat-général à la Cour
de Cassation (Bruxelles, 1833), ou le Code constitutionnel de
la Belgique de J.-B. Bivort, dont la première section
s'intitule : la Constitution Belge expliquée et
interprétée par les discussions du pouvoir législatif,
les arrêts des cours supérieures de Belgique, et les
opinions des jurisconsultes: précédée de notions
sur les lois et suivie du règlement des Chambres (Bruxelles,
1844).
Voici
un extrait de cet ouvrage (pages 119 et 120), qui précise
la disposition des couleurs (puisque la chose devait être
précisée) :
Il ressort
de ceci que si les couleurs nationales ont été officiellement
adoptées le 23 janvier 1831 (sans que rien ne précise
dans le texte de quelle façon elles devaient être placées
sur les drapeaux), la disposition des couleurs a été
discutée le 4 février suivant et que c'est sur proposition
de M. Vilain XIII, dans la séance du 7 février, que
la disposition des couleurs, telle que nous la connaissons, a été
adoptée. Il est possible, mais ceci demande d'approfondir
la recherche, que cette disposition a été préférée
pour se rapprocher du pavillon de la France, à l'époque
la nation la plus favorable au nouvel Etat belge.
Enfin, c'est le 15 septembre qu'une instruction du ministre du département
de la marine fit connaître de façon officielle la disposition
des couleurs telle qu'elle devait être arborée sur
les navires belges, qui allaient les faire connaître sur toutes
les mers du globe (et ceci répondait à une demande
pressante de l'Angleterre qui voulait notifier de façon précise
à ses services maritimes le pavillon qui devait être
reconnu).
Mais il y avait alors plusieurs mois que les Belges, qui avaient
lu les journaux et qui connaissaient la disposition adoptée
officiellement, portaient le noir-jaune-rouge avec le noir à
la hampe, et ils continuèrent à les porter de cette
façon pendant 183 ans, jusqu'à ce qu'un journaliste,
plus soucieux de lancer un buzz que de vérifier s'il avait
saisi tous les éléments de la question, lance le trouble
dans nos chères petites têtes noires-blondes-rouges...
Absurde, n'est-il
pas ?
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