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Waterloo battle 1815

 

 

 

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Duchateau

     
 

     
  Voici quelques notes sur la campagne de 1815 et la bataille de Waterloo écrites relativement peu de temps après les événements (1822). L'auteur, L.C. Duchateau, faisait partie du corps de l'état-major, mais je n'ai pu découvrir d'autres renseignements à son sujet.  

 

 

 

 

Duchateau (L.C.) Considérations sur les mouvemens stratégiques des armées françaises dans quelques unes des campagnes de Napoléon Bonaparte, et particulièrement dans ses quatre dernières ; Par L.C. Duchateau, Lieutenant-colonel d’état-major, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. A Paris, chez Anselin et Pochard,1822.

   
 

(...)
La campagne de 1815 nous présente Bonaparte au 1er juin avec 550 mille combattants pour repousser les invasions dirigées contre la France. En jetant un coup d'œil sur le Tableau n° 3, on voit qu'il est obligé d'employer à la garde des places fortes et des côtes 196 mille hommes (nommés Armée extraordinaire). Il lui en restait donc 363.000 en troupes de ligne; cependant, il ne put en déployer que 217 mille, les dépôts en contenant 146 mille. Ainsi, quoiqu'il eût une masse de plus d'un demi million d'hommes, il lui fut impossible de concentrer plus de 117 mille combattants sur la Sambre ; car les forces qu'il avait placées en Alsace et sur les débouchés de la Suisse et de l'Italie ne pouvaient être comptées que pour des divisions plus ou moins fortes, établies plutôt pour observer les armées ennemies prêtes à entrer en France, que comme moyen d'arrêter leurs opérations offensives. Nous allons examiner maintenant jusqu'à quel point l’action des places fortes peut influer sur les mouvements stratégiques. La répartition des 196 mille hommes dans les garnisons fut faite de la manière suivante : sur la première ligne de la frontière du Nord, les garnisons étaient complètes, pour la deuxième, elles n'avaient que la moitié de leur personnel, et la troisième, le quart. (Voyez le Tableau, n° 2.) Il est vrai que ces forces n'étaient composées que de gardes nationales mobilisées depuis un mois.
(...)
Bonaparte voyant que des différentes invasions qui allaient s'opérer, la plus à craindre était celle qui menaçait le Nord, se décida à attaquer la Belgique avec les 117 mille hommes qu'il avait rassemblés sur ce point. Il passa la Sambre le 15 juin. Le lendemain, il dirigea le maréchal Ney avec sa gauche composée de 45 mille hommes sur les Trois-Bras, point de concentration de l'armée anglaise ; tandis que lui-même avec le reste de ses masses, marcha sur l'armée prussienne, qui n'avait encore concentré que 80 mille hommes, et qui était en position, derrière le ruisseau de Ligny ; il la força après un combat meurtrier de se replier sur Wavre. Napoléon, après la bataille de Ligny, détacha le général Grouchy avec 32 mille hommes sur la droite de la Dyle, pendant qu'il marcha avec son centre, une partie de sa gauche et sa réserve sur la grande route de Bruxelles. Il trouva le 18, Wellington avec 80 mille hommes en position, en avant de Waterloo. La bataille commença par une attaque parallèle, jusqu'à deux heures, qu'elle devint oblique. Bonaparte fut obligé de former une potence d'une partie de sa réserve pour empêcher Bulow, qui arrivait avec plus de 25 mille hommes, de déborder sa droite. Le combat se maintint jusqu'à sept heures du soir où Blucher vint se mettre en ligne, l'armée ennemie se trouvait alors portée à plus de 130 mille hommes. Le feld-maréchal prussien continua de tourner entièrement la droite de l'armée française, et parvint à l'envelopper, ce qui détermina la perte de la bataille.

Observations sur les journées des 16 et 18 juin.
La direction des forces françaises sur la droite des cantonnements prussiens prouve que Bonaparte voulait écraser Blucher avant qu'il ait eu le temps de concentrer son armée, et que celle de Wellington pût venir le soutenir. On se demande alors pourquoi Napoléon divisa ses forces ?
20 mille hommes de sa gauche en avant de Frasnes eussent suffi ; il en aurait donc eu 25 mille de plus à sa disposition, ce qui rendait ses masses assez considérables pour lui donner la possibilité d'anéantir la droite du feld-maréchal. D'un autre côté, les généraux alliés ne commirent pas moins de fautes ; car Wellington et Blucher devaient resserrer leurs cantonnements du moment qu'ils apprirent les premiers mouvements de l'armée française, et le dernier surtout ne devait pas s'exposer à livrer bataille dans la position de Ligny, tandis qu'il eût pu manœuvrer toute la journée du 16 entre la Dyle et l'Orneau, ce qui eût facilité la concentration des deux armées.
On est encore étonné de voir Bonaparte dans la journée du lendemain former deux lignes d'opérations, en dirigeant Grouchy sur Gembloux , avec l'ordre de suivre l'armée prussienne , dans le même temps qu'il se disposait, avec à peu près 70 mille hommes, à prolonger la chaussée de Bruxelles. Ce mouvement divergent plaça presque tout de suite la Dyle entre les deux lignes.
Cette combinaison forçait nécessairement l'un des deux corps de défiler sur de petits ponts dans le cas où l'un d'eux eût voulu se rejoindre avec l'autre. Le général français voulait forcer l'Anglais à accepter une bataille ou à évacuer Bruxelles ; mais alors, il n'avait pas trop de la majeure partie de ses forces pour exécuter cette opération. On ne conçoit donc pas qu'il ait détaché 35 mille hommes chargés de poursuivre Blucher, il suffisait de l'observer, et pour cet effet, 10 mille seulement eussent été nécessaires. Ainsi, Bonaparte se serait réservé une masse de 100 mille combattants qu'il eût pu déployer devant Wellington ; car on ne peut douter que les opérations de Ney et de Grouchy ne fussent entreprises d'après l'ordre formel de Bonaparte.
Enfin, comment peut on se persuader que le même général français, qui avait profité si habilement en tant d'occasions, des fautes qu'avaient faites ses adversaires en divisant leurs forces devant lui, commit à son tour celle de manoeuvrer sur deux lignes d'opérations excentriques (relativement à la concentration des masses alliées). On peut donc affirmer, que ce fut en grande partie à l'abandon de l'un des premiers principes de l'art de la guerre qu'on doit attribuer le commencement de tous les malheurs qui accablèrent Napoléon durant cette courte campagne.

     
         

 

 

 

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