|
Le pain,
qui constitue l'élément essentiel de l'alimentation
du peuple, va-t-il manquer ?
La récolte de l'année 1788 a été médiocre
et a déçu les agriculteurs dans leur attente : les
gerbes n'ont pas rendu la quantité de grains ordinaire ;
et l'on a récolté moitié moins qu'en 1787.
De plus, la grêle désastreuse du 13 juillet a ravagé
une vaste étendue de terrain en Beauce et en Picardie, qui
sont les greniers ordinaires de Paris, et a contribué à
rendre l'approvisionnement de cette ville problématique.
Le Roi a pris différentes mesures pour obvier à la
menace de disette: l'exportation de grains a été interdite,
la liberté de circulation intérieure a été
maintenue, et les importations en provenance des Etats-Unis ont
été encouragées par des primes. Pour éviter
les accaparements, ces achats massifs de grains entrepris uniquement
dans la vue de profiter de la hausse des prix, et qui en provoque
encore le renchérissement, le Roi a ordonné que les
grains et farines ne pourront être vendus que sur les marchés,
et que les officiers de justice et de police, ainsi que toutes les
personnes attachées à l'administration des finances,
ne pourront s'immiscer d'aucune façon dans ce commerce. Quant
au Parlement de Paris, il a fait afficher un arrêt concernant
l'approvisionnement et la police des marchés qui précise
que les marchands apportant leur blé au marché ne
pourront vendre la première heure qu'au consommateur et à
la petite mesure, la seconde aux boulangers, et la troisième
aux marchands. On veut croire que grâce à ces mesures
il n'y aura pas de disette à redouter, mais on ne peut se
cacher que le prix du pain sera constamment cher cette année.
|
|
|
|