En
1791, l’Assemblée nationale supprima le monopole du tabac, exercé
jusqu’alors par une branche de la Ferme générale. Chaque citoyen
fut libre de cultiver, de fabriquer et de vendre du tabac. Mais
cet état ne subsista que peu d’années. En 1798, une taxe spéciale
fut établie sur la fabrication.
Le
monopole de la fabrication et de la vente par l’Etat fut rétabli
par les décrets du 29 décembre 1810 et du 12 janvier 1811.
Par
décret du 29 septembre 1793 (lois sur le maximum), la Convention
nationale classa le tabac parmi les denrées de première nécessité.
L’article II stipulait que le prix maximum du tabac en carotte était
de 20 sous la livre, poids de marc, et
celui du tabac à fumer de 10 sous.
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Tabac.
De
tous les articles que la France peut tirer des États-Unis, le tabac
est le plus important pour les habitants des deux pays. S’il ne
peut pas être mis au rang de nos besoins urgents, il les suit de
si près, qu’à l’exception des cas où sa privation est l’effet du
dégoût, elle décèle ordinairement le dernier degré de la misère.
On
ne doit pas s’étonner d’un usage aussi général. L’homme avide de
sensations en a trouvé une assez vive dans le tabac ; c’est peut-être
la seule dont il puisse jouir à son gré sans altérer sa santé, sans
nuire à ses forces, sans suspendre son travail ou ses méditations.
Le tabac réveille agréablement les esprits, et les observateurs
qui ont fait attention au plaisir innocent, à l’espèce de soulagement
instantané qu’un peu de tabac procure à l’homme pauvre et courbé
sous le poids de la peine, ces observateurs ont toujours désiré
qu’une jouissance aussi simple, devînt de plus en plus moins coûteuse
et meilleure ; et ils ne peuvent réfléchir sans horreur au crime
de cette industrie fiscale qui, enhardie par le monopole pour accroître
ses profits, altère la poudre du tabac jusqu’à la rendre funeste
à la santé. (Clavière et Brissot, De la France et des États-Unis,
1787.)
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Tabac : Depuis
deux siècles et demi environ, le tabac est devenu en Europe un besoin
universel, surtout pour les gens de guerre, les ouvriers, les gens
de mer et de rivière, etc. ; aussi la culture et les manufactures
de tabac se sont-elles multipliées, et la ferme seule du tabac était
en France un objet de plusieurs millions. En 1718, le bail était
de 4 millions 20.000 livres.
(...)
Tout
le monde convient que la fumée du tabac est très désagréable, de
même que l’haleine de ceux
qui mâchent les feuilles desséchées de cette plante pour
leur plaisir ou pour leur santé. Comme il serait également impossible
et dangereux de défendre cet usage ou ce remède, c’est à l’industrie
à corriger ce que la fumée du tabac a de nuisible et de révoltant.
(...)
M.
Stisser, dans ses Actes Chimiques, remarque que l’eleuterium,
écorce des Indes, mêlé avec du tabac dans une pipe, a la propriété
d’ôter à la fumée du tabac toute sa mauvaise odeur.
Nous
n’entrons point ici dans la question de savoir si l’usage du tabac
est utile ou nuisible : cet objet a fait la matière de plusieurs
thèses soutenues en médecine, et est entièrement du ressort de cet
art.
Nous
nous contenterons de prévenir ceux qui en font des provisions, que
ce végétal dans l’état dans lequel on le livre, a déjà subi un degré
de fermentation, et est porté à la putridité. Si on le met au soleil
ou dans un lieu chaud, cette fermentation, que l’on nomme mal-à-propos
maturité, augmente, les
sels se développent, et le tabac acquiert plus de montant, ce qui
le rend peut-être plus nuisible ; si on le garde dans un lieu humide
qui ne soit pas très frais, la fermentation putride en est accélérée
au point de prendre une odeur absolument fétide.
La
meilleure manière de le conserver, est de le placer dans un endroit
sec et frais, sauf à l’humecter à mesure que l’on veut en faire
usage ; mais en quelque lieu qu’on le mette, on doit faire grande
attention qu’il contracte aisément l’odeur de ce qui l’environne.
On en a vu qui, renfermé dans une bouteille de verre bouchée avec
du liège et placée quelque temps dans une armoire où il y avait
des pommes, en a très fortement contracté l’odeur.
Peut-être
serait-ce un moyen de lui donner une odeur agréable de violettes
ou autre, et même de lui faire prendre celle de macoubac.
(Dictionnaire
de l’Industrie, Paris, An IX, Tome 6.)
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Tabatières. Depuis
l’introduction de l’origine du tabac en France, ce meuble a bien
changé de forme. Ce qui n’était anciennement qu’une boite de forme
grossière, accompagnée d’une râpe, est devenu
sous la main des artistes un bijou de la plus grande élégance
; et pour recevoir la poudre la plus dégoûtante, on a prodigué l’or,
les pierreries, les chefs-d’œuvre de peinture. Les moindres tabatières
en bois, en cailloux, en cuir et en écailles, ont quelques singularités
qui les distinguent ; on en fait aussi de carton, recouvertes d’un
vernis qui leur donne le poli de la glace.
(Dictionnaire
de l’Industrie, Paris, An IX, Tome 6.)
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