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L'hiver
rigoureux qui s'est abattu sur la France, comme sur toute l'Europe,
est une véritable calamité: de mémoire d'homme,
on n'en a connu de pareil. Le plus grand froid que connaissaient
las savants était celui de la nuit du 1er au 14 janvier 1709,
où le thermomètre était descendu à 15
degrés 1/4. Dans la nuit du 30 au 31 décembre 1788
cependant, le thermomètre a marqué –18° 3/4! Il
n'y a pas d'exemple d'un aussi grand froid arrivé à
Paris, et certainement, le froid de ce dernier mois aura été
le plus fort du 18e siècle. Mais si cet hiver est le plus
froid, il est également le plus long : la gelée a
commencé le 24 novembre et depuis ce jour, le froid est allé
en augmentant jusqu'au 25 décembre, qui a connu un léger
dégel. Deux jours après, le froid a repris une nouvelle
vigueur.
Il est tombé à Paris 9 pouces de neige que la terre,
gelée par les premiers jours froids, a conservés.
Quant à la Seine, elle est prise par les glaces depuis les
derniers jours de novembre. De toutes les provinces du royaume,
c'est l'Alsace qui a éprouvé le froid le plus intense.
Le 18 décembre, le thermomètre est descendu à
–24 degrés 1/4 à Neuf-Brisach, ainsi que l'a observé
le Comte de Caire, colonel du corps Royal du Génie.
Une lettre d’Avignon nous informe qu'il y gèle depuis le
17 novembre. Jusqu'au 19 décembre, le thermomètre
s'est maintenu à –3°. A partir du 19, le froid a augmenté
progressivement jusqu'au 31, où il est arrivé à
–12°. Le Rhône et la Durance sont pris par les glaces,
et on peut les traverser à pied.
Cet hiver âpre et prématuré qui, en empêchant
une foule d'ouvriers de travailler, augmente la misère des
nécessiteux, a également nui à la circulation
des subsistances, puisque les cours d'eau ne sont plus susceptibles
de navigation et que les moulins situés sur les rivières
sont hors de service.
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