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    10 novembre 1818  

 

Journal de Lyon et du département du Rhône, vendredi 27 novembre 1818.

   
 

Dépêches de Sainte-Hélène.
Extrait des journaux anglais du 10 novembre, publié dans le Moniteur du 20.
Samedi dernier vers minuit, le capitaine Brine, du sloop the Mosquito, qui avait débarqué à Portsmouth à deux heures après-midi, arriva à l'amirauté avec des dépêches de Sainte-Hélène ; il avait fait le trajet en 39 jours, étant parti de cette île à la Saint-Michel. Lord Melville fut convoqué aussitôt, et l'officier eut une longue conférence avec Sa Seigneurie. Le capitaine Brine était aussi porteur de dépêches pour le comte Bathurst. Dès le matin, de bonne heure, on convoqua un conseil de cabinet, qui s'assembla à onze heures chez lord Melville, et auquel assistèrent tous les ministres qui se trouvaient en cette ville, et, en outre, M. Croker, secrétaire de l'amirauté, ainsi que l'attorney-général et le solliciteur-général. Le conseil dura près de quatre heures. Peu après l'arrivée du Mosquito à Portsmouth, le bruit se répandit qu'il avait apporté des nouvelles d'une haute importance. Des chaloupes tentèrent de l'approcher ; mais des ordres étaient donnés pour que le vaisseau ne pût communiquer pendant vingt-quatre heures avec la terre. La nouvelle que ce bâtiment était arrivé de Sainte-Hélène, et l'air de mystère que l'on crut remarquer touchant l'objet de son voyage, firent naître une infinité de bruits : Buonaparte était mort ; Buonaparte avait été délivré, et M. Hudson Lowe avait péri ; Buonaparte s'était évadé à bord d'un vaisseau américain, déguisé en cuisinier du bâtiment ; Buonaparte avait été découvert travesti, et mis dans une étroite prison. Tels furent les bruits qui circulaient à Portsmouth. Il y eut, à cette occasion, à Londres, dans les divers départements, mais particulièrement à celui du comte Bathurst et à l'amirauté, plus de mouvement qu'il n'y en a eu d'exemple depuis la fin de la guerre.
Il n'a transpiré que très peu de chose touchant le contenu des dépêches de Sainte-Hélène. Ce que l'on a appris à cet égard se réduit à ceci :
« Que sir Hudson Lowe aurait intercepté à Sainte-Hélène une correspondance qui prouverait l'existence d'intelligences entre cette île et certains personnages résidant en Europe ;
« Que cette correspondance aurait pour objet de faciliter et d'effectuer l'évasion de Buonaparte de Sainte-Hélène.
On conçoit maintenant le motif de ces éternelles jérémiades que l'on a débitées depuis un an, et qui sans doute, se rattachaient à un projet que la vigilance active, et le zèle de sir Hudbon Lowe ont fait
échouer, fort heureusement pour l'Europe et pour le monde entier. Ces jérémiades étaient une sorte d'introduction au grand œuvre. C'était par ce moyen que l'on comptait désarmer l'opinion publique dans le cas où l'on viendrait à éventer un projet quelconque d'évasion. Quoi qu'il en soit, quels qu'aient été les espérances et les projets de Buonaparte et de ses correspondants, sir Hudson Lowe les a fait échouer, et s’est ainsi acquis de nouveaux titres aux calomnies et à la haine de l'un comme des autres. Buonaparte est toujours prisonnier à Sainte-Hélène, et il y restera.

Portsmouth, samedi à sept heures du soir.
« Le Musquito, capitaine Brine, arriva aujourd'hui de Sainte-Hélène ; le capitaine partit pour Londres dans une chaise à quatre chevaux. Il avait laissé au vaisseau l'ordre de ne point communiquer avec la terre pendant vingt-quatre heures, à partir du moment de son départ, délai qui expirera demain vers trois heures. »
La nouvelle suivante a été transmise par le télégraphe de Hampshire.
Portsmouth, le jeudi 7 novembre.
Aujourd'hui, vers deux heures et demie, est arrivé en ce port, le Musquito, sloop de guerre de S.M., capitaine Georges Brine, venant en trente-neuf jours de Sainte-Hélène (d'où il était parti le 29 septembre), avec des dépêches. La chaloupe des douanes transporta à terre le capitaine avec ses dépêches, et à trois heures et demie, il partit pour l'amirauté dans une chaise à quatre chevaux. Toute communication avec le Musquito ayant été interdite pendant 24 heures, on ne put connaître la nature de ces dépêches. Depuis l‘arrivée du Musquito, il a circulé divers bruits ; mais, certains comme nous le sommes que nul ne connaît ici le contenu de ces dépêches, nous pensons qu’il serait fort indifférent à nos lecteurs de connaître les différentes opinions qui circulent ici sur leur objet. S'il eût été possible d'acquérir quelques données à cet égard, nous eussions eu, qu'ils en soient bien persuadés, le plaisir des les leur communiquer.
« Les dernières nouvelles reçues de Sainte-Hélène antérieurement à l'arrivée du Musquito, datent du 18 septembre. A cette époque, suivant une lettre particulière, les forces de l’île consistaient dans le Conqueror, de 74 , amiral Plampin , capitaine Stanfell ; et dans les Tees, Dottrek, Padowyns, Redpole, Favourite, Musquito et Raccon ; les deux derniers bâtiments devaient mettre incessamment à la voile pour Angleterre. Cette lettre dit : « On ne voit plus Buonaparte ; et les personnes de sa suite, Bertrand surtout, ont beaucoup perdu de la considération qu'ils avaient d'abord inspirée. On a commencé à construire près de Longwood, une maison pour Buonaparte. L'impatience du gouverneur, à cet égard, est telle, qu'il se rend tous les jours sur les lieux pour hâter les travaux ; et je crois qu'en moins d'une année, il n'aura point à se plaindre a de sa demeure. »
(Seconde édition du journal de Portsmouth, reçue à Londres dans le courant de la matinée.)
Arrivée du Mosquito, sloop de guerre, de Sainte-Hélène.
« Ce dimanche, à trois heures et demie de l'après-midi, il vient d'être permis de communiquer avec ce vaisseau. Buonaparte se portait bien, et était en lieu de sûreté. On dit que les dépêches que le capitaine Brine a apportées hier, sont relatives à un complot qui aurait été sur le point de s'exécuter, et qui avait pour objet de favoriser l'évasion de Buonaparte. De certaines personnes résidant en Angleterre, étaient, dit-on, à la tête du complot.
(The Courrier.)

     

 

 

   
         

 

   
 

 

     

 

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