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COMMENT PRONONCER LES ORDRES ?

 

La Patience 5 - Reconstitution (décembre 1994) :

   
 

Dans la majorité de groupe de reconstitution, les commandements vocaux sont prononcés de la manière dont ils sont écrits dans l’ordonnance, c’est-à-dire dans le règlement du 1er août 1791. Dans n’importe quelle armée moderne, les ordres sont, au contraire, prononcés de façon beaucoup moins académique, plus brutale, en estropiant les mots, en gueulant. La raison en est qu’un ordre prononcé de façon sèche entraîne davantage une exécution brusque et simultanée. Qu’est-ce qui peut faire penser que les ordres n’étaient pas prononcés de la même façon à la fin du 18ème siècle, ou à l’époque impériale ? Croirait-on que les militaires de l’époque attachaient moins d’importance à une exécution nette et brusquée du mouvement ordonné ?
Depuis toujours, les militaires ont l’habitude de commander un peu rudement. C’est ce que confirme l’auteur du Nouveau Cathéchisme militaire (1789), quand il écrit :
"Le commandement en général doit être brusque et précipité, pour caractériser le militaire qui le prononce et qui l’exécute." (p.24)
Mais dans ce cas, m’objecterez-vous, pourquoi le règlement n’a-t-il pas écrit les ordres comme ils se prononçaient ? La réponse est simple, d’abord parce que ce n’était pas nécessaire. Tout soldat, tout officier, fait son apprentissage. Et cet apprentissage se fait en exécutant des ordres. Avant de donner des ordres, tout sous-officier ou officier en a entendu donner des centaines de fois. Ce qui fait qu’il a pu apprendre la façon dont on les prononçait, et que quand il a dû les donner à son tour, il les a poussés comme il les a toujours entendu pousser. Et puis, il aurait été peu convenable d’écrire dans le règlement les ordres comme ils se disaient. N’est-ce pas d’ailleurs le principe de l’écriture en français, du moins tant qu’on n’appliquera pas l’orthographe phonétique ?
Mais si la réflexion peut déjà nous persuader que les ordres n’étaient pas prononcés comme ils sont écrits dans le règlement, il y a heureusement plusieurs témoignages écrits qui confirment ce que j’avance ici. On les trouve dans des documents antérieurs à la Révolution comme dans des témoignages postérieurs à l’Empire.
On notera d’abord que le règlement, titre II, Ecole du soldat, traite en quelques lignes la façon de donner les ordres :
"Le ton de commandement sera toujours animé, et d’une étendue de voix proportionnée au nombre de recrues qu’on exercera.
Il y aura deux sortes de commandements : les commandements d’avertissement, et ceux d’exécution.
Les commandements d’avertissement, qui seront distingués dans l’ordonnance par des lettres italiques, seront prononcés distinctement et dans le haut de la voix, en allongeant un peu la dernière syllabe.
Les commandements d’exécution seront distingués dans l’ordonnance par des majuscules, et seront prononcés d’un ton ferme et bref.
Les commandements dont l’énonciation sera séparée dans l’ordonnance par des tirets, seront coupés de même en les prononçant
."

L’ordonnance sur l’exercice de 1776 était plus précise sur la façon de prononcer les ordres :
"Les commandements doivent être prononcés d’une voix haute et d’un ton ferme. Chaque commandement est séparé en deux ; le premier est d’avertissement et doit être articulé avec lenteur et netteté, pour que les soldats sachent ce qu’ils vont exécuter et qu’ils s’y préparent.
Le second est d’exécution et doit être prononcé avec toute le précipitation et la brieveté possible, en affectant de pousser la voix avec effort, comme pour donner de l’impulsion à ceux qui doivent agir à l’instant où il finit.
"
Ce sont évidemment les commandements d’exécution qui nous importent ici. Comment prononcera-t-on d’un ton ferme et bref, lorsque l’on veut faire déposer les fusils, l’ordre "sur vos armes" ?
Où fera-t-on porter l’accent, sur le premier, sur le second, ou sur le troisième mot ?
Dans chaque cas, on risque de voir l’exécution de l’ordre par la troupe se dérouler à des moments différents et donc, produire un maniement d’armes peu militaire. La seule façon efficace de prononcer cet ordre est de le réduire à sa plus simple expression, c’est-à-dire, de crier “arm”. Même le plus obtus des conscrits aura compris de quoi il s’agit.

