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Pontornini

 
 
 

   
 
   

 

Revue des Etudes napoléoniennes, mai 1913, page 465 :

   
 

– On vient de retrouver, dans les réserves historiques de Versailles, un très curieux portrait de Bonaparte.
C’est la plus ancienne image de lui que l’on connaisse, et c’est aussi vraisemblablement la première qui ait été faite, car elle est due à Pontornini, un des camarades du futur grand homme.
Ce portrait et quelques autres de la famille impériale, notamment ceux de Madame Mère, de l’impératrice Joséphine, d’Eugène de Beauharnais, de la reine Hortense, provenant également de Versailles, passent à la Malmaison où ils seront bien dans leur cadre. (Figaro, 4 avril 1912.)

     

 

 

Revue des Etudes napoléoniennes, 1914/juillet-décembre, page 138 :

   
 

Un faux portrait de Bonaparte.

La Revue des Etudes napoléoniennes, dans son numéro de mai 1913, annonçait (p. 465) que l’on venait de retrouver dans les réserves historiques de Versailles, le plus ancien portrait de Bonaparte dessiné par Pontornini, portrait qui serait désormais exposé à la Malmaison.
M. Paul Dupuy vient, dans la Revue de l’art ancien et moderne (1), de consacrer à ce portrait une remarquable étude. Par une analyse très serrée, très pénétrante et fort convaincante, il en démontre le caractère apocryphe.
M. Paul Dupuy examine, tout d’abord, l’origine du dessin. Il fut donné au musée des Souverains par Prosper de Baudicour en 1853, c’est-à-dire en un moment où l’on recherchait avec avidité les reliques napoléoniennes et où la tentation était grande pour les faussaires d’en créer de toutes pièces. La bonne foi de P. de Baudicour, iconographe célèbre, est hors de doute, mais, lui-même, ne pouvait fournir d’explications précises sur la façon dont ce dessin était venu en sa possession ; il semble, tout le premier, n’avoir pas eu une confiance absolue dans son authenticité et, à leur tour, les conservateurs des musées impériaux ne l’accueillirent ni sans défiance ni sans résistance.
Le dessin est accompagné d’une dédicace et d’une signature : « Mio caro amico Buonaparte. – Pontornini del 1785. – Tournone. » Or le nom de Pontornini ne se retrouve dans aucun autre document.
En 1785, Bonaparte habita dix mois à Paris, comme cadet gentilhomme de l’école militaire, puis deux mois à Valence en qualité de lieutenant en second au régiment d’artillerie de la Fère.
M . Dupuy, par une discussion très curieuse, démontre que, ni à Paris, ni à Valence, Bonaparte ne put porter la coiffure et le costume qi lui sont attribués sur le dessin de Pontornini.
Au contraire, cette coiffure et ce costume s’accordent avec la tenue de Bonaparte en 1796, comme général en chef de l’armée d’Italie. Analysant la série des profils de Bonaparte édités, à ce moment, dans toute l’Europe occidentale, M. Dupuy établit qu’ils s’apparentent entre eux comme s’ils dérivaient d’un prototype unique et que ce prototype est aussi celui du dessin Pontornini qui, en dernière analyse, ne peut être qu’un faux.
L’intérêt du travail de M. Dupuy n’est pas seulement d’écarter de l’iconographie napoléonienne un document apocryphe. Sur la foi du dessin Pontornini, des artistes ont attribué à Bonaparte, avant la révolution, une physionomie attachante, sans doute, mais de pure fantaisie. Ainsi a procédé Rochet dans son fameux Bonaparte à Brienne. En réalité, à cette époque Bonaparte n’était pas « le Corse aux cheveux plats », il portait ses cheveux roulés sur les oreilles en cadenettes et la physionomie que lui a attribué Guillaume dans le buste en marbre du musée de l’armée reste la seule qui ait quelque vraisemblance historique.
                                                                                    Léon Rosenthal.

     
  (1) Un faux portrait de Napoléon à la Malmaison, Revue de l’art ancien et moderne, 10 février et 10 mars 1914.      

 

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