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Dépêches de Sainte-Hélène.
Extrait des journaux anglais du 10 novembre, publié dans
le Moniteur du 20.
Samedi dernier vers minuit, le capitaine Brine, du sloop the
Mosquito, qui avait débarqué à Portsmouth
à deux heures après-midi, arriva à l'amirauté
avec des dépêches de Sainte-Hélène ;
il avait fait le trajet en 39 jours, étant parti de cette
île à la Saint-Michel. Lord Melville fut convoqué
aussitôt, et l'officier eut une longue conférence avec
Sa Seigneurie. Le capitaine Brine était aussi porteur de
dépêches pour le comte Bathurst. Dès le matin,
de bonne heure, on convoqua un conseil de cabinet, qui s'assembla
à onze heures chez lord Melville, et auquel assistèrent
tous les ministres qui se trouvaient en cette ville, et, en outre,
M. Croker, secrétaire de l'amirauté, ainsi que l'attorney-général
et le solliciteur-général. Le conseil dura près
de quatre heures. Peu après l'arrivée du Mosquito
à Portsmouth, le bruit se répandit qu'il avait apporté
des nouvelles d'une haute importance. Des chaloupes tentèrent
de l'approcher ; mais des ordres étaient donnés
pour que le vaisseau ne pût communiquer pendant vingt-quatre
heures avec la terre. La nouvelle que ce bâtiment était
arrivé de Sainte-Hélène, et l'air de mystère
que l'on crut remarquer touchant l'objet de son voyage, firent naître
une infinité de bruits : Buonaparte était mort ;
Buonaparte avait été délivré, et M.
Hudson Lowe avait péri ; Buonaparte s'était évadé
à bord d'un vaisseau américain, déguisé
en cuisinier du bâtiment ; Buonaparte avait été
découvert travesti, et mis dans une étroite prison.
Tels furent les bruits qui circulaient à Portsmouth. Il y
eut, à cette occasion, à Londres, dans les divers
départements, mais particulièrement à celui
du comte Bathurst et à l'amirauté, plus de mouvement
qu'il n'y en a eu d'exemple depuis la fin de la guerre.
Il n'a transpiré que très peu de chose touchant le
contenu des dépêches de Sainte-Hélène.
Ce que l'on a appris à cet égard se réduit
à ceci :
« Que sir Hudson Lowe aurait intercepté à
Sainte-Hélène une correspondance qui prouverait l'existence
d'intelligences entre cette île et certains personnages résidant
en Europe ;
« Que cette correspondance aurait pour objet de faciliter
et d'effectuer l'évasion de Buonaparte de Sainte-Hélène.
On conçoit maintenant le motif de ces éternelles jérémiades
que l'on a débitées depuis un an, et qui sans doute,
se rattachaient à un projet que la vigilance active, et le
zèle de sir Hudbon Lowe ont fait
échouer, fort heureusement pour l'Europe et pour le monde
entier. Ces jérémiades étaient une sorte d'introduction
au grand œuvre. C'était par ce moyen que l'on comptait désarmer
l'opinion publique dans le cas où l'on viendrait à
éventer un projet quelconque d'évasion. Quoi qu'il
en soit, quels qu'aient été les espérances
et les projets de Buonaparte et de ses correspondants, sir Hudson
Lowe les a fait échouer, et s’est ainsi acquis de nouveaux
titres aux calomnies et à la haine de l'un comme des autres.
Buonaparte est toujours prisonnier à Sainte-Hélène,
et il y restera.
Portsmouth,
samedi à sept heures du soir.
« Le Musquito, capitaine Brine, arriva aujourd'hui de
Sainte-Hélène ; le capitaine partit pour Londres
dans une chaise à quatre chevaux. Il avait laissé
au vaisseau l'ordre de ne point communiquer avec la terre pendant
vingt-quatre heures, à partir du moment de son départ,
délai qui expirera demain vers trois heures. »
La nouvelle suivante a été transmise par le télégraphe
de Hampshire.
Portsmouth, le jeudi 7 novembre.
Aujourd'hui, vers deux heures et demie, est arrivé en ce
port, le Musquito, sloop de guerre de S.M., capitaine Georges Brine,
venant en trente-neuf jours de Sainte-Hélène (d'où
il était parti le 29 septembre), avec des dépêches.
La chaloupe des douanes transporta à terre le capitaine avec
ses dépêches, et à trois heures et demie, il
partit pour l'amirauté dans une chaise à quatre chevaux.
Toute communication avec le Musquito ayant été interdite
pendant 24 heures, on ne put connaître la nature de ces dépêches.
Depuis l‘arrivée du Musquito, il a circulé divers
bruits ; mais, certains comme nous le sommes que nul ne connaît
ici le contenu de ces dépêches, nous pensons qu’il
serait fort indifférent à nos lecteurs de connaître
les différentes opinions qui circulent ici sur leur objet.
S'il eût été possible d'acquérir quelques
données à cet égard, nous eussions eu, qu'ils
en soient bien persuadés, le plaisir des les leur communiquer.
« Les dernières nouvelles reçues de Sainte-Hélène
antérieurement à l'arrivée du Musquito, datent
du 18 septembre. A cette époque, suivant une lettre particulière,
les forces de l’île consistaient dans le Conqueror, de 74
, amiral Plampin , capitaine Stanfell ; et dans les Tees, Dottrek,
Padowyns, Redpole, Favourite, Musquito et Raccon ; les deux
derniers bâtiments devaient mettre incessamment à la
voile pour Angleterre. Cette lettre dit : « On ne voit
plus Buonaparte ; et les personnes de sa suite, Bertrand surtout,
ont beaucoup perdu de la considération qu'ils avaient d'abord
inspirée. On a commencé à construire près
de Longwood, une maison pour Buonaparte. L'impatience du gouverneur,
à cet égard, est telle, qu'il se rend tous les jours
sur les lieux pour hâter les travaux ; et je crois qu'en
moins d'une année, il n'aura point à se plaindre a
de sa demeure. »
(Seconde édition du journal de Portsmouth, reçue à
Londres dans le courant de la matinée.)
Arrivée du Mosquito, sloop de guerre, de Sainte-Hélène.
« Ce dimanche, à trois heures et demie de l'après-midi,
il vient d'être permis de communiquer avec ce vaisseau. Buonaparte
se portait bien, et était en lieu de sûreté.
On dit que les dépêches que le capitaine Brine a apportées
hier, sont relatives à un complot qui aurait été
sur le point de s'exécuter, et qui avait pour objet de favoriser
l'évasion de Buonaparte. De certaines personnes résidant
en Angleterre, étaient, dit-on, à la tête du
complot.
(The Courrier.) |
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