LES PREMIERS COMMANDEMENTS
Mais reprenons par le début, et prenons les premiers commandements du règlement. La première leçon de l’école du soldat est consacrée à la position du soldat sans les armes, et au mouvement de tête à droite et à gauche.
Le premier commandement est donc écrit dans le règlement :
Tête = A DROITE.

L’ordonnance du roi du 1er juin 1776 précisait, à côté des commandements tête à droite et tête à gauche : “on ne prononce point l’A dans ces commandements”.
Notons qu’il n’y a que très peu de différences au niveau de l’école du soldat entre l’ordonnance de 1776 et le règlement de 1791, et il me paraît difficile de soutenir qu’on ait pu persuader les caporaux, sergents et autres instructeurs qu’il était devenu important et plus élégant de dire distinctement A droite ou A gauche. Non, il me semble plus logique de penser que les rédacteurs du règlement de 1791 n’ont plus pensé nécessaire de préciser ce que tout le monde savait et qui allait de soi, et qui se transmettait spontanément d’instructeur en soldat.
A la création des gardes nationales, quand une nouvelle armée est sortie des pavés et a dû être encadrée par des sous-officiers qui n’avaient pas été soldats eux-mêmes, il a fallu leur apprendre rapidement le B A BA du métier. C’est ce qui permet de retrouver dans de petits manuels la façon dont se prononçaient réellement les ordres. Ainsi on lit dans le Nouveau Manuel militaire (dédié aux sans-culottes, en l’an II) :
(...) "les mouvements de tête, dont les commandements sont
Tête-droite tête - gauche
."
Pour achever de se convaincre qu’on disait tête - droite, au lieu de tête - à droite, épinglons encore cet extrait du Conscrit de 1813, ouvrage postérieur à l’époque qui nous concerne, mais écrit d’après les témoignages des survivants de l’épopée, et qui est probablement bien plus vrai, grâce au souffle artistique qui l’anime, que nombre de mémoires ou de souvenirs :
"La manière de faire tête droite et tête gauche, d’emboîter le pas, (...) c’est l’affaire d’un ou deux mois avec de la bonne volonté." (chap. X)

Les ordres suivants de l’école du soldat sont indiqués de la façon suivante dans le Nouveau Manuel militaire :
Par le flanc droit, à - droite.
Par le flanc gauche, à - gauche.
Peloton, demi-tour - droite.
Nous aurons l’occasion de voir, dans la suite de cette étude, que les ordres n’étaient pas tous donnés de la même façon dans toutes les unités, mais que les traditions de corps ont dû introduire des pratiques différentes. Ce qu’il importe de retenir, c’est la façon de pousser les ordres d’exécution. Dans ce dernier exemple, il me semble qu’on aurait dit plus simplement :
Par le flanc droit, - droite.
laissant tout-à-fait tomber l’a, comme dans les commandements pour la tête.

LE MANIEMENT D’ARMES
Pour les mouvements de maniement de l’arme, il faudrait dire, si on parlait comme l’ordonnance :
Présentez = vos armes ;
portez = vos armes ;
l’arme = au bras ;
reposez-vous = sur vos armes.

Le Nouveau Cathéchisme militaire, pour l’instruction des gardes nationales de Paris (1789), les écrit de la façon suivante :
Présentez ..... armes ;
portez .....armes ;
arme ..... bras ;
posez-vous ..... armes.

Le Nouveau Manuel militaire (1793) les écrit de la façon suivante :
Présentez - armes ;
portez - armes ;
l’arme - bras ;
reposez-vous - armes.
Quant au Conscrit de 1813, on y trouve encore les passages suivants :
"Pour nous rafraîchir encore les idées, à chaque instant on nous criait “Portez arme ! Arme bras !" (chap. XI)
(...) Mais alors le commandement de “Portez armes !” me fit songer à autre chose. (chap. XIII)
De ce qui précède, on déduira facilement la façon de prononcer les commandements :
Vos armes - à terre ;
Relevez - vos armes ;
l’arme - à volonté ;
l’arme sous le bras - gauche.

Quant aux commandements de la charge en douze temps, ils présentent quelques particularités que nous étudierons dans la prochaine livraison.

     

 

 

 

     

 

 

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