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Taschereau
de Fargues (Paul-Auguste), homme politique, naquit en 1752
dans une des provinces méridionales, dont il avait conservé
l'accent, et où il avait eu pour condisciple et pour ami
le fameux Barrère de Vieusac. Il se livra d'abord au commerce
maritime, et il était devenu un armateur opulent, lorsque
survint la révolution. Tout semblait se réunir pour
lui en faire adopter les principes ; mais les événements
de la guerre lui firent essuyer de grandes pertes, et il se hâta
d'accourir à Paris pour les réparer. Ses premiers
hommages, dès son arrivée, furent pour la société
des Jacobins, alors dans toute sa splendeur (1791). Sans éloquence,
mais doué d'assurance et de cette verbosité gasconne
qui fit le succès de tant d'orateurs de ce temps-là,
il parut souvent à la tribune et fut particulièrement
distingué par Robespierre, dont il se montra le partisan
exalté. Taschereau continua de remplir avec le plus grand
zèle ces graves fonctions jusqu'à la mort de Louis
XVI, où l'ancien ambassadeur en Espagne, Bourgoing, ayant
dû céder la place à un homme qui méritât
mieux que lui la confiance du nouveau gouvernement, il fut envoyé
à Madrid avec le même titre ; mais il n'y resta que
peu de temps. La guerre ayant bientôt éclaté,
il fut poursuivi jusque dans l'hôtel de l'ambassade par la
populace de cette capitale, et ne put se sauver qu'en sautant par
la fenêtre. Revenu à Paris, il continua de témoigner
tout son dévouement à Robespierre jusqu'au 9 thermidor,
où fut définitivement renversé Robespierre.
Arrêté ce jour-là en même temps que Maximilien
et ses complices, ce fut avec beaucoup de peine qu'il échappa
à leur sort. Il ne recouvra la liberté que quelques
mois plus tard, et, toujours fidèle à ses premiers
principes, il ne se sépara pas de la faction qu'on appelait
i-queue de Robespierre. On le trouve mêlé dans toutes
les tentatives, dans tous les complots de ce parti, d'abord à
l'attaque du camp de Grenelle, en 1796, puis à la conspiration
de Baboeuf. En 1799, il figurait encore dans la société
du Manège, et fut arrêté et renfermé
dans la prison du Temple, comme auteur d'une apologie de Robespierre,
ce qui fut bientôt reconnu pour une calomnie, attendu, disait-on,
qu'il y avait dans la composition de cet écrit, quoique fort
mauvais sous tous les rapports, i-plus d'esprit que n'en avait jamais
eu Taschereau. Ce n'était pas en effet un homme savant, ni
un profond politique, mais ce n'était pas non plus un homme
dépourvu d'intelligence, ni un homme cruel ou cupide. Les
rapports dont il fut souvent l'intermédiaire entre Robespierre
et Fouquet-Tainville ont fait penser qu'il avait été
juré du tribunal révolutionnaire; mais nous ne l'avons
trouvé sur aucune liste, et l'on sait qu'il a rendu service
à beaucoup de gens compromis. Il subit à l'âge
de soixante-cinq ans. dans un cachot pestilentiel, une longue détention,
et fut ensuite exilé pendant sept ans. Il ne recouvra la
liberté qu'en 1812, et le premier usage qu'il en fit fut
de publier, sous le titre i-d'Ode à la vérité,
une attaque très-vive contre le gouvernement impérial.
On doit penser qu'il ne dut son salut qu'à la médiocrité
de ses vers et à l'obscurité dans laquelle il était
tombé. Taschereau mourut du choléra à Paris,
le 17 avril 1832. Ses publications sont : 1° Epitre de Maximilien
Robespierre aux enfers, Paris, 1795, in - 8°; 2° le
Gouvernement napoléonien. Ode à la vérité,
Paris, 1812, in-8°; 3° De la nécessité
d'un rapprochement sincère et réciproque entre les
républicains et les royalistes, Paris, 1815, in-8°
4° Ode à la clémence politique et réciproque,
1815, in-8°. M—Dj..
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