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Tricot

     
 

     
    Sous l’Ancien Régime, la Révolution et l’Empire, les culottes et vestes des soldats sont habituellement faites de "tricot".
Comme le mot tricot a une double étymologie, il a également deux sens différents qui peuvent porter à confusion.
Dans le langage courant, un ouvrage de tricot est un ouvrage fait en laine ou en fil au moyen de longues aiguilles.
Tricoter veut dire « battre », et le mot a probablement la même étymologie que « trique ». D’après le Dictionnaire de Charles Nodier, un tricot est "un bâton gros et court dont on se sert pour battre quelqu'un".
Le mot tricot signifie aussi : " toutes les espèces de marchandises qui se fabriquent ou se brochent avec des aiguilles, comme bas, bonnets, camisoles, gants, chaussons, etc. "
Le tricot dont on fait les vestes et culottes des hommes de troupe n’a rien à voir avec le tricot fait au moyen d’aiguilles, et l’étymologie en est d’ailleurs tout à fait différente.
Il s’agit d’une étoffe de « serge drapée » fait au métier (voir serge), et dont le nom provient d’un bourg de Picardie (aujourd'hui département de l’Oise) , le village de Tricot qui était le centre de production de ce type d’étoffe, ainsi que nous l’apprend l’Encyclopédie méthodique (Commerce, vol 2, 1783, p. 214.) :
 
 
 
Tricot : Ce bourg est situé à dix lieues d’Amiens. Les étoffes qui s’y font et dans dix ou douze villages voisins sont toutes serges fortes et serges tirées à poil, qu’on nomme serges drapées, de deux tiers de large. Elles sont propres pour les habillements des troupes, particulièrement pour faire des culottes et des vestes aux soldats. Le menu peuple du pays a aussi coutume de s’en habiller.
Le produit de ces fabriques est considérable, et il s’en fait par an plus de sept mille pièces qui, a raison de cinquante-cinq livres la pièce, montent à près de quatre cent mille livres. On y emploie des laines du pays, de Brie, et quelques autres provinces de France.
La chaîne est de pignon ou de laine basse, et la trame de mère laine. Cette étoffe n’est presque d’usage que dans le royaume.
Les villages de la dépendance de Tricot où l’on fait de ces sortes d’étoffes sont : Courcelles, Méru, Veaux, Fretoy, Tronquoy, Rollot, Assimilliers, Orviler, Cocutel, Halluin, Riermont et Pleuron. Il y a dispersés dans tous ces lieux plus de cent quarante maîtres et près de deux cents métiers ; la plupart des étoffes qu’on y fabrique servent à habiller les troupes.
C’est à Tricot qu’est établi le bureau pour la visite et la marque.

     
 
L'étoffe dite tricot n'était pas fabriquée exclusivement à Tricot, d'autres manufactures comme celle de Lodève en produisaient également.
Le tricot est une étoffe de laine, assez rêche au toucher et plutôt épaisse. Le terme "drapé" signifie que le duvet de la laine forme à la surface une couche homogène et assez épaisse pour cacher le dessin du tissage.
     
         

 

Dictionnaire de l'Académie  Française, 5e édition, Paris 1798.

   
 

Tricot, subst. masc. Sorte de tissu fait en mailles, soit au métier, souit à la main, avec de longues aiguilles émoussées.
Tricotage, s. masc. Il se dit du travail d'une personne qui tricote, et de l'ouvrage qu'elle fait. Apprendre le tricotage. Se mettre au tricotage. Ce tricotage est lâche et mal fait.
Tricoter, v. n. Former avec un fil des mailles à l'aide de certaines aiguilles longues et émoussées, pour faire des bas, des camisoles et autres ouvrages. Tricoter des bas. Il a appris à tricoter. Elle tricote bien. Il se dit aussi des dentelles de fil ou de soie, qui se font sur un oreiller avec des épingles et des fuseaux. Tricoter de la dentelle.
Tricoté, ée, participe. Habit tricoté. Couverture tricotée.

     

 

 

Boiste, Dictionnaire de Géographie Universelle, 1806 :

   
 

Tricot : bourg de Picardie (Oise) ; fabriques d’étoffes de son nom, ballons et raquettes ; situé dans une belle plaine, ci-devant élection et à 2 lieues S. de Mont-Didier.

     

 

Dictionnaire géographique universel, Paris 1833 :

   
 

Tricot, bourg de France, département de l’Oise, arrondissement, et à 5 l. N.E. de Clermont, cant. et à 1 l. E.N.E. de Maignelay ; dans une plaine. Fabriques de draps pour troupes, de cardes et de calicot. Commerce de bestiaux. 2 foires. 1.350 habitants.

     

 

Ch. Nodier, Dictionnaire universel de la langue française, 1835 :

   
 

Tricot, s.m. : bâton gros et court dont on se sert pour battre quelqu'un. – Ouvrages au tricot, bonneterie au tricot, toutes les espèces de marchandises qui se fabriquent ou se brochent avec des aiguilles, comme bas, bonnets, camisoles, gants, chaussons, etc.

     

 

Bouillet (Marie Nicolas) Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, Paris 1858 :

   
 

Tricot : bourg du département de l’Oise, à 10 kil. S. de Montdidier ; 1.400 habitants. Drap (dit tricot) pour les troupes.

     

 

 

De Chesnel (M.), Dictionnaire de technologie, étymologie et définition des termes employés dans les arts et métiers, Paris 1858 :

   
 

Tricot. De l’allemand strick, lacet. Sorte de tissu, comme bas, bonnets, camisoles, gants, chaussons, gilets, etc. fait en mailles soit à la main avec de longues aiguilles émoussées, soit au métier. – Sorte de drap employé par la troupe, et qui prend son nom du bourg de Tricot, dans l’Oise, où on le fabrique. – Genre d’étoffe de soie. – On appelle tricot velouté, une étoffe qui est en soie chinée. – le tricot tulle est une espèce de tricot brodé.
Tricoter. Former des mailles avec un fil de matière végétale ou animale, et à l’aide de certaines aiguilles émoussées. – Se dit aussi de dentelles de fil ou de soie qui se font sur un tambour avec des épingles ou des fuseaux.

     

 

 

 

 

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