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14 décembre 1798 : Combat de la Bayonnaise

     

 

Lecomte J.et Girard F., Chroniques de la marine française de 1789 à 1830, Tome 2, Paris 1836.

   
 

Le plus beau fait dont s'enorgueillit l'histoire navale de cette armée si riche d'événements, un des exploits les plus glorieux que puissent offrir les fastes maritimes d'un peuple, est le combat de la corvette la Bayonnaise contre la frégate l'Ambuscade ; combat dont le dénouement fut la prise de cette dernière.
La Bayonnaise était une fine embarcation d'une élégance presque coquette : une batterie barbette de vingt pièces de 8 formait toute son artillerie. Sortie de Cayenne dans les premiers jours d'octobre, des vents constamment favorables l'avaient poussée vers la France ; le 14 décembre, elle n'était plus qu'à trente lieues dans le sud-ouest des côtes de Bretagne, lorsqu'elle fut aperçue par la frégate anglaise l'Ambuscade, qui se mit aussitôt à sa chasse ; l'Ambuscade était un fort et beau navire, armé de quarante-deux canons dont le plus grand nombre était de 24 et de 18. La corvette républicaine ne pouvait attendre un pareil ennemi sans imprudence ; son capitaine, le lieutenant de vaisseau Edmond Richer, fit aussitôt remettre le cap au large ; mais la supériorité de marche que la frégate anglaise avait sur elle ne tarda point à rendre le combat inévitable ; il s'engagea bientôt à petites portées, et se prolongea ainsi avec vivacité, sans que la disproportion des forces fit pencher la victoire pour l'un des deux bâtiments.
L'Ambuscade, voulant terminer ce combat en foudroyant son ennemi sous les volées de son écrasante artillerie, força de voile et vint prendre position à une portée de pistolet de la frégate française que, dès cet instant, le fer de chacune des bordées de l'anglais ébranla jusque dans la quille.
La Bayonnaise, quelque fut le courage de ses défenseurs, ne pouvait supporter longtemps une pareille attaque.
Il fallait se rendre. Ce malheur semblait la seule péripétie possible d'un tel engagement. La valeur et l'enthousiasme de nos matelots républicains en trouvèrent une autre. A l'abordage ! à l'abordage !s'écria-t-on de tous côtés. Richer, qu'étonne d'abord cette pensée d'audace semble flotter indécis : à l'abordage ! à l'abordage ! reprennent les matelots ; et les soldats, d'un cri unanime, répètent à l'abordage !
— Mes amis, dit enfin cet officier, je compte assez sur votre dévouement pour me rendre à vos vœux ; soyez dignes de la République et de la France !
Mille cris d'enthousiasme accueillent ses paroles ; on court aux armes que l'on se dispute ; les demi-piques, les pistolets, les haches d'armes, les sabres passent dans toutes les mains. Richer, portant vivement la corvette sur la frégate anglaise, la heurte avec tant d'énergie que le mât de misaine de la Bayonnaise tombe sur le gaillard d'arrière de l'Ambuscade. « C'est un pont que nous donne le hasard ! s'écrie l'enseigne de vaisseau Ledanseur en s'élançant à la tête des hommes ; en vain les Anglais redoublent-ils leur feu de mousqueterie, ce pont étroit est franchi sous une grêle de balles : on s'attaque, on se prend au corps, on lutte, toutes les armes se choquent et se croisent sur l'arrière de l'ennemi où il ne reste bientôt plus d'Anglais que des cadavres ; culbutés de cette position, les Anglais se reploient sur les passe-avants, dont il barricade les marges étroites ; les Français les y attaquent avec l'impétuosité d'un premier succès ; les Anglais sont arrêtés un instant devant une haie de piques et sous une lave de plomb ; mais ces retranchemens et ses armes sont emportés par un nouveau choc. Après une nouvelle mêlée, où les Anglais opposent l'acharnement du désespoir à l'intrépidité d'un dévouement enthousiaste, les Français sont maîtres de tous les points de la frégate. Les Anglais mettent bas les armes, le drapeau rouge tombe, et le pavillon va se frapper à la tête du grand mât, salué par les cris : Vive la République.
L'Ambuscade était à peine au pouvoir de nos marins, que le reste de la mâture de la Bayonnaise, criblée par les boulets ennemis, écroula avec fracas. La frégate victorieuse dut être ainsi remorquée par la prise, et entra sur la rade de Rochefort, comme l'histoire nous représente Sesostris entrant dans les murs de Memphis.

     

  Le Rédacteur, 6 nivôse an 7.    
 

Ministère de la marine.
Extrait d'une lettre officielle de Rochefort, adressée au ministre de la marine et des colonies.

La corvette la Bayonnaise, portant vingt canons de 8, commandée par le citoyen Edmond Richer, lieutenant de vaisseau de la République, revenait de Cayenne, et n'était qu'à 25 ou 30 lieues des côtes de France lorsque, le 24 frimaire dernier, elle fut attaquée par la frégate anglaise l'Embuscade, de quarante-deux pièces de canon, dont vingt-six de 16 en batterie, huit de 8 sur les gaillards, et six obusiers de 36.
Le combat durait depuis trois heures sans être décisif, mais la frégate ennemie cessant son feu pendant un instant, força de voiles pour gagner le travers de la Bayonnaise qu'elle engagea de nouveau à demi-portée de fusil. L'action devint terrible : la position de la corvette française au vent de l'ennemi, décida le lieutenant de vaisseau Richer à tenter l'abordage ; il avait déjà fait prendre les dispositions nécessaires, lorsqu'un cri général de l'équipage demanda cette manœuvre. Je compte assez sur votre bravoure et sur votre attachement à la patrie pour me rendre à vos désirs, leur dit le brave Richer : il exécute aussitôt cet audacieux projet. Dans le choc des deux bâtiments, le mât de misaine de la corvette tombe sur le gaillard de la frégate et présente une espèce de pont sur lequel nos marins se précipitent pour passer à bord de l'ennemi. Les Anglais, chassés d'abord du gaillard d'arrière, se retranchent sur le gaillard d'avant et les passe-avant, et en moins d'une demi-heure, ils en furent débusqués et forcés de se rendre.
La Bayonnaise a perdu tous ses mâts dans cet engagement ; elle était hors d'état de naviguer, mais son équipage a monté l'Embuscade, et cette frégate soumise a conduit, dans le port de Rochefort, son vainqueur à la remorque. Le commandant Richer a le bras fracassé : on craint l'amputation.

     

 

 

 

